Management

1 salarié sur 2 a été victime de discrimination au cours de sa carrière

Selon le dernier baromètre Cegos (1) des “discriminations et des politiques diversité en entreprise” en 2019, si globalement les salariés (75 %) et les DRH-RRH considèrent que le “corps social” de leur entreprise reflète bien “la diversité de la société française”, les jeunes (69 % des moins de 31 ans) sont moins nombreux que leurs aînés (83 % des plus de 50 ans) à le penser.

 

En matière de discrimination, un salarié sur deux déclare en avoir déjà été victime au cours de sa vie professionnelle. “Il s’agissait d’actes liés à l’âge (18 %), l’apparence physique (16 %, +7 pts vs 2011), l’état de santé (14 %), le sexe (13 %), les activités syndicales (10 %). Sans surprise, les scores sont plus élevés chez les femmes, victimes de discrimination liée au sexe (22 %), à l’âge (21 %) et à l’apparence physique (19 %)”, indique Cegos. En outre, 33 % des salariés déclarent pouvoir être sujets à discrimination dans le monde du travail.

“Face aux situations de discrimination, et derrière la bonne volonté affichée dans les entreprises, le niveau d’entraide entre les salariés demeure faible”, observe par ailleurs l’étude. Ainsi, 13 % des salariés (18 % des managers) indiquent avoir été témoins d’un acte de discrimination, mais s’en être détournés, “parce qu’ils se sentaient mal à l’aise” ; et 16 % avoir même participé à ces actes (chez les managers, ce chiffre grimpe à 22 %). À noter toutefois que 34 % des travailleurs (et 42 % des managers) ont déjà aidé une personne discriminée, et lui ont offert “leur soutien psychologique et affectif”.

Discrimination

 

Apparence physique, âge, activités syndicales et état de santé

“Plus spécifiquement, les salariés disent avoir été témoins, en moyenne, de 4 types de discrimination au cours de leur vie professionnelle. Les 5 formes de discrimination les plus citées par les salariés témoins sont relatives à l’apparence physique (43 %, soit +16 pts vs 2011), l’âge (36 %, +12 pts), les activités syndicales (33 %, +12 pts), l’état de santé (31 %, +15 pts) et le sexe (30 %, +9 pts)”, indique l’étude. Selon son baromètre, les collègues de travail sont identifiés comme les “principaux acteurs des discriminations” (pour 28 % des salariés et 25 % des DRH-RRH), suivis des managers directs (25 % et 22 %).

“En revanche, si les collègues de travail sont aussi considérés par les salariés comme les acteurs les plus volontaires pour lutter contre les discriminations (25 %), les membres de la fonction RH qui sont en première ligne d’après les DRH-RRH (44 %), mais pas pour les salariés (19 %)”, précise Cegos.

Du côté des DRH, l’âge (25%, -7 vs 2011), les activités syndicales (25 %) et l’état de santé (24 %, +5) sont les trois formes de discrimination les plus fréquemment rencontrées dans leur entreprise.  En revanche, ils estiment que, dans les entreprises en général, l’origine ethnique (56 %, -15 pts vs 2011), l’apparence physique (54 %, +8) et le handicap (50 %, +3) constituent les principaux cas de discrimination.

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“Faire évoluer les mentalités demande du temps”

“Le constat dressé par l’étude est clair : personne ne peut nier la persistance des situations de discrimination dans la sphère professionnelle, et les sujets qui traversent aujourd’hui la société ne s’arrêtent pas à la porte des entreprises. Les discriminations sont étroitement liées à des questions sociales et culturelles qui, par définition, évoluent au fil du temps : ce qui était jugé ‘acceptable’ hier ne l’est plus aujourd’hui”, explique Katia Maroufi, responsable Qualité et actions RSE chez Cegos.

Selon elle, “faire évoluer les mentalités demande toutefois du temps, car il s’agit souvent de déconstruire des systèmes de pensée fortement ancrés. D’où l’intérêt pour les entreprises de mettre en place des politiques incitatives qui visent à accélérer les changements attendus dans la société.”

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Le management de la diversité, “une réalité à construire”

Concernant de telles politiques de “promotion” de la diversité, 67 % des salariés et 55 % des DRH-RRH sont favorables à la politique des quotas, qui consiste à privilégier certaines catégories de salariés dans la politique RH. Côté salariés, les femmes (74 %) y sont beaucoup plus favorables que les hommes (60 %), “une telle politique apparaissant ici comme un levier pour accélérer, voire forcer le changement”, selon l’étude. “À ce sujet, 42 % des DRH-RRH disent pratiquer une telle politique des quotas mais seuls 15 % d’entre eux déclarent qu’elle est clairement affichée et assumée”, note Cegos.

Enfin, 78 % des salariés (dont 81 % des femmes et 86 % des moins de 31 ans) estiment qu’il est positif de déployer une politique diversité dans l’entreprise, 56 % des salariés pensant que cela “contribue d’abord au bien-être de tous”.
  

“Si la prise de conscience et la volonté d’agir sont aujourd’hui partagées par les salariés et les DRH-RRH, le management de la diversité est une réalité à construire. Et pour y parvenir je vois deux leviers majeurs : le digital, qui est un puissant vecteur de développement de la diversité pour les entreprises, et le management, avec l’opportunité de tendre vers un modèle plus inclusif”, conclut Annette Chazoule, responsable de l’offre Management du Groupe Cegos.

 

(1) Cegos a interrogé 1046 salariés et 181 Directeurs ou Responsables des ressources humaines (DRH – RRH).

 

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