Entreprise

100 % télétravail : “S’aérer autant que possible la tête permet de tenir le rythme”

Alors qu’une troisième vague de Covid-19 se précise, et avec elle un potentiel reconfinement, le télétravail à 100 % se profile à nouveau comme la norme. Mais travailler à distance 5 jours sur 5 peut être difficile. Nombre de salariés, cadres ou non, sont déjà épuisés. Barbara Gian, responsable marketing chez Platform.sh, et Thomas Bannelier, social media manager chez Welcome to the Jungle, pratiquent le “full remote” depuis longtemps. Voici leurs témoignages et leurs conseils pour réussir à “tenir le rythme”.

Quels sont pour vous les avantages de ce mode de travail ?

Thomas Bannelier : Je télétravaille à 100 % depuis 4 ans. À l’origine, j’ai travaillé dans plusieurs entreprises parisiennes, avant de devenir travailleur indépendant. Cela m’a permis de constater que deux organisations du travail étaient possibles. En tant qu’indépendant, j’étais totalement autonome, et je trouvais ce mode de travail très agréable. J’étais valorisé pour le service rendu et mes compétences, et pas pour ma présence au bureau. En 2017, j’ai rejoins Welcome to the Jungle, et l’entreprise m’a proposé de devenir salarié, mais avec la même autonomie. J’ai déménagé en province, à Biarritz, et je suis passé en full remote. Avec pour seule contrepartie l’obligation de venir dans les locaux parisiens une fois par mois.

Avec le télétravail à 100 %, je bénéficie d’une plus grande liberté, d’un plus grand contrôle de mes journées. J’envisage avec enthousiasme mon travail comme un challenge, une performance. Cette façon de travailler est responsabilisante et très plaisante. L’autre avantage, c’est pour moi de travailler dans un meilleur cadre de vie, grâce à une véritable mobilité géographique.

Barbara Gian : Je travaille chez Platform.sh depuis juin 2019, en full remote depuis le début. Grâce à ce système, je peux moduler ma journée comme je le veux ; tout en respectant un quota d’heures. Je peux travailler tôt le matin ou tard le soir, selon mes besoins. Je peux partir faire des courses ou du sport sans contraintes, du moment que le travail est fait. Je peux aussi me concentrer sur des tâches de fond, sans être interrompu comme cela serait le cas en open space.

 

À quels challenges avez-vous été confrontés en travaillant à distance à 100 %, en matière d’organisation ?

TB : En 2017, j’étais l’un des seuls salariés à travailler en full remote, et le premier défi fut celui de la confiance. Mes managers ne me voyaient pas, je n’étais pas toujours en contact avec eux, et ma  préoccupation était de prouver que je faisais bien mon travail. J’avais tendance à en faire trop, par peur des qu’en dira-t-on. Je travaillais beaucoup plus longtemps que mes collègues qui étaient en présentiel, à Paris. Mais avec le temps, j’ai fini par cesser de m’inquiéter sur la façon dont mon travail était perçu : je savais que le management me faisait confiance.

 

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Quels défis pose le télétravail à 100 % en matière de communication ?

TB : C’est un obstacle auquel j’ai été confronté : comment garder le contact avec mes collègues parisiens ? Et comment avoir accès aux mêmes informations qu’eux ? J’ai affronté le problème à bras le corps, en m’impliquant pour que mon entreprise développe la culture du télétravail, et qu’aucune information ne soit inaccessible à distance. Aujourd’hui, tout est en ligne.

BG : Nous nous réunissons tous ensemble une fois par an, et ponctuellement par services. Cela nous permet de rythmer l’année, de créer des liens et d’approfondir nos relations entre collègues. À distance, surtout actuellement, l’idée est de faire la même chose en virtuel.

L’obstacle de la distance est réel : par écrit, il peut y avoir des malentendus. Il faut essayer, autant que possible, de communiquer avec les autres. Chez Platform.sh, nous organisons des moments informels, des pauses virtuelles durant lequelles nous parlons de sujets qui n’ont pas de lien avec le travail. Nous avons aussi des réunions en visio, durant lesquelles nous pouvons échanger avec des personnes qui ne sont pas du même service que nous. Tout ceci nous permet de nous sentir membres d’une même équipe. Et de ne pas nous sentir seuls.

 

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Comment faites-vous au quotidien pour éviter de trop travailler, ou a contrario, de procrastiner ?

TB : Hors confinements, je travaille depuis 4 ans en coworking. Cela m’aide à structurer mes journées, et à avoir un bon équilibre vie pro – vie perso. Je ne travaille pas à l’endroit où j’habite, avec des horaires assez similaires à ceux du bureau. Le fait de travailler à l’extérieur m’aide à déconnecter : je n’ouvre plus mon ordinateur à partir du moment où je quitte l’espace de coworking. Socialement, je travaille avec d’autres personnes ; qui ne sont pas mes collègues, mais que je prend plaisir à côtoyer.

BG : Il faut faire attention à structurer sa journée de télétravail, avec une heure de début et une heure de fin. J’ai à cœur de m’accorder des pauses régulières. Pendant le premier confinement, je me suis parfois retrouvée à travailler sans interruption jusqu’à 16 heures, épuisée, avec une grande difficulté pour m’y remettre entre 16 heures et 19 heures. Se réveiller le matin et avoir un temps pour soi avant de commencer à travailler est essentiel, tout comme faire une pause déjeuner dans un cadre différent, ou une “pause goûter” / sortie à l’extérieur. S’aérer autant que possible la tête permet de garder un bon rythme, jusqu’à la fin de la journée, sans s’épuiser.

 

Aux salariés qui travaillent en full remote en cette période de crise, et qui voudraient continuer ensuite, quels seraient vos conseils ?

TB :  Même lorsque vous êtes en full remote parce que vous l’avez choisi, il faut faire très attention à ne pas vous isoler, et à bien communiquer. Pour cela, il faut être proactif, chercher les informations et rester au maximum en contact avec ses collègues. Il ne faut pas non plus hésiter à pousser votre entreprise a changer de culture.

BG : Face aux risques de malentendus, faites attention à être très clair quand vous communiquez par écrit. La ponctuation et les émojis sont importants. Afin d’éviter que l’on interprète mal vos actions, n’hésitez pas à sur-communiquer sur ce que vous faites. Enfin, il est très important de faire des pauses. De vrais moments où vous ne serez pas devant votre écran. Si vous ne prenez pas garde à vous déconnecter régulièrement, vous risquez de tomber dans un tourbillon et de vous épuiser.

 

 

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