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25 % des collaborateurs déplorent le manque de proximité de leurs DRH

Tiraillés entre des salariés défiants et une paperasse chronophage, les DRH n’ont pas le temps de se consacrer à leur cœur de métier : l’humain. L’Observatoire Cegos fait l’état des lieux d’une profession dont le périmètre s’élargit et se complexifie suite à des réformes successives.

 
Comment les DRH perçoivent-ils l’évolution de leur métier ? Comment les salariés les considèrent-ils ? La 3e édition du baromètre « Radioscopie des DRH » de l’Observatoire Cegos fait le point sur un métier en pleine mutation. Alors que les entreprises se réorganisent et que les métiers se transforment face au digital, les RH voient en effet leur fonction chamboulée, et même « mise à mal ».

 

Des DRH qui croulent sous l’administratif

Pour les DRH, le contraste entre l’image qu’ils se faisaient de leur poste à leurs débuts et la réalité est grande. Ainsi, 61 % d’entre eux indiquent s’être tourné vers ce métier pour « participer au développement des compétences » des salariés et 34 % pour « accompagner humainement les projets de changement ».

« Les DRH vouent un fort intérêt pour leur rôle de conseil, mais leur quotidien reste fortement marqué par la gestion administrative », indique Cegos. Ainsi, leur rôle administratif demeure prédominant, représentant 25 % de leur temps de travail (+ 13 points par rapport à 2012), contre 23 % pour leurs missions humaines auprès des salariés et des managers, et 20 % pour le partenariat stratégique et l’accompagnement du changement. Viennent ensuite la négociation avec les partenaires sociaux (16 %) et l’expertise juridique et technique (16 %).

Selon l’étude, la place grandissante de l’administratif s’explique par « le nombre de réformes qui se multiplient depuis 2016 ». In fine, 76 % des DHR interrogés passent ainsi « beaucoup de temps à mettre en place des accords faisant suite à des évolutions réglementaires »  (+ 12 points depuis 2012). « Le rythme et le nombre de réformes et d’évolutions règlementaires s’accélèrent depuis 2016 (1). Tout cela mobilise près de 9 DRH sur 10 et explique que l’administratif reste prédominant dans leur quotidien », explique Isabelle Drouet de la Thibauderie, experte RH chez Cegos.

En outre, chez les salariés, la défiance semble de mise – puisque 34% des collaborateurs interrogés reprochent aux DRH « le facteur humain insuffisamment pris en compte », et 25 % déplorent un « manque de transparence » et de proximité. « Les collaborateurs ont l’image de DRH gestionnaires alors qu’ils attendent d’abord du relationnel », analyse Cegos.

 

88% estiment tout de même que leur métier s’est « enrichi »

Conséquence de cette place grandissante de l’administratif dans leur quotidien,  64 % des responsables en ressources humaines interrogés estiment que leurs horaires de travail « explosent », et beaucoup peinent à déconnecter des situations vécues au travail le soir venu.

« Il existe aussi une certaine solitude des DRH qui ne peuvent se confier au sein de l’entreprise et expriment pour 41% d’entre eux un manque de liberté de parole auprès de leur Direction Générale. Autre point important, 1 DRH sur 2 déclare qu’il est amené à agir contre son éthique et ses valeurs. Malgré tout cela, 3 DRH sur 4 considèrent que cette complexité apporte de l’intérêt à leur métier qui s’est enrichi, est devenu plus stratégique et plus intéressant », observe toutefois Isabelle Drouet de la Thibauderie.

On notera ainsi qu’en dépit de cette complexification de leur rôle, 88 % d’entre eux estiment que leur métier s’est « enrichi « depuis 5 ans. L’experte n’y voit « pas de paradoxe », mais « davantage l’expression d’une certaine résilience. »

 

(1) Parmi les réformes dont les DRH doivent tenir compte depuis 2016 : la loi El Khomri sur la modernisation du dialogue social, la mise en place du RGPD en 2018, les règles en faveur de l’emploi des travailleurs handicapés et de l’égalité femmes-hommes, ainsi que la fusion des retraites complémentaires Agirc/Arcco et le prélèvement à la source. « Sur tous ces sujets d’actualité, les DRH-RRH considèrent que l’impact sur leur charge de travail de ces réformes ou évolutions réglementaires est plus fort que la valeur ajoutée apportée par la ligne RH », écrit l’Observatoire Cegos.

 
 

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