1° Une référence dans l’étude des inégalités de genre
En 2020, aux États-Unis, les femmes gagnaient en moyenne environ 82 cents pour chaque dollar gagné par les hommes. Ce chiffre est issu des recherches de Claudia Goldin : elle a montré que la majeure partie de cet écart pouvait être expliquée par des différences dans le choix des carrières et des secteurs, ainsi que par des interruptions de carrière liées à la maternité. « Les études de Goldin nous ont également appris que le changement prend du temps (…). Ses recherches nous apportent une meilleure compréhension des marchés du travail d’hier, d’aujourd’hui et de demain », annonce le comité Nobel. Autrice du livre Career and family (2021), elle a en effet utilisé des outils économiques pour analyser les écarts entre les hommes et les femmes, une question jusque-là considérée comme seulement sociétale ou politique.
2° Une carrière académique impressionnante
Claudia Goldin, aujourd’hui septuagénaire, a enseigné à Harvard pendant plus de quatre décennies et a supervisé de nombreux étudiants diplômés en économie. Nommée professeure d’économie à Harvard en 1984, elle a également occupé des postes à responsabilité au sein du département, dont la direction de ce dernier pendant plusieurs années. Elle a ensuite, pendant 28 ans et jusqu’en 2017, dirigé le programme de développement de l’économie américaine du Bureau national d’études économiques (NBER).
3° Une leader dans la profession
En tant que présidente de l’Association américaine d’économie, de 2013 à 2023, elle a dirigé une organisation qui compte plus de 20 000 membres (23 000 membres à ce jour) et qui joue un rôle central dans la promotion de la recherche en économie et de l’échange d’idées.
Son mandat de dix ans, qui s’est achevé cette année, a été marqué par des discussions importantes sur les politiques économiques, notamment sur la réduction des inégalités de revenus. C’est l’économiste Susan Athey qui lui a succédé cette année.
4° La troisième femme élue prix Nobel d’économie
En tant que professeure à l’Université Harvard et experte en économie du travail et en histoire économique, Claudia Goldin a inscrit son nom dans l’histoire en devenant la troisième femme à recevoir le prestigieux prix d’économie depuis sa création. Auparavant, seules deux autres femmes, l’Américaine Elinor Ostrom en 2009 et la Franco-Américaine Esther Duflo en 2019, avaient été honorées de cette distinction. Fait marquant : Claudia Goldin est la première femme à recevoir ce prix en solo, et non en compagnie d’hommes comme les précédentes lauréates. «C’est un prix très important, pas seulement pour moi, mais pour beaucoup de personnes qui travaillent sur ce thème et qui essayent de comprendre pourquoi il reste de grandes inégalités», malgré d’ «importantes évolutions», a-t-elle réagi.
L’année précédente, le prix avait été attribué à Ben Bernanke, ancien président de la Réserve fédérale américaine. Créé par la Banque de Suède, le prix d’économie, officiellement intitulé le « Prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d’Alfred Nobel », a été instauré en 1969, bien après l’introduction des cinq prix Nobel traditionnels (médecine, physique, chimie, littérature et paix), ce qui lui a valu le surnom controversé de « faux Nobel » parmi ses détracteurs.
5° Une passionnée d’archéologie
Claudia Goldin a donc exploré les inégalités de genre au travail, ainsi que des thèmes tels que l’esclavage, la corruption et l’éducation, mais a débuté sa carrière en tant qu’archéologue passionnée ! Dans son autobiographie de 1998, elle exprime son changement de direction vers l’économie de la famille après avoir réalisé l’importance de comprendre l’impact des changements sur les femmes et les mères, une perspective souvent négligée dans ses recherches antérieures. Son parcours a été marqué par une véritable curiosité intellectuelle, depuis ses premières explorations avec les momies du Muséum d’histoire naturelle en tant qu’enfant du Bronx, jusqu’à sa découverte de la magie du microscope et finalement son choix de devenir économiste après avoir été inspirée par un cours sur l’organisation industrielle à l’université de Cornell.
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