Management

5 qualités managériales (insoupçonnées) à développer pendant l’été

Lorsque la philosophie se met au service du management, de nombreuses qualités humaines, sous-valorisées en temps normal, deviennent la solution en entreprise. Et si la joie, l'esprit de liberté ou l'amour étaient des facteurs de performance et de résolution de conflits ? Témoignage du directeur général de Soparexo, François Langlade-Demoyen, dans l'ouvrage 'Supplément philosophique à l'intention des managers' (Eyrolles).

Une discours rare. François Langlade-Demoyen, 64 ans, diplômé en finance et en philosophie, aujourd’hui directeur général de Soparexo, en est convaincu : « Il est possible de faire carrière dans des secteurs où la performance et le profit sont l’objectif premier, tout en restant soi-même, avec ses valeurs et ses convictions. » Alors, comment rendre cela possible au quotidien ? 5 qualités humaines devraient selon lui être davantage valorisées dans le management.

1. La sensibilité

Que ce soit du côté du manager ou des membres de l’équipe, la sensibilité devrait prendre plus de place au travail : « On ressent très tôt dans la vie professionnelle la nécessité de s’endurcir, d’être fort, voire de dominer pour ne pas être dominé. Les égos s’affrontent très vite et les blessures s’accumulent, contribuant à annihiler le trésor de sensibilité qu’on porte en soi quand on a vingt ans », peut-on lire. Or, si « l’hypersensibilité est une source de grande souffrance, la sensibilité est une qualité qui devrait faire partie des critères de recrutement. Elle engendre une réceptivité très forte à n’importe quel champ des cinq sens, par la capacité à ressentir tout ce qui se passe autour de soi », développe le dirigeant.

Concrètement, elle permet de meilleures décisions. « Décider et agir implique de ressentir et pour cela d’avoir de la proximité avec les autres. Les êtres sensibles ont une meilleure appréhension de la complexité du réel, ils sont moins réductionnistes, plus ouverts sur la réalité telle qu’elle est ». En rappelant une citation d’Aristote : « Celui ou celle qui ne ressent pas d’émotion est incapable de prendre une décision juste. »

2. La créativité

D’après lui, la créativité est également un levier important de performance en entreprise : « Il faut toujours garder son âme d’enfant », y compris au travail. « Si l’on perd sa capacité d’étonnement, d’émerveillement, l’esprit se dessèche et les idées deviennent circulaires. » Certes, la sphère professionnelle est « un grand jeu de rôle où l’on s’efforce d’être sérieux. » Mais, « l’aspect ludique est important au sein de l’entreprise, et essentiel à la réussite de chacun. Loin de moi l’idée de dénigrer le sérieux, parfois même la gravité d’une situation ou d’une décision managériale. Mais ne pas se prendre au sérieux est souvent salutaire. »

3. La joie

Autre posture, source de productivité ? La joie. En entreprise, « ceux qui travaillent et agissent joyeusement sont un exemple extrêmement productif. La joie reflète les signes d’une réconciliation avec soi-même et avec les autres. Ces signaux sont communicatifs et leurs effets contagieux. Ils doivent venir du plus profond de soi pour être crédibles et partagés (…) L’entreprise a besoin de gens joyeux et ce sont eux qui réussissent le mieux. Ils nous entraînent dans leur chorale, ils sont solaires ». L’auteur s’explique en livrant une anecdote personnelle : « J’ai lutté une grande partie de ma vie pour que la joie profonde qui est en moi ne soit pas étouffée par les cyniques et les agresseurs de tous bords. Cela a été un combat, un vrai challenge. »

4. L’esprit de liberté

Si cela peut paraître contre-intuitif, dans des univers professionnels parfois rigides, l’esprit de liberté est également à valoriser. Il se caractérise par l’humour, selon François Langlade-Demoyen. Il permet de « désamorcer les conflits. La légèreté combat les habitudes routinières et pesantes. Très souvent, un éternuement de l’esprit ou un rire permet de se libérer du stress et atténue les tensions autour de soi (…) Les esprits grincheux et râleurs ne font pas de grands managers, ils ont les pieds cloués au sol et la tête lourde. »

« Chez l’enfant, poursuit le directeur général de Soparexo, il y a la soif d’apprendre, le rire et l’insolence. La perception des choses importantes, la promesse de futurs lointains, la fulgurance et l’énergie, le présent sans nostalgie, et avant tout, cette pulsion de vie indispensable à la chance et au succès. L’enfance est un risque pris à chaque instant, c’est l’esprit de liberté qui demeure en chacun. »

5. L’amour

Enfin, la qualité managériale la plus insoupçonnée de toutes – et peut-être la plus audacieuse au travail : l’amour. François Langlade-Demoyen souligne que « mettre de la philosophie, de la sagesse, de l’intelligence dans sa vie n’est possible que s’il y a de l’amour. Je ne parle pas de l’amour de soi qui est source de tous les conflits, mais de l’amour des autres, que l’on nomme bienveillance, empathie, générosité, charité, et altruisme au sens large. Cet amour aide au bien commun, il construit et nourrit toute association d’êtres humains. Le souci de l’autre s’incarne dans la politesse et la courtoisie. Il s’agit là de la valeur la plus importante qui soit, dans la vie de la cité, comme celle de l’entreprise. Aimer fait partie intégrante de l’esprit d’entreprise, c’est un vecteur puissant, qui rassemble et emmène vers des sommets. »

Le dirigeant termine en précisant que « nous sommes des êtres multi-dimensionnels. Réussir sa vie, c’est donc se réconcilier avec soi-même, puis avec le monde du travail, en donnant notamment du sens à ses actions. J’encourage, surtout les jeunes qui doutent, à faire changer les choses dans le secteur dans lequel ils exercent, même si cela demande du courage. Il faut se battre là où se trouve la vie économique et politique. Ils ont des qualités et une vision utiles au monde de l’entreprise. La sensibilité est aussi importante que la technicité. C’est plus une arme qu’une faiblesse. Sans cela, une entreprise finit par manquer de vision. »

*L’intégralité du témoignage de François Langlade-Demoyen est à retrouver dans le livre ‘Supplément philosophique à l’intention des managers’, publié en juin 2024 (Eyrolles), co-dirigé par Xavier Tandonnet, fondateur du cabinet de recrutement Aperlead Chasseurs d’Etoiles, et de sa collaboratrice, Albane Pinoteau, dans le chapitre « La vie reconciliée », page 63 à 81.

Ajouter un commentaire

Votre adresse IP ne sera pas collectée Vous pouvez renseigner votre prénom ou votre pseudo si vous êtes un humain. (Votre commentaire sera soumis à une modération)