Une majorité de Français jugent le télétravail décisif dans leurs choix de carrière, selon une étude. Dans le même temps, 76 % d’entre eux n’ont pas l’opportunité de travailler à distance…
Le télétravail présente de nombreux avantages : il accorde aux travailleurs davantage d’autonomie et d’épanouissement au travail, selon une étude de l’Ifop pour Malakoff Médéric, et d’après un rapport de 2014 du Center for economics and business research (CEBR), il pourrait permettre de réaliser 9,8 milliards d’euros d’économies par an.
Si en France, 65 % des salariés ont peur de l’isolement, ils sont aussi 67 % à juger le travail à distance “décisif dans leurs choix” de carrière, selon une récente enquête sur la flexibilité au travail réalisée par OnePoll pour LogMeIn, une société éditrice de solutions de collaboration en entreprise. L’étude, menée auprès de 3 000 salariés, en France, en Allemagne, au Royaume-Uni, aux États-Unis, en Inde, en Australie et en Nouvelle-Zélande, constate que tous s’entendent sur “la pérennisation de cette pratique pour amorcer au mieux les changements à venir dans le travail”. Les Français sont “les plus grands amateurs” de télétravail, aux côtés des Allemands et des Néo-Zélandais – les Britanniques, Américains, Indiens et Australiens étant chacun 55 % à travailler au sein d’un bureau physique.
Le télétravail avant le salaire
“Nous assistons à une prise de conscience générale à travers le monde, note Richard Conway, responsable des ventes EMEA chez LogMeIn, dans un communiqué. Que nous interrogions des salariés en Europe, en Amérique ou en Asie, tous partagent l’idée que le télétravail leur fait gagner en productivité et en temps. Mais ce qui ressort de cette étude est la part de bonheur personnel que peut procurer le télétravail. On assiste aussi au scénario où certains candidats à un poste optent pour celui qui inclut des options comme le télétravail sur leur contrat, plutôt qu’un meilleur salaire sans travail à distance”.
En outre, le télétravail représente un gain de productivité pour les entreprises, si l’on en croit l’étude OnePoll/LogMeIn. Ainsi, 46 % des répondants (tous pays concernés) “aimeraient moins leur emploi” s’ils ne pouvaient plus travailler de chez eux, et 65 % des Français pensent qu’offrir la possibilité de travailler à distance est important pour l’avenir commercial de leur entreprise. “Pour les entreprises qui cherchent à croître et à se projeter dans l’avenir, l’option de télétravail est inhérente à leur succès. Même si cela reste sporadique, il est important de le proposer pour la productivité et le moral des employés. Plus généralement, les employés veulent des modes de vie plus responsables, économiser de l’argent dans leurs déplacements et avoir des horaires plus flexibles qui leur permettent d’être plus productifs sans se sentir débordés et oppressés par un environnement de travail parfois étouffant”, indique Richard Conway.
76 % des salariés français toujours privés de télétravail
À noter cependant qu’en France, tous les salariés ne sont pas égaux face au travail à distance. Ainsi, selon une étude menée là encore par OnePoll, mais pour Citrix, entreprise spécialisée dans le cloud computing, en décembre 2017, la généralisation du télétravail pour les 6,7 millions de travailleurs éligibles (selon la Fondation Concorde) reste lointaine – puisque 76 % des salariés interrogés n’ont pas “l’opportunité” de travailler de chez eux… le sujet n’étant même pas abordé dans leur entreprise pour 1/3 des personnes interrogées (1 500 salariés français).
“Outre l’inégalité d’accès selon l’entreprise pour une majeure partie des salariés, au sein même de celles qui ont mis en pratique des solutions flexibles, un manque de transparence et d’accessibilité éclot selon le statut et les qualifications de chacun. Ainsi parmi les seniors/managers, 32 % ont l’opportunité de travailler à distance, contre moins de 20 % pour les non-cadres”, explique Citrix sur son site.
Des disparités qui seraient notamment dues au “manque de confiance” des employeurs vis-à-vis du travail fourni par le salarié à distance. “Une défiance hiérarchique bien connue qui va même jusqu’à déteindre sur les salariés qui parfois limitent eux-mêmes (12 %) leur temps de télétravail par crainte de la perception négative de leur hiérarchie”, analyse Citrix.