Fabienne Broucaret est journaliste, elle vient de publier aux éditions Michalon À vos baskets toutes !, un ouvrage dans lequel elle dresse un tour de France du sport au féminin. Elle y aborde également le rôle déterminant des sportives comme source d’inspiration en entreprise.
Votre ouvrage est tourné vers le sport féminin, du point de vue de la pratique. Comment en êtes-vous venue à intégrer une thématique sur l’entreprise ?
Il était évident d’aborder la question du sponsoring. Sur ce point, on se rend vite compte que la pratique à ses limites vis-à-vis des sportives, enfin tout dépend des disciplines.
Pour autant, il y a une volonté de trouver de nouvelles passerelles entre le sport et le monde de l’entreprise et les sportives le permettent. Les organisations sont très friandes de bénéficier de l’expertise de championnes. D’ailleurs certains groupes sont à la pointe comme Generali. Une passerelle naturelle est tissée de différentes manières entre les sportives qu’ils soutiennent via le sponsoring et les questions de mixité en entreprise. Pour autant, le sujet n’est pas encore développé autant qu’il pourrait l’être.
Selon vous, quel rôle les sportives peuvent-elles avoir ?
Les entreprises font souvent appel à d’anciens sportifs à l’occasion de colloques ou de séminaires. Or, parmi ces conférenciers, les femmes sont encore peu nombreuses. Pourtant, les anciennes sportives ont beaucoup à apporter, elles ont souvent mené plusieurs vies en une. Elles peuvent endosser la fonction de rôle modèle. On peut citer l’exemple de Sarah Ourahmoune qualifiée aux Jeux Olympiques, diplômée de Sciences po et entrepreneure. Elle est lauréate du programme les Sprinteuses et intègre Paris Pionnières, son parcours est impressionnant. Ce sont des rapports mutuels à enrichir.
Aujourd’hui, quand on regarde les agences spécialisées qui proposent des personnalités pour intervenir dans des conférences, il y a encore très peu de femmes. Mais on se rend compte que plus les sportives seront visibles pendant leur carrière, plus elles seront connues et plus on pensera à elle par la suite.
J’ai à l’esprit l’exemple à Muriel Hermine, une grande championne de natation synchronisée qui a fait son retour dans les bassins l’an dernier. Désormais conférencière et coach en entreprise, elle explique. “Je me sers de mon vécu, j’y puise des exemples concrets. Beaucoup d’intervenants sont des hommes. Peu d’anciennes sportives sont conférencières en entreprise. Pourquoi ? Car les décideurs sont des hommes et se reconnaissent davantage dans des sports de combat. Ils privilégient aussi parfois l’image plutôt que l’expérience. Le fait de venir de la natation synchronisée m’a fermé des portes, certains considérant qu’il s’agit plus d’une discipline artistique que d’un sport. Ils oublient totalement la performance physique et le travail d’équipe que cette activité implique surtout à haut niveau.” Je trouve que cet exemple est très parlant.
Dans quelles mesures peuvent-elles apporter aux cadres dirigeants ?
Je pense qu’elles ont beaucoup à nous apprendre en matière de gestion du temps et du stress, sur la manière de s’organiser par étapes pour atteindre un objectif, de réagir après un échec. Ces expériences et ce vécu peuvent être profitables et inspirants pour les cadres en entreprise.
Perdre, repartir et gagner des titres sont des expériences de la vie qui peuvent nous aider au quotidien et nous servir de manière concrète dans le domaine du management et des ressources humaines. Les sportives ont beaucoup de choses à transmettre.
À vos baskets toutes ! Tour de France du sport au féminin, Fabienne Broucaret, éditions Michalon, 246 pages, 18 euros, juillet 2016.