La 10e édition du baromètre Actineo sur le bien-être professionnel vient d’être présentée et confirme l’engouement pour le télétravail, le rôle du bureau dans la convivialité et la socialisation ou encore l’émergence des tiers-lieux. Il souligne également les liens forts entre aménagement des espaces, performances et qualité de vie au travail (QVT). Cette dernière se dégrade, selon l’enquête qui note une baisse de dix points par rapport à 2019, ainsi qu’une augmentation du stress, qui touche la moitié des actifs interrogés.
Depuis 18 ans, l’Ameublement français, organisation professionnelle qui rassemble 380 entreprises du secteur, publie, tous les deux ans, le baromètre Actineo sur la qualité de vie au travail (QVT). La 10e édition vient d’être dévoilée et repose sur une enquête menée au printemps 2023 par l’ObSoCo : la société d’études et de conseil en stratégie a interrogé un échantillon représentatif de 1 200 actifs (salariés et indépendants) travaillant dans des bureaux.
Si les résultats confirment l’engouement pour le télétravail, le rôle du bureau dans la convivialité et la socialisation ou encore l’émergence des tiers-lieux, il est intéressant d’entrer dans le détail de ces thématiques pour analyser l’incidence de la pandémie sur des questions telles que : « Où, à quelle fréquence et comment les actifs travaillent-ils aujourd’hui ? Dans quelles conditions, et avec quels équipements et services ? Quel est leur degré de satisfaction ? Quelles sont leurs aspirations en termes d’espace, de temps et de qualité de vie au travail ? »
L’ancrage du télétravail
Le nouveau baromètre souligne que le télétravail est définitivement entré dans les mœurs : il plaît à 88 % de ceux qui le pratiquent, c’est-à-dire près des trois quarts du panel. Alors que dans l’édition 2019, à peine un peu plus de la moitié déclarait travailler en dehors du bureau, même occasionnellement. En moyenne, l’étude constate 2 jours de télétravail par semaine, à comparer avec les 2,5 jours hebdomadaires dont près de la moitié de l’échantillon interrogé voudrait bénéficier.
Outre le domicile, devenu incontournable, les tiers-lieux progressent dans les usages en distanciel et ils s’avèrent diversifiés : tout d’abord les locaux des clients ; puis les transports en commun ; les terrasses, jardins, parcs publics et cafés-restaurants ; mais aussi les hôtels, les espaces voyageurs et de coworking. Quant aux adeptes du nomadisme, qui fréquentent jusqu’à trois lieux de travail différents en une seule semaine, ils sont encore minoritaires, soit 9 % du panel.
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Actineo rappelle que le mouvement de « déspatialisation » du travail présente certains inconvénients : près de la moitié de ceux qui travaillent plus souvent en dehors du bureau qu’au bureau signale « une plus grande difficulté à dissocier vie privée et vie professionnelle ». De plus, « les managers, peu formés à la gestion des équipes à distance, considèrent qu’il est moins facile de communiquer efficacement avec les personnes encadrées qui travaillent aussi en dehors du bureau, d’effectuer la formation des nouveaux arrivants, ou de créer un sentiment de collectif et de transmettre la culture d’entreprise. »
Pourquoi retourner au bureau ?
Principalement pour interagir avec les autres et socialiser, assure Actineo : « Pour 7 personnes interrogées sur 10, l’intérêt de venir au bureau se trouve aujourd’hui dans les rapports de convivialité. » En effet, 82 % du panel approuvent l’affirmation suivante : « Le bureau est le lieu par excellence où l’on a la possibilité d’échanger et de travailler avec d’autres personnes ». Logiquement, les espaces jugés indispensables dans l’entreprise contribuent aux interactions sociales. Dans le top 5 se succèdent, par ordre d’importance : le coin café ou thé ; un jardin ou une terrasse ; un espace convivial de détente et de partage informel ; une cuisine en libre accès ; et, enfin, une cafétéria.
A noter que le flex-office a beaucoup progressé depuis l’édition 2017 du baromètre : il concernait alors 6 % de l’échantillon. Cette année, une personne sur cinq déclare travailler sans poste attitré.
Recul de la satisfaction au travail
Selon le dernier baromètre Actineo, la part des actifs satisfaits de leur qualité de vie au travail est passée de 87 % à 77 % entre 2019 et 2023. La moitié du panel souffre de stress au travail, soit 4 points de plus qu’en 2019. Et c’est même 60 % des 35-44 ans. En outre, près de quatre personnes interrogées sur dix ont du mal à se concentrer au bureau, en particulier à cause d’un environnement trop bruyant.
« La corrélation entre qualité des espaces et QVT est forte : 89 % des gens satisfaits par leur QVT le sont aussi par leurs espaces de travail, pour seulement 48 % des insatisfaits, observe l’enquête. 81 % des personnes qui arrivent à créer du lien au travail déclarent avoir une bonne QVT, alors que ceux qui n’y arrivent pas ne sont que 45 % à se dire satisfaits par leur QVT. »
Par ailleurs, Actineo a imaginé plusieurs « futurs désirables du travail ». Le scénario donnant la priorité au bien-être au travail est le plus souhaité, avec 84 % de réponses approuvant le fait que les employeurs aménagent des espaces conviviaux, respectent des temps de déconnexion, etc. En deuxième position, avec un taux d’approbation de 70 %, figure le fait que « les entreprises équipent le domicile de leurs salariés de mobiliers ergonomiques pour leur permettre de travailler confortablement. » Benoît Heilbrunn, professeur à l’école de commerce ESCP cité par Actineo, note que « la disparition de la frontière symbolique entre le travail à la maison et au bureau a pour conséquence une demande croissante de prise en charge, par l’entreprise, des conditions de travail matérielles harmonieuses à la maison. »
L’entreprise a un rôle clé, puisqu’elle est mentionnée dans les premiers facteurs qui jouent le plus sur la satisfaction au travail et correspondent aux assertions « mon employeur se préoccupe de mon bien-être au travail » et « je me sens écouté par ma hiérarchie ». Les deux indicateurs suivants, par ordre d’importance, sont en lien avec l’influence du lieu de travail : des espaces bien adaptés aux besoins des collaborateurs et une satisfaction à l’égard des espaces disponibles au bureau. Sachant que toutes les considérations précédentes passent avant le fait que le travail ait du sens quand on est au bureau, qui arrive en 5e place du classement…