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Slasheur : #pluri-actif, #passion, #précarité

Quand un signe de ponctuation décrit tellement bien une tendance qu’il en devient un nom, c’est qu’il doit réellement se passer quelque chose. C’est ce qui est arrivé au “slash” ou “barre oblique” dans la langue de Molière.

 

Génération Y

“Que fais-tu dans la vie ?”, “Je suis attaché de presse/ vidéaste/ DJ”. Vous voici donc devant un slasheur ou un pluri-actif, une personne qui n’a pas un seul métier mais multiplie les activités. “C’est un terme que j’ai commencé à utiliser en 2013 quand j’ai réalisé une étude sur la génération Y et ses pratiques numériques”, se souvient Monique Dagnaud, sociologue, directrice de recherche au CNRS et professeur à l’EHESS (École des hautes études en sciences sociales). En effet, les plates-formes numériques ont favorisé la possibilité d’organiser soi-même son travail. Mais cela est loin d’être la seule raison derrière l’émergence des slasheurs.

 

Réalisation de soi

Elle s’explique également par la précarisation du marché du travail et la difficulté pour les jeunes d’y entrer. Puis, il y a ceux qui décident de cumuler les emplois pour pouvoir combiner métier passion et alimentaire. Le premier ne permettant pas de vivre correctement. “Une partie des slasheurs le sont par nécessité. En particulier dans l’emploi uberisé. Même si ça peut être un choix. Cela concerne plutôt des personnes peu diplômées. Ou il y a la notion de liberté pour des gens bien diplômés. Ils peuvent choisir d’être consultant, expert, et se donner la liberté de faire autre chose à côté”, résume Monique Dagnaud. Cela renvoie donc aussi à des valeurs d’hédonisme et de réalisation de soi dans la vie et au travail.

 

4 millions

Un phénomène qui devrait perdurer selon la sociologue. “Déjà parce que cela met les gens au centre de leurs choix. La plupart ne sont pas dans une logique de carrière mais de choix de vie, ce qui implique un rapport au travail différent.” Et toutes les catégories d’âge sont concernées, même si les jeunes le sont plus particulièrement, notamment parce qu’ils sont dans un moment de leur vie où “ils portent moins d’obligations sur leurs épaules, notamment familiales”. Selon une enquête publiée par le Salon SME (ex-Salon des micro-entreprises), il y aurait plus de 4 millions de slasheurs en France, soit 16 % des actifs.

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