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[Spécial congrès 2023] Comment les professionnels de l’événementiel se réinventent

Cet article est issu du dossier "Dossier : Séminaires et Congrès 2023"

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La crise sanitaire oubliée, lieux événementiels et professionnels du tourisme d’affaires accélèrent leur mutation pour répondre aux nouvelles tendances du marché. Les réunions en présentiel reprennent de la vigueur et la demande pour des événements responsables est croissante.

La parenthèse du Covid est-elle refermée ? Avec la levée des restrictions de déplacements dans le monde et l’abandon de l’obligation vaccinale, 2023 devrait marquer un retour à la normale pour le tourisme d’affaires. Les plus optimistes s’attendent même à des niveaux records, portés par le report d’événements depuis trois ans et une folle envie de se réunir pour renouer des liens distendus. Même la hausse des prix – de l’aérien et de l’hôtellerie – ne semble pas être un frein. Ces vents porteurs se traduisent toutefois par des évolutions contrastées. La limitation des déplacements a contribué au développement des réunions virtuelles. Certains y ont vu le signa d’un changement durable. En quelques mois, de nombreux palais des congrès ont mis en place des studios de télévision pour organiser des présentations digitales et ont investi dans de nouvelles technologies. Dans le même temps, les organisateurs de congrès ont développé de nouvelles offres, à l’instar de Colloquium qui a créé sa plateforme de diffusion baptisée Viewr pour les événements virtuels. Finalement, la situation est plus nuancée.

Les limites des réunions virtuelles

« Certains ont cru que les réunions virtuelles allaient devenir la norme mais, clairement, il y a un retour aux événements en présentiel. Nous avons sous-estimé l’impact des interactions de visu, la nécessité du contact pour échanger des informations, créer du lien », précise Agnès Benveniste, directrice France d’American Express Meetings & Events. Même les congrès à portée internationale reviennent à une configuration en présentiel. Selon une étude de Global Recovery Insights, 85 % des participants plébiscitent le présentiel pour la qualité du networking et 78 % estiment que les événements de visu sont préférables pour les affaires. Même s’ils considèrent que le virtuel permet de réaliser des économies, d’optimiser son temps et se traduit par une qualité supérieure des contenus. 

« Le virtuel a toutefois permis de sauver les meubles et les investissements réalisés n’ont pas été inutiles ; en mettant par exemple en lumière les vertus des réunions hybrides. Elles permettent d’élargir l’audience et de faire participer des intervenants à moindre coût », poursuit Agnès Benveniste. Alors l’hybride est-il l’avenir ? « La crise sanitaire doit être vue comme un accélérateur d’innovations et un levier d’opportunités », déclare Elvire De Chalus, directrice de Colloquium, sur le site de l’office de tourisme de Paris. Reste à trouver le bon format car un événement hybride ne doit pas être pensé comme une alternative par défaut à un congrès en présentiel mais doit être réfléchi, notamment les éléments vidéo qui coûtent chers. En fin observateur du marché, Daniel Abbitan, le président de Châteauform, estimait déjà en 2021, en pleine crise sanitaire, que les événements hybrides ne représenteraient pas plus de 20 % de la demande dans les cinq ans. Le Covid a été également l’occasion de réfléchir à la transition écologique du tourisme d’affaires.

La France, via l’Union Française des métiers de l’événement (Unimev), a été en première ligne avec la mise en place de la norme ISO 20121 propre au secteur, il y a déjà une dizaine d’années. Les professionnels qui l’adoptent s’inscrivent dans une démarche continue en suivant de recommandations et des pistes d’amélioration pour mettre en place un événement responsable. Tous espèrent en tirer un avantage concurrentiel dans les prochaines années. 114 entreprises événementielles sont désormais certifiées ISO 20121 en France, dont de nombreux palais des congrès.

L’Unimev travaille maintenant à la révision de cette norme pour 2024, afin qu’elle gagne encore en légitimité et s’impose à tous les acteurs de la filière, du palais des congrès au traiteur. « La transition de notre filière vers plus de responsabilité et de soutenabilité n’est pas un effet de mode mais résulte d’une volonté politique forte de nos entreprises », souligne Pierre-Louis Roucaries, co-président de l’Unimev. De son côté, le réseau France Congrès et Evénements, qui fédère une cinquantaine de villes, a initié un nouveau référentiel national baptisé « Destination Innovante Durable » pour valoriser les villes qui structurent leur action en faveur d’un tourisme plus durable Neuf territoires pilotes (Bordeaux, Deauville, Marseille, Nancy, Rennes, Cannes, Metz, Nantes et Biarritz), déjà détenteurs de la norme ISO 20121, sont engagés dans la démarche, auxquels il faut ajouter La Baule. 25 villes pourraient être labellisées d’ici deux ans. Au-delà de ces normes et labels qui permettent de valoriser les efforts réalisés et peuvent guider les organisateurs d’événements, les acteurs de lafilière mettent également les bouchées doubles. Les agences American Express Meetings & Events et Carlson Wagonlit Travel ont développé des calculateurs d’empreinte carbone afin de fournir des données précises et favoriser les prises de décision.

« 76 % des entreprises affirment qu’elles ont défini une stratégie pour organiser des événements plus durables mais il existe un décalage entre le déclaratif et la réalité. En Europe, pourtant en pointe, 28 % des entreprises ont réellement mis en place des actions concrètes, comme la réduction du papier ou le recours à des fournisseurs plus vertueux. Pour autant, nous sommes de plus en plus interrogés sur le sujet et notre mission est de conseiller nos clients », estime Agnès Benveniste. En parallèle, en 2022, la filière événementielle a signé un « engagement pour la croissance verte » avec les pouvoirs publics.

Objectif : diminuer les déchets des événements (moquette, signalétique, plastiques…), développer le réemploi des matériaux nécessaires à uncongrès ou un salon (décors, stands…) et mettre fin au gaspillage alimentaire en favorisant le don à des associations. Après la mise en place d’un observatoire, des objectifs chiffrés seront fixés. Reste encore des efforts à faire pour les déplacements et l’hébergement, qui, rappelons-le, constituent l’essentiel des émissions de gaz à effet de serre des événements.

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