[Spécial congrès 2023 ] Côte d’azur : sea, work and sun !

Au coeur de Nice, la démolition d’Acropolis a commencé. Construit dans les années 80, le Palais des Congrès détonnait dans le paysage. À la place, la verte promenade Paillon va être prolongée. Si les professionnels ne pleurent pas son architecture en béton, beaucoup se montrent inquiets. Son remplaçant a d’abord été prévu dans l’écoquartier Grand Arenas (aux portes de l’aéroport), mais pas avant 2026/27. En mars, le maire Christian Estrosi a finalement annoncé la construction d’un centre de congrès de taille plus modeste à Port Lympia (en centre-ville), pour héberger le

Sommet des Océans de l’ONU qui se déroulera en juin 2025. Le timing est serré !Quant au site de Grand Arenas, il pourrait se contenter d’un parc des expositions. L’enjeu est majeur, alors que Nice s’est imposée comme une destination de premier choix pour les congrès, notamment médicaux et scientifiques. Et que plus largement, la Côte d’Azur constitue la seconde destination française pour le tourisme d’affaires, derrière Paris. L’an dernier, les 23 gros congrès accueillis par la ville avaient généré 123 M€ de retombées. « Avec la fermeture d’Acropolis, nous délocalisons ailleurs les grosses manifestations, jusqu’à Marseille ou dans d’autres métropoles. Pour les plus petits congrès, notamment nationaux, nous essayons de trouver des solutions dans des lieux événementiels ou des hôtels », témoigne Brigitte Laget-Bailet, directrice de Voyages Mathez. Nommé directeur de l’Office de tourisme Nice Côte d’Azur en novembre, Lauriano Azinheirinha y voit un mal pour un bien : « Cela nous oblige à être innovant et imaginatif ». Et de parier sur les grands événements, notamment sportifs comme le Tour de France qui s’achèvera à Nice en 2024 ou l’Ironman, pour remplir une hôtellerie qui se réinvente et a besoin du tourisme d’affaires pour remplir ses chambres en basse saison. Les enseignes internationales (Sheraton, Crowne Plaza, Holiday Inn ou Radisson) qui ont récemment posé leurs valises dans le quartier du Grand Arenas sont toutefois dans l’expectative face aux voltes-faces. Alors qu’en coeur de ville, les projets fleurissent, notamment sur le segment haut de gamme avec le chic Anantara ouvert depuis décembre et le futur Maison Albar en 2024. Dans les prochains mois, les enseignes Moxy, Mama Shelter et Hilton ou encore la transformation du Couvent de la Visitation en hôtel 5* sont également annoncées.

Cannes fait son cinéma

Les hésitations niçoises font le bonheur des autres métropoles régionales. Élue meilleure destination au monde pour les festivals et événements au World Travel Awards 2022, Cannes déroule également le tapis rouge aux entreprises. « Le Palais des Festivals et des Congrès génère entre 800 et 900 M€ de retombées économiques », rappelle son président Jean Michel Arnaud. Les années de crise ont obligé l’équipement à innover, avec notamment l’aménagement d’un studio de télé de 120 m2 pour organiser des réunions mêlant présentiel et virtuel. Mais aussi à aller chercher de nouveaux clients au-delà des manifestations prestigieuses et salons professionnels qui constituaient son cœur de métier. Avec cinq auditoriums (2 300 places pour le plus vaste) et 35 000 m2 d’espaces, il entend attirer davantage les congrès, notamment médicaux. Cette année, près d’un million d’euros sera engagé dans la digitalisation afin d’améliorer l’accueil et donner une image toujours plus attractive de Cannes. En parallèle, la ville peut compter sur le dynamisme de ses palaces. Après le lifting du Martinez en 2020 (2 500 m2 de salons, la seconde surface événementielle de Cannes), le Carlton vient de rouvrir ses portes, métamorphosé. Désormais opéré sous l’enseigne Regent (la plus chic du groupe IHG/Intercontinental), il a ajouté des chambres et un centre de congrès de 1 800 m2. Et à deux pas, le Grand Hôtel vient de passer sous l’enseigne de luxe Mondrian (groupe Accor) aprèsrénovation. Même si ce n’est plus la Côte d’Azur, la »rivale » Aix-Marseille trouve également sa place. »Elle a accueilli plus de 1 300 événements d’entreprises en 2022, un chiffre multiplié par trois en dix ans », se félicite Maxime Tissot, directeur général de l’Office de tourisme et des congrès. Et notamment 38 manifestations qui permettent de hisser le territoire à la 43ème place au classement mondial ICCA (International Congress and Convention Association), soit la troisième place tricolore pour l’accueil de congrès internationaux derrière Paris et Lyon. L’engagement d’Aix-Marseille Université, des organismes de santé (Inserm, Cnrs, AP-HM…) et le soutien du Bureau des Congrès Aix-Marseille Provence qui regroupe une centaine de professionnels, contribuent à cette dynamique. La région peut notamment s’appuyer sur des infrastructures adaptées (Parc Chanot, Palais du Pharo, World Trade Center de Marseille, Palais des Congrès d’Aix-en-Provence) et sur l’amélioration de son parc hôtelier, à l’instar de l’Intercontinental qui s’est installé dans l’ancien Hôtel-Dieu, des hôtels Golden Tulip, du Nhow qui a repris le mythique Palm Beach, du nouveau Crowne Plaza (au Dôme) ou de Villages Clubs de Soleil qui se démarque par son club urbain adapté au tourisme d’affaires aménagé sur l’ancienne friche de la Belle de Mai. La ville compte sur l’accueil de la Coupe du monde de rugby à l’automne et sur les épreuves de voile et de football des prochains Jeux olympiques de 2024 pour renforcer encore son aura à l’échelle internationale.

Des outsiders qui réinventent la riviera
Loin du faste de Cannes, Antibes et Mandelieula-Napoule entendent profiter de la dynamique de leur chic voisine. La première attire les événements de taille moyenne dans son futuriste palais inauguré en 2013, en face de la pinède où se déroule le festival de jazz de Juan-les-Pins. La seconde organise son offre autour du Centre Expo Congrès (1 000 pers.), qui a accueilli une cinquantaine d’événements en 2022. « Pour parler d’une même voix, les professionnels de la ville viennent de se fédérer au sein du club Mandelieu Event Experience Team, sous la houlette de l’Office de tourisme et des congrès », se réjouit Odile Delannoy, directrice du Palais des Congrès.