Quels bâtiments dans un nouvel urbanisme RSE ? Tel était le thème de la conférence du Cercle des Entreprises Engagées (CDDE) qui s’est déroulée fin novembre dernier à Paris et était animée par François-Michel Lambert, ancien député, fondateur de l’institut national de l’économie circulaire. Comme l’a souligné en préambule, Eric Zuber, directeur général du Groupe Revue fiduciaire, le mode de vie dans les villes devient en effet une problématique majeure. En l’occurrence, la question s’appliquait à Paris dont le projet de Plan local d’urbanisme (PLU) a été arrêté par le Conseil de Paris le 5 juin 2023. Emile Meunier, élu conseiller de Paris en juin 2020 sur la liste « Paris en Commun-Ecologie pour Paris », par ailleurs président de la commission Urbanisme – Logement – Grand Paris – Politique de la Ville, et l’un des artisans du futur plan, était invité à en présenter les principales motivations ainsi que les défis à relever.
Une capitale inadaptée aux fortes chaleurs
Comme l’a rappelé l’élu, notre capitale, centre économique et politique du pays depuis des siècles, présente des particularités, à commencer par le fait qu’elle n’a jamais été détruite, contrairement à d’autres capitales telles Lisbonne durement frappée par un tremblement de terre en 1755, ou encore Londres ravagée par un incendie en 1666. Paris fait ainsi figure de « musée à ciel ouvert et n’a cessé de repousser ses frontières ». Mais cette spécificité a son revers : « la ville n’a pas pu penser un urbanisme adapté aux époques », a souligné Emile Meunier avant d’annoncer que « la dernière frontière à faire tomber serait le périphérique, afin que Paris soit à la bonne échelle, c’est-à-dire celle du Grand Paris, qui correspond au bassin de vie, le Paris que nous connaissons demeurant le quartier historique ».
Notre capitale est une ville très dense, en hauteur, très minérale, avec peu d’espaces verts. « Elle n’est ainsi pas adaptée aux fortes chaleurs, a poursuivi l’élu, or la température pourrait y atteindre les 50 degrés à la fin du siècle, si bien qu’il faut absolument anticiper cette évolution annoncée. D’où les mesures de rupture prévues dans le projet du futur PLU vs le précédent plan qui date de 2006. »
Transformer le bâti
Afin que la capitale puisse se préparer à cette élévation des températures, le projet de PLU préconise tout d’abord de restreindre dorénavant la construction à Paris : on ne devra plus édifier ni au sol, ni en hauteur, ni près du périphérique. En revanche, on déverrouille les règles concernant la transformation du bâti existant.
L’axe climatique, au centre du projet de PLU, repose sur une forte volonté de développer la rénovation thermique, ainsi que la végétalisation et la débitumisation de la ville, avec entre autres pour objectif d’atteindre 10 m2 d’espaces verts par habitant.
Paris étant une ville attractive, il faut aussi réguler le marché, limiter la spéculation, afin que la capitale ne soit pas réduite à un centre d’affaires avec une surabondance de bureaux. Le PLU prévoit, pour ce faire, de mieux partager l’espace entre habitat et bureaux, en transformant notamment ces derniers, devenus obsolètes, en logements publics. Le plan vise également à réguler les locations de meublés touristiques.
Convaincues de la nécessité du nouveau PLU, les entreprises du bâtiment sont prêtes à relever ces défis, à condition qu’elles en aient les moyens. C’est le message que Catherine Guerniou, Présidente de la commission RSE de la Fédération Française du Bâtiment, a délivré à son tour. Ce qui augure de nombreuses discussions à venir.