Lutte contre le sexisme : des « avancées » en entreprise, mais « encore du chemin à parcourir »

C’est inédit en France. Ce jeudi 25 janvier, le Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCE) célèbre la première journée nationale officielle de lutte contre le sexisme. Le rapport annuel 2024 sur l’état du sexisme en France, publié quelques jours plus tôt, confirme la nécessité de poursuivre ce combat, notamment dans le monde du travail : 80 % des personnes interrogées considèrent, en effet, que c’est « la sphère la plus inégalitaire » en défaveur des femmes. Que ce soit dans les métiers exercés (sur-représentation des femmes dans le secteur du soin et sous-représentation dans les filières numériques ou dans les transports). Mais aussi dans l’évolution de leurs carrières, l’occupation de postes à responsabilités et différents niveaux de rémunération. Le revenu salarial des femmes reste, encore en 2024, inférieur de 22 % en moyenne à celui des hommes, à qualifications et compétences égales.

Identifier le sexisme ordinaire

Autre fléau qui gangrène la sphère professionnelle : le sexisme dit « ordinaire ». Le collectif #StOpE (composé de 270 entreprises, soit 5 millions de salariés au total, d’une cinquantaine d’écoles, coordonné par l’AFMD, et placé sous le Haut Patronage du Ministère de l’Egalité entre les femmes et les hommes) dénonce depuis 5 ans les propos et comportements insidieux visant à déstabiliser, disqualifier, voire humilier les femmes : « 8 femmes sur 10 est victimes de sexisme au travail », a précisé ce jeudi Céline Brucker, Directrice générale France de l’Oréal, l’une des trois entreprises à l’initiative du mouvement, Conséquences ? Perte de confiance en soi, auto-censure, santé psychique dégradée, voire démission.

Le rôle crucial du manager

Pour éviter cela, les entreprises signataires se sont engagées à respecter huit engagements. Parmi eux : informer les collaborateurs, former aux bonnes pratiques, diffuser et partager des outils pédagogiques efficaces, identifier les paroles et comportements déviants, réagir face à une situation de sexisme, y compris lorsqu’on est témoin, sanctionner, et enfin mesurer les résultats obtenus d’une année sur l’autre.

Le rôle du manager est fondamental pour les mettre en pratique : « C’est lui qui a la légitimité de donner le ton, de rappeler le cadre éthique à respecter », affirme Morgane Reckel, en charge de l’inclusion et de la diversité chez EY, deuxième entreprise à l’origine du collectif #StOpE. Selon elle, le manager doit ensuite « être attentif aux signaux faibles et d’intervenir si besoin, mais aussi d’accueillir la parole des salarié(e)s victimes de sexisme, de les orienter ensuite vers le référent anti-sexisme, les ressources humaines ou encore un psychologue du travail, mettre cette personne à l’abri le temps de l’enquête et expliquer au reste de l’équipe pourquoi une mise à pied a été décidée, poursuit-elle. Le manager n’est, bien entendu, pas tout seul. Il peut lui même demander conseil à un tiers et doit être soutenu par ses supérieurs hiérarchiques. Si nous avançons dans la bonne direction depuis plusieurs années, il y a encore du chemin à parcourir, car même les jeunes générations sont touchées par le sexisme ».

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Une détermination partagée par Aurore Bergé, Ministre déléguée auprès du Premier ministre, chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes, présente ce jeudi aux côtés des 70 nouvelles entreprises signataires : « Le premier combat que je souhaite poursuivre, c’est l’égalité professionnelle. Nous devons être un pays en phase avec son temps en déconstruisant les stéréotypes de genre. Les entreprises ont une responsabilité déterminante pour entraîner le reste de la société vers des évolutions positives. »