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Congé de naissance : la France, bonne ou mauvaise élève en Europe ?

Emmanuel Macron a annoncé ce mardi 16 janvier, le remplacement du congé parental par un "congé de naissance plus court et mieux rémunéré". La France était-elle en retard par rapport à ses voisins européens ? Tour d'horizon.

Contrer le baby-crash. Le président français a annoncé, lors de son allocution du mardi 16 janvier, la création d’un « congé de naissance plus court et mieux rémunéré », sans préciser de date et de montant. Celui-ci remplacera le congé parental actuel permettant de suspendre son activité professionnelle jusqu’au 3 ans de l’enfant, éloignant toutefois « beaucoup de femmes du marché du travail », selon le chef de l’Etat, qui veut désormais « permettre aux deux parents d’être auprès de leurs enfants pendant 6 mois s’ils le souhaitent ».

Depuis plusieurs années, les modalités du congés parental sont en effet pointées du doigt en France pour deux raisons : conditions d’accès difficiles, avec une indemnisation financière jugée trop faible, privilégiant seulement les familles aisées, et des normes sociétales encore trop fortes éloignant le père de ce congés. Conséquence : le nombre de parents (hommes et femmes confondus) le prennent de moins en moins (ils étaient 500.000 en 2013 contre 246.000 en 2020, d’après les chiffres du gouvernement français).

Les pays nordiques, pionniers en la matière

Si l’on compare la France avec le reste de ses voisins européens, il est vrai que l’Hexagone peut mieux faire en matière de congé parental. La bonne nouvelle ? La quasi totalité des pays disposent désormais de dispositifs de congés parentaux (pris dans le prolongement des congés maternité et paternité) à l’échelle européenne. La durée varie d’un pays à l’autre, mais une majorité a privilégié une durée relativement courte (moins de 15 mois), comme la Suède, le Danemark, la Norvège ou encore la Finlande, selon les données d’International Network on Leave Policies & Reasearch en 2021, relayées par la CAF.

La mauvais nouvelle, en revanche, concerne la variation importante du niveau de rémunération des parents d’un pays à l’autre. Les pays nordiques, cités précédemment, très souvent exemplaires en matière de qualité de vie et d’égalité entre les hommes et les femmes, prévoient une rémunération élevée (au moins 66 % du salaire antérieur). Si une majorité de pays européens ont emboîté le pas, ce n’était pas le cas de la France. Sa durée était l’une des plus longues (plus de 30 mois) avec l’Allemagne en tête (plus de 70 mois), avec une rémunération parmi les plus faibles d’Europe, tout comme la Belgique, l’Italie ou encore la Slovaquie avec moins de 66 % du salaire antérieur. L’indemnité maximale versée par la Caisse d’allocations familiales (CAF) est actuellement fixée à 429 euros net par mois en France. Une somme trop faible qui crée « beaucoup d’angoisse » et des « situations impossibles », a rappelé Emmanuel Macron. Ce mercredi matin, Aurore Berger, nouvelle ministre de l’Egalité entre les femmes et les hommes a indiqué que le nouveau montant irait « bien au-delà », sans préciser la somme exacte. A noter que l’Hexagone n’était pas non plus le pire des élèves européens : certains pays, comme l’Espagne, la Grèce ou l’Irlande, ne prévoient, eux, aucune rémunération pour le congé parental.

Inciter les hommes à le prendre

Le montant des indemnités a pourtant une incidence majeure sur l’égalité entre les femmes et les hommes dans le monde professionnel. Si pour l’heure, le congés parental est utilisé par seulement 14 % des femmes, contre 1 % des hommes, d’après une étude récente de l’Observatoire français des conjonctures économiques, il pourrait être massivement demandé, y compris par les pères, si le pourcentage du salaire atteignait les 80 %, comme en Suède, en Finlande ou en Norvège. Les hommes seraient alors plus enclins à mettre de côté leur carrière pour s’occuper de leurs enfants en bas âge.

En prenant cette mesure, la France s’apprête ainsi à améliorer son positionnement dans le classement des pays européens où les parents sont les plus incités à prendre du temps pour leur vie de famille.

Cette annonce vise de fait à relancer la natalité, en « débloquant les freins économiques et sociaux au désir d’enfant », d’après le président français. Une décision formulée le jour où l’Institut national de la statistique et des études économiques dévoile un bilan démographique annuel inquiétant avec un taux de natalité dégringolant de 7 % en 2023 (passant de 726.000 naissances en 2022 à 678.000 en 2023). Les femmes font moins de bébé ou en font plus tard. Et les raisons sont diverses : études supérieures des femmes plus longues que leurs aînées, débuts de carrière professionnelle précaires, difficultés économiques à la hausse, ou encore inquiétudes croissantes liées aux conséquences du réchauffement climatique.

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