Carrière

Charge mentale : comment éviter la surchauffe ?

Mal de dos, irritabilité, trous de mémoire, fatigue chronique... Autant de signes qui doivent vous alerter ! Comment éviter la surcharge mentale et retrouver de la sérénité ? Découvrez les conseils et bonnes pratiques de nos trois experts.

« Comprendre les sources de votre surcharge »

Margaux Gelin, docteur en psychologie cognitive, responsable du pôle recherche chez Moodwork, autrice du livre Charge mentale (Vuibert).

« La charge mentale correspond à notre préoccupation pour toutes les choses que l’on ne doit surtout pas oublier de faire. Il n’y a rien de négatif à cela ! Le problème ? Quand elle déborde, et que l’on passe de la charge à la surcharge mentale. Ce basculement a des impacts à trois niveaux. Sur le plan cognitif d’abord, avec une capacité de mémoire et d’attention amoindrie. Sur le plan émotionnel ensuite, avec plus d’irritabilité et moins de patience. Sur le plan physique enfin, avec des douleurs au dos, des migraines ou encore des troubles du sommeil. Autant de signes qui doivent vous alerter, pour vous ou pour vos collègues, surtout si vous observez des changements par rapport à d’habitude. Il faut avoir conscience que ce sont aussi les signes précurseurs de l’épuisement.

Apprendre à dire non

Si votre charge de travail est objectivement trop importante, discutez-en avec votre manager et déterminez les tâches qui peuvent être déléguées, ou décalées dans le temps. Vous êtes peut-être aussi perfectionniste ce qui peut vous amener à perdre du temps sur ces détails que vous seul remarquerez ! Demandez des feedbacks sur votre travail pour trouver le bon niveau d’investissement. Mais ce sont aussi parfois les autres qui alourdissent notre charge mentale par leurs sollicitations. Il est alors fondamental d’apprendre à dire non, ou du moins à poser des limites. Par exemple, si votre collègue vous demande un coup de main pour son dossier, vous pouvez lui répondre oui, mais demain, pas aujourd’hui car vous avez d’autres priorités. Ou non, mais voici un site qui te sera utile pour avancer. L’idée est donc de comprendre les sources de votre surcharge pour agir le plus en amont possible. »

« Votre cerveau a besoin d’être délesté »

Erwan Deveze, conférencier en neuroleadership et neuromanagement, fondateur de Neuroperformance Consulting, auteur des livres Le pouvoir rend-il fou ? et 24h dans votre cerveau (Larousse).

« Quand on est en surcharge, on a l’impression de ne plus maîtriser le cours des choses. On passe son temps à éteindre les feux au rythme des tâches à traiter. Résultat : on fait souvent plus d’erreurs dans son travail, on perd du temps, on subit. On sécrète beaucoup de cortisol. A l’inverse, la dopamine et la sérotonine baissent. Notre cerveau est un peu en ébullition et ne s’arrête jamais avec, souvent, des ruminations qui tournent en boucle la nuit. Comment s’en sortir ? En travaillant sa sobriété neuronale. Votre cerveau a besoin d’être délesté. Faites donc le ménage dans vos mails pour enlever des newsletters, sur votre téléphone pour ne plus être inondé de notifications, dans vos sources d’information pour ne pas frôler l’overdose en continu, notamment sur les réseaux sociaux…

Mettre en place des rituels vertueux

Faites des choix, prenez ces décisions consciemment et engagez-vous à les tenir pour préserver votre attention. Pour y parvenir, l’idéal est d’adopter des rituels vertueux : marcher 1h par jour pour vous ressourcer et oxygéner votre cerveau, lire le soir au lieu de regarder la télé, faire des pauses déconnectées surtout en télétravail, traiter une tâche après l’autre au lieu d’être dans une forme de zapping permanent qui fatigue, faire moins de réunions mais les rendre plus efficaces, restreindre au maximum les reportings… Apprenez enfin à faire confiance aux autres. Le cerveau déteste l’incertitude donc certains ont parfois tendance à vouloir tout contrôler. Mais il est impossible d’être omniscient, acceptez l’idée de déléguer. Et puis l’imprévisibilité fait partie de nos vies, essayez de voir ce que vous pouvez en apprendre, au lieu de lutter contre ! »

« Arrêtons de vouloir tout mener de front ! »

Magaly Simeon, fondatrice de Lily facilite la vie et créatrice du podcast « Stop à la charge mentale ».

« Je pense que la baisse du temps de travail et le télétravail, qui sont deux réelles avancées, ont entraîné une charge accrue car les process n’ont, à chaque fois, pas été repensés. Le rythme s’est densifié, tout comme les amplitudes horaires. En travaillant à distance, beaucoup de salariés ont toujours tendance à en faire plus, à vouloir prouver qu’ils travaillent, parfois à cause d’un management à l’ancienne. Lors des entretiens annuels, on devrait regarder le nombre de mails envoyés et les heures passées en réunions. Et si on s’intéressait ainsi davantage à l’efficience au travail pour favoriser le bien-être des salariés ? La notion de charge mentale est subjective, car nous ne sommes pas tous égaux en la matière, mais elle est souvent très culpabilisante.

Le rôle du manager

Je suis convaincue que les entreprises ont un rôle à jouer pour soulager leurs salariés en leur facilitant le quotidien, notamment avec des dispositifs pour les parents ou les aidants. Les managers ne doivent pas non plus hésiter à aborder la question de la charge de travail de manière très concrète lors d’entretiens bilatéraux réguliers, par exemple en utilisant une échelle de 0 à 10 pour mesurer le ressenti des collaborateurs. Et puis, arrêtons de vouloir tout mener de front comme des super-héros. Nous devons tous apprendre à faire des choix : à quoi je renonce pour alléger ma charge mentale ? Utilisez par exemple la matrice d’Eisenhower pour vous concentrer sur ce qui est vraiment urgent et important. Le reste peut attendre, ou partir aux oubliettes, les injonctions notamment. »

Ajouter un commentaire

Votre adresse IP ne sera pas collectée Vous pouvez renseigner votre prénom ou votre pseudo si vous êtes un humain. (Votre commentaire sera soumis à une modération)