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Les jeunes au travail : une génération prise dans ses contradictions

Les 18-24 ans voudraient tout et son contraire. C'est ce que révèle le second Baromètre "Bonheur des jeunes au travail", réalisé par Bva Xsight et le groupe ISC Paris. Son directeur général, Jean-Christophe Hauguel, nous explique cette tendance, à la hausse depuis 2022.

La jeune génération d’actifs (18 à 24 ans) semble coincée dans quatre grandes contradictions. « C’est déroutant, car leurs attentes et leurs actions sont parfois complétement paradoxales », explique Jean-Christophe Hauguel, directeur général du groupe ISC Paris, économiste et auteur du second *Baromètre du « Bonheur des jeunes au travail. »

Logique individualiste

La première réside dans leur désir de changement. Alors que 80 % d’entre eux déclarent être satisfaits de leur poste, 53 % indiquent vouloir changer d’entreprise après une première expérience professionnelle. « Cette expérience peut aller de quelques mois à quelques années, mais ne sera pas suffisante à leur yeux. Ils voudront partir découvrir d’autres horizons », commente le dirigeant. Ce phénomène augmente, puisqu’ils étaient 44 % en 2022. « C’est impressionnant lorsqu’on sait que les entreprises tentent de les fidéliser par de nombreux moyens. Elles finissent par être à court de propositions », poursuit-il.

La seconde contradiction repose sur les priorités professionnelles des jeunes actifs. Pour 44 %, le critère le plus important est le salaire et la bonne ambiance au travail (32 %), tandis que les engagements de l’entreprise en matière de Responsabilité Sociétale et Environnementale (7 %) passent au second plan. 43 % préfèrent « avoir du temps pour leur vie personnelle », plutôt que de « contribuer à améliorer le monde dans lequel ils vivent » (15 %). « Les jeunes se disent très inquiets pour l’avenir de la planète, mais accordent peu d’importance à la RSE de l’entreprise pour laquelle ils travaillent. Ils sont plus dans une logique individualiste que collective. Pour eux, c’est une question politique », estime Jean-Christophe Hauguel.

Liberté plutôt que sécurité

Ensuite, bien que les jeunes aspirent à un bon équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle (43 %), ils sont plus enclins à créer leur entreprise ou à devenir indépendants (29 %) – ce qui nécessite un investissement important de temps et d’argent -, plutôt que de travailler pour le secteur public (10 %) – garant d’une certaine sécurité de l’emploi -, ou encore pour une grande entreprise (10 %) – aux avantages financiers confortables. « Leur désir d’entreprendre est une très bonne nouvelle pour l’économie, et répond à un besoin fort de liberté et de flexibilité de leurs horaires (53 %). Cependant, il ne faut pas oublier qu’il y a une part d’idéalisation. L’entrepreneuriat présente aussi des contraintes », rappelle-t-il.

La dernier paradoxe, enfin, c’est la montée en puissance des courants féministes dans la société, et en cascade, de la prise de conscience généralisée de l’importance de l’égalité entre les femmes et les hommes, mais que celles-ci redoutent de se confronter à des plafonds de verre et à des comportements de sexisme persistants. En effet, seulement 35 % estiment que « les femmes ont des salaires équivalents aux hommes pour un même niveau de poste » et 37 % pensent que « les femmes accèdent autant aux postes à responsabilités que les hommes ». « Ces résultats sont inquiétants et démontrent qu’il y a encore un grand travail à réaliser avant et après l’entrée dans la sphère professionnelle », selon lui. 77 % des répondants indiquent observer, encore aujourd’hui, des attitudes ou décisions sexistes en entreprise.

Ces contradictions pourraient se renforcer ces prochaines années, mais « tout dépendra surtout de la conjoncture du marché du travail », note l’économiste. Pour l’heure, « le taux de chômage est relativement bas. Les jeunes sont en position de force. Ils savent que s’ils déclinent une offre de travail ou quittent une entreprise, ils pourront facilement et rapidement en trouver une autre », termine le directeur général.

*2ème Baromètre du bonheur des jeunes au travail, réalisé par le groupe ISC Paris et Bva Xsight, publié en février 2023 et basé sur une enquête réalisée par internet du 2 au 16 octobre 2023, auprès d’un échantillon de 1110 jeunes de 18 à 24 ans.

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