Les équipes sont au coeur des organisations, pourtant ces dernières semblent privilégier les dynamiques individuelles. C’est ce que révèle le Baromètre annuel du collectif*, publié fin mars 2024 par Engagement et Performance, en partenariat avec l’Université Paris Dauphine. Or, « il ne suffit pas de mettre des gens brillants ensemble pour obtenir de brillants résultats », rappelle Aurélien Rothstein, CEO du cabinet.
Une majorité de répondants partage ce constat. Deux salariés sur trois (66 %) estiment, en effet, que le travail collectif est une manière d’être plus efficace, et encore quatre sur cinq (80 %) considèrent que le collectif a un impact positif sur la performance individuelle. « Le vrai enjeu, aujourd’hui, réside dans le développement des compétences collectives. C’est l’ingrédient clef de la performance. Il est urgent de considérer les équipes comme un organisme vivant dont il faut prendre soin », souligne le dirigeant.
Mais, pour l’heure, ce n’est pas le cas. La moitié des salariés interrogés sont insatisfaits de l’attention portée par leur organisation au collectif, tandis que plus de deux salariés sur trois indiquent que leur équipe n’utilise pas tout son potentiel. « Il est frappant d’observer que les entreprises cherchent du potentiel en dehors de leurs murs, alors qu’elles disposent souvent de toutes les ressources nécessaires en interne. Au lieu de recruter en externe, elles devraient miser sur les talents en interne, et leur capacité de travailler ensemble. Cela éviterait du désengagement passif et des démissions en cascade. Le collectif permet la rétention. Mais aussi, l’agilité, l’innovation, ou encore la prévention des risques psychosociaux. »
S’inspirer du milieu sportif
Plus d’un salarié sur deux voudrait remédier à la situation, mais déclare ne pas savoir comment développer le collectif dans leur organisation. Une partie de la responsabilité appartient au manager. Mais bien souvent, l’entreprise « le laisse seul avec ses équipes et les problématiques qui vont avec », poursuit le dirigeant. Elle devrait pourtant « le soutenir pour qu’il agisse dans le sens de l’entraide, du partage ». Le CEO du cabinet suggère ainsi de « mettre en place des diagnostics d’équipe, de former les managers aux feedbacks, car c’est un outil puissant pour créer du lien, faire progresser les autres. Mais aussi, d’adopter des rituels managériaux avec les équipes, comme l’organisation régulière de réunions où chacun peut prendre la parole et contribuer aux prises de décisions. L’idée est de les rendre les plus collectives et transparentes possibles, en impliquant au maximum les collaborateurs, pour qu’ils se les approprient. »
66 % des répondants indiquent, enfin, que le meilleur esprit d’équipe se retrouve en dehors du travail, notamment dans le sport (29 %) et les associations (24 %). « Cette année olympique est une occasion unique de s’inspirer des valeurs du milieu sportif afin de le transposer en entreprise », plaide le patron.
*Enquête menée par Engagement & Performance, en partenariat avec l’Université Paris Dauphine-PSL, auprès de 55 entreprises représentant plus de 150.000 salariés et 10 secteurs économiques. Un panel de 180 salariés a été interrogé, dont 95% a plus de 36 ans, et 64% sont des cadres (dirigeants et managers).