Carrière

Comment se (re)motiver malgré les difficultés ?

Notre motivation, comme notre moral, peut connaître des hauts et des bas. Surtout dans un contexte anxiogène, marqué par des crises successives. Alors, comment la booster ? Regards croisés.

« Ne pas se décourager demande du courage »

Fabrice Midal, philosophe, auteur de La théorie du bourgeon. Une philosophie anti-découragement (Flammarion).

« Le découragement est le problème majeur de notre temps. Là où nous pourrions avancer, nous baissons les bras. Là où nous pourrions être victorieux, nous partons perdants. Le découragement peut prendre de multiples formes : penser qu’on n’arrivera jamais à boucler tel dossier, qu’on ne peut pas quitter son job, qu’on est obligé d’être dans une course à la performance… Il peut nous entraver individuellement et collectivement. Comment inverser la tendance ? Comment retrouver l’élan pour sortir de la paralysie qui nous guette ? On nous a fait croire que nous devions être dans le contrôle permanent, dans l’efficacité absolue. Mais la vie ne se contrôle pas. Elle ne se gère pas. Elle s’écoute, se célèbre, se nourrit. Il est d’abord nécessaire de prendre conscience que si on ne sent pas bien, ce n’est pas forcément de notre faute. On veut souvent bien faire, répondre à des injonctions au lieu de se faire confiance. Cette première étape est libératrice.

Ensuite, il faut comprendre que la vie est faite de mouvements, de réussites et d’échecs. Ces derniers font partie du chemin et sont l’occasion de se renouveler. Pour aller de l’avant, il est ainsi essentiel d’accepter les incertitudes. Impossible de tout maîtriser, tout ne dépend pas de vous ! Ne pas se décourager demande du courage et de la ténacité. Essayez de faire du mieux que vous pouvez. Ne vous en voulez pas d’avoir des faiblesses, au contraire. Enfin, libérez-vous de ce qui vous enferme. On prend parfois des affirmations pour argent comptant et on finit par les percevoir comme des vérités indiscutables : « Je n’ai pas le niveau », « Je ne suis pas capable », etc. On ne s’accorde plus la possibilité de questionner ces croyances qui se transforment en axiomes. Contrairement à ce que prône le développement personnel, la solution n’est pas toujours à chercher en soi. Ouvrez-vous au monde et aux autres : avez-vous besoin d’un coup de pouce ? D’une formation ? De conseils ? Cela vous sortira de l’immobilité et vous permettra d’avancer au lieu de faire du sur-place. Le chemin d’une vie consiste à choisir, même si l’on se trompe. »

« On se laisse parfois happés par les process »

Stéphane Moriou, conférencier, auteur de Feedback. Le pouvoir des conversations. (Dunod).

« En cas de baisse de motivation, ne restez pas passif. Commencez par mettre en place de petites actions, et ce même si vous avez de grandes ambitions ! Pour ma part, je commence toujours mes journées avec la même routine : je fais un feedback positif à quelqu’un. Cela me met dans un bon état d’esprit quoi qu’il se passe ensuite. En entreprise, pour se rebooster dans les périodes difficiles, rien ne vaut le temps de qualité passé avec les membres de son équipe. Or, on se laisse parfois happés par les process et les tâches administratives au détriment de l’humain. Autre piste pour se motiver : choisir ses batailles ! Où est-il le plus pertinent de mettre votre énergie ? On passe souvent beaucoup de temps sur des sujets sur lesquels nous n’avons pas ou peu de prise directe. C’est contre-productif et usant. Focalisez-vous plutôt sur vos zones d’influence. Et ne mettez pas tous vos œufs dans le même panier : en ayant plusieurs activités, vous pouvez vous ressourcer dans l’une quand l’autre va mal. Avoir une passion ou un projet en parallèle de votre job va ainsi vous nourrir, comme s’il s’agissait de vases communicants. »

« Vous ne pouvez pas motiver les autres à leur place »

Edgar Grospiron, conférencier, champion olympique en 1992, à Albertville, et triple champion du monde de ski de bosse.

« La motivation est une énergie présente au fond de soi. Il s’agit donc de comprendre les ressorts de la nôtre parce que nous sommes tous différents. Ensuite, comment la développer et la cultiver pour la faire durer dans le temps ? Vous pouvez commencer par identifier les signaux faibles de la démotivation, comme la procrastination. Ensuite, restez connecté aux sources de votre motivation. Sont-elles toujours les mêmes dans votre travail ou ont-elles évolué ? Personnellement, ma motivation était de devenir champion olympique. Quand je le suis devenu, j’ai dû trouver un autre sens à ma carrière sportive. Une question à vous poser régulièrement : prenez-vous toujours autant de plaisir ? Cela vous permettra de savoir si vous êtes toujours aligné, à votre place.

On prend du plaisir quand on est dans sa zone de talents. Sinon vous risquez d’être frustré. Enfin, demandez-vous si vous progressez encore. Apprendre de manière continue entretient la motivation. Si vous êtes manager, gardez en tête que vous ne pouvez pas motiver les autres à leur place. C’est une décision personnelle. Vous pouvez, en revanche, chercher à créer les conditions pour permettre à vos collaborateurs de retrouver leur motivation : par exemple, en fixant un cadre clair, en imaginant des projets collectifs et ambitieux, en expliquant à chacun sa contribution, en célébrant les petites et grandes victoires… Redonnez-leur plaisir à faire ce qu’ils font. »

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