Le Petit Robert 2025, qui vient de sortir ce jeudi 16 mai 2024 en librairie, intègre près de 150 nouveaux mots. Parmi eux ? « Neuroatypique ». Si ce terme, de plus en plus utilisé ces dernières années, vient de gagner en reconnaissance dans la langue française, il reste « galvaudé dans la bouche de certaines personnes, avertit Fabrice Pastor, neuropsychologue et dirigeant de l’Institut IRLES Aquitaine. Ce terme est devenu un mot fourre-tout au fil du temps. C’est une notion complexe qu’il faut manier avec précaution ».
Le célèbre dictionnaire qualifie de « neuroatypiques » les personnes « dont le fonctionnement neurologique diffère de la norme », contrairement aux individus « neurotypiques » dont le fonctionnement est qualifié de « normal ». Cette définition convient au spécialiste en neurosciences : « En effet, les personnes neuroatypiques sont des personnes qui ont un fonctionnement neurologique différent. C’est-à-dire avec des variations neurologiques différentes de la norme statistique. Cette atypie du développement cérébral est présente dès la naissance de l’individu », explique le neuropsychologue. Il en distingue quatre formes : TSA (trouble du spectre de l’autisme) ; TDAH (trouble de déficit de l’attention ou hyperactivité) ; troubles dys (comme la dyslexie) ; et HPI (haut potentiel intellectuel). A noter que Le Petit Robert 2025 indique également « autiste, dys, HPI, TDAH, TSA ».
Dans le cas des HPI, par exemple, « il se peut qu’aucun trouble ne se manifeste, poursuit Fabrice Pastor. Cette différence neurologique est parfois même un facteur protecteur et/ou de réussite pour ces personnes, grâce à des compétences cognitives au-dessus de la moyenne. Ce n’est ni un handicap, ni un super-pouvoir. »
Interaction sociale différente
Dans les autres cas, lorsque ces troubles se manifestent, cela peut prendre des degrés et des formes différentes, à commencer par une communication sociale limitée : « Certaines personnes neuroatypiques peuvent avoir du mal à comprendre le sens figuré de certaines expressions ou blagues, tandis que d’autres ne maîtriseront pas les conventions sociales, ou auront du mal avec les émotions. Soit ils n’arrivent pas à les gérer, soit ils n’arrivent pas à les exprimer », indique Fabrice Pastor. Ces individus, en marge de la « norme » neurologique, peuvent également avoir des comportements « inattendus, impulsifs, répétitifs, anxieux, dépressifs », détaille-t-il. Enfin, ils peuvent avoir des difficultés avec les repérages dans le temps et dans l’espace. Il précise que « ces troubles peuvent être concomitants, et donc susceptibles d’augmenter le problème. »
Diversité et inclusivité en entreprise
Face à ces manières différentes d’interagir, il est primordial, selon le neuropsychologue, que les entreprises sensibilisent et forment les managers et leurs équipes. Objectif ? « En finir avec les préjugés et comprendre leurs comportements et leurs réactions, parfois indépendants de leur volonté, afin de les intégrer au mieux auprès du reste des collaborateurs et au sein des projets professionnels ».
De plus, favoriser la diversité des talents au sein des équipes peut être un véritable atout pour les organisations martèle Fabrice Pastor : « Ces personnes peuvent apporter des perspectives créatives et innovantes. Elles sont aptes à résoudre des problèmes complexes. Mais attention ! Pas isolées toutes seules dans leur coin, mais véritablement intégrées au sein d’une équipe. »
Il n’existe toutefois pas de recette miracle, dit-il, car « la personnalité de chaque personne neuroatypique est différente. Les troubles sont différents. Le manager doit donc faire du cas par cas ».
Enfin, il rappelle que d’une manière générale, « il ne s’agit pas d’enfermer les personnes neuroatypiques dans cette notion, ni dans une définition. Etre neuroatypique ne définit pas tout d’une personne ! »