Dans notre société, nous sommes au quotidien incités à donner notre avis, à partager nos idées, à prendre la parole. Mais dans l’entreprise, le cadre de travail, resté rigide et descendant, exacerbe le sentiment d’impuissance : les salariés souffrent de ne pas se sentir acteurs de leur entreprise, mais d’être simples exécutants de décisions prises sans leur contribution, et souvent déconnectées de leur réalité.
Leur besoin est simple, légitime : avoir davantage prise sur la façon d’effectuer le travail, pouvoir contribuer pour de bon à relever les défis auxquels l’entreprise fait face, autrement dit pouvoir agir ! Ignorer ce besoin, c’est les ignorer eux, et se priver de la richesse de leurs intelligences.
Vers un nouveau cadre de référence
Le monde a changé, les attentes des salariés aussi. Et si, au lieu de les considérer comme un problème, ces aspirations faisaient partie de la solution ? Développer le pouvoir d’agir des salariés relève d’un véritable changement de modèle qui valorise le travail tel qu’il est réalisé sur le terrain et qui promeut l’intelligence du collectif :
1/ Oser demander de l’aide
Dans un monde incertain, où les certitudes vacillent et les surprises se multiplient, le dirigeant gagne à affirmer qu’il ne détient pas toutes les réponses. Face à un problème stratégique, demander l’aide de ses collaborateurs, leurs idées, leurs initiatives, est un signe non de faiblesse, mais de confiance accordée au collectif. Se tourner vers ses équipes, souvent mieux placées pour comprendre la réalité du terrain, fait désormais partie de ses meilleures options, et comporte peu de risques.
2 – S’adresser vraiment aux têtes, aux cœurs et aux jambes
Les directions des ressources humaines, de la transformation, de l’innovation ou encore de la communication interne peuvent offrir des terrains de coopération pour accueillir, soutenir et équiper le pouvoir d’agir des salariés. Mais impliquer le plus grand nombre nécessite l’effort -rarement opéré- de nourrir ensemble et continûment, trois besoins :
- Besoin de comprendre : nourrir les têtes. Informer les salariés des projets de l’entreprise et de leur rôle dans ces projets, ouvrir des débats pour faire s’exprimer les visions et les convictions de celles et ceux, parmi les collaborateurs, qui ont le besoin de comprendre et d’être convaincus.
- Besoin de relations : faire battre les cœurs. Mettre en œuvre les conditions sincères d’écoute et de reconnaissance, permettre à celles et ceux qui en ont besoin, de se sentir valorisés dans leur travail, individuellement et collectivement
- Besoin d’agir : Mettre en mouvement les jambes. Donner vraiment l’opportunité aux collaborateurs qui aiment l’action ou le challenge, d’être utiles, acteurs des projets, agents du changement.
3- Innover par le terrain : la promesse de l’innovation participative
En créant un environnement propice à l’émergence d’idées, à l’expérimentation et à l’obtention de réussites concrètes et utiles, l’innovation participative offre à l’entreprise des réponses nouvelles, fruits de l’expérience terrain, et accélératrices dans bien des domaines. Souvent craint car très exigeant, ce type de démarche n’est pas un colifichet de parure, mais bien une démarche stratégique complète. Faute de quoi les salariés repèrent très vite le “co-washing” et c’est le désengagement assuré ! Quelques facteurs clés de succès :
- La démarche participative concerne des préoccupations vraiment stratégiques dont dépend le cœur de métier, le travail quotidien ; ce qui donnera un vrai sentiment d’utilité et produira ce “sens” qui manque aujourd’hui à bien des collectifs.
- Les “règles du jeu”, conçues avant le démarrage de la démarche, sont communiquées et respectées jusqu’au plus haut niveau : temps accordé, processus et critère de choix des projets retenus, modalités de mise en œuvre, …
- L’effort de communication et d’animation des contributions s’inscrit dans la durée, même en cas d’échec ou de résultat décevant : la transparence fait elle aussi partie des règles.
- Donner le “droit à l’essai”, c’est-à-dire, en écho à la demande d’aide, accepter que faillir est d’abord une source d’apprentissage et de renforcement du collectif pour avancer.
Donner le pouvoir d’agir est aussi une responsabilité sociétale
En tant que citoyens concernés, de nombreux français s’engagent au sein de la société civile pour des causes environnementales ou sociétales. Certains s’organisent désormais aussi dans leurs entreprises en collectifs spontanés, et s’emparent de ces sujets, avec l’intention sincère d’aider leur entreprise dans sa transition. Pourquoi se priver de leurs initiatives ? Aller à leur rencontre est l’occasion de faire émerger des solutions nouvelles au plus près du travail, tout en faisant communauté autour de problématiques qui nous concernent universellement. C’est aussi faire la preuve, au-delà des discours, que les salariés sont bien une richesse et une force pour transformer l’entreprise.
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Ces quelques pistes d’actions constituent une invitation à essayer autre chose, pour transformer durablement les entreprises en revenant à leurs sources : le travail créateur de valeur et l’action collective. Ce faisant, elles auront aussi un impact positif dans la refondation du pacte sociétal dont notre communauté humaine a urgemment besoin.