L’un râle, l’autre juge, tous commentent… « Il se planque derrière les process », « Elle dit toujours oui, mais rien ne se passe ! », « Il ne sait pas résister ! », « Elle se laisse mener par le bout du nez ! », « Il n’ose pas prendre les décisions difficiles »… Il y a de fortes chances que ce qui est jugé courageux par la hiérarchie ne soit pas vu du même œil par l’équipe, et vice versa. Nous attendons que le manager parle vrai, prenne des décisions fermes, même si impopulaires, qu’il soit équitable, préserve les valeurs, tout en étant authentique et bienveillant. Rien que ça ! Nous avons beaucoup d’exigences derrière ce que nous appelons le courage managérial. Mais rappelons-nous que le manager est humain, avec ses moments de forces et ses moments de difficultés.
Comprendre ses peurs
Le courage, c’est avant tout la capacité à puiser dans sa force morale pour agir et prendre des décisions difficiles qui vont à l’encontre de ce qui serait facile à accomplir. Il ne s’agit pas de ne pas avoir peur, mais de ne pas se laisser dominer par elle, et agir malgré elle, en osant. La peur est une émotion humaine normale face à une insécurité. L’enjeu pour le manager est de la repérer, de la comprendre, de voir quels sont ses pièges (ce qu’il fera ou non sous l’effet de la peur). Puis, de visualiser, comme un sportif, son objectif en fonction de son rôle, ce qu’il pourrait faire pour y arriver, le soutien qu’il pourrait solliciter pour se préparer, et ainsi oser, pas à pas, affronter sa peur.
Dans le contexte professionnel, la peur est souvent celle de la réaction de l’autre. Et malheureusement, par manque de prise de recul, nous nous retrouvons souvent à agir d’une façon qui provoquera ce que nous redoutons. Par exemple, imaginez que vous deviez organiser une réunion en présentiel un jour de télétravail. Imposer, être frontal, n’est pas forcément le comportement qui illustrera votre courage. Cela peut être nécessaire parfois et demander du courage, mais si ce n’est pas approprié, cela peut aussi ouvrir la porte à une réaction émotionnelle d’attaque ou de défense de l’autre partie, ce qui alimentera les interprétations et prises de positions, et in fine la peur du conflit.
Faire preuve d’assertivité
Comment agir alors ? En osant agir dans un sens qui ne remporte pas l’adhésion tout en se respectant et en respectant l’autre partie. Pour cela, une clé comportementale est d’annoncer la décision, de se mettre à la place de l’autre, d’expliquer la décision et le cadre, de rester factuel et, suivant le contexte, de rendre l’autre acteur en le questionnant sur sa compréhension. Cela signifie principalement avoir de l’assertivité.
Ainsi, derrière la notion de courage managérial, il y a la notion d’ancrage. Donc parfois, le premier petit pas vers le courage managérial, c’est d’identifier quand on en manque, d’oser demander de l’aide pour se développer, de faire différemment pour créer plus de valeur.