« La maïeutique (méthode suscitant la mise en forme des pensées confuses, par le dialogue) amène l’individu à réfléchir par lui-même avant de poser une question et aussi à développer son estime de soi en prenant conscience de ses capacités ». Par François Perotto, Kreno Consulting.
Lors de sessions de formation au management et au leadership et lors de feedback à chaud avec des étudiants d’école de commerce à la fin d’un module de cours, la remarque m’a souvent été faite sur la difficulté de s’inscrire dans un processus de questionnement tel que celui de la maïeutique.
Le principe de la maïeutique
Selon la philosophie socratique, la maïeutique est “l’art de faire accoucher les esprits”. Par le processus de questionnement qui est induit (questions socratiques), l’individu qui doit répondre est amené, soit à prendre conscience de ses manques dans ses connaissances ou dans son raisonnement, soit à prendre conscience de ses connaissances.
Les questions “socratiques” sont donc des questions, souvent factuelles, ouvertes, qui vont amener l’individu à expliciter son raisonnement ou ses prises de position. Par ce questionnement socratique et sans jamais prendre position, le manager ou le professeur qui pratique cette maïeutique amène son interlocuteur à dire, sans jamais dire lui-même. Il conduit le questionnement en laissant l’individu être acteur, comme si ce dernier tenait ses réflexions à voix haute. La maïeutique part aussi du principe que chacun considère souvent que ce qu’il dit est plus important que ce que l’autre dit. Ainsi, faire dire est plus important que dire soi-même.
Favoriser la montée en compétences
Pour un manager comme pour un professeur, il est naturel de répondre directement à la question qui est posée. D’une part, cela correspond au processus d’apprentissage du système éducatif français ; le “sachant” répond directement à la question posée et, d’autre part, il justifie ainsi sa position de “sachant”. Pratiquer la maïeutique est à la fois un exercice d’humilité (accepter de risquer d’apparaître comme “ne sachant pas”) et une lutte contre le sentiment d’efficacité (répondre directement prend moins de temps que le questionnement de la maïeutique).
Pourtant, dans le temps la maïeutique est bien plus efficace. En effet, elle amène l’individu à réfléchir par lui-même avant de poser une question et elle l’amène aussi à développer son estime de soi en prenant conscience de ses capacités. Pour celui qui répond, l’exercice est d’abord inconfortable et il devient satisfaisant, au fur et à mesure qu’il découvre ainsi qu’il a en lui de nombreuses ressources. Pour le manager ou le professeur qui pratique ce questionnement, il devient un révélateur de talents qui favorise la montée en compétences tout en structurant ses collaborateurs ou ses étudiants, qui deviennent de plus en plus autonomes.
Qui est l’auteur ?
François Perotto est senior-consultant Kreno Consulting (www.kreno-consulting.fr)
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