Management

En entreprise, comme Kamala Harris, construisez votre réputation plutôt que de la subir !

Alors que Kamala Harris a brillé lors de son débat contre Donald Trump, dans la nuit de mardi 10 à mercredi 11 septembre, Matthieu Wildhaber, auteur du 'Petit manuel de rhétorique en entreprise" (Eyrolles), décrypte les ressorts pour se construire une solide réputation. Car celle-ci, en entreprise comme en politique, peut s'effondrer en un claquement de doigt...

Depuis son entrée en campagne en août dernier, la candidate démocrate à l’élection présidentielle américaine a le vent en poupe. Aussi, lors du premier débat télévisé (et peut-être le seul !) face à son adversaire républicain, Donald Trump, dans la nuit de mardi 10 à mercredi 11 septembre 2024, elle avait « tout à perdre ou tout à gagner ». En entreprise, l’enjeu est le même lorsqu’un manager ou un salarié s’expose en prenant la parole devant ses supérieurs hiérarchiques et ses collègues : il prend un risque. Celui de servir ou de desservir (parfois durablement) sa réputation auprès des autres. Alors, comment peut-il optimiser ses chances de bâtir une réputation solide au service de sa carrière ?

1. Soigner sa posture

« La réputation, c’est ce qui est dit une fois qu’une personne sort de la pièce », rappelle en préambule Matthieu Wildhaber, fondateur du cabinet Vox conseil et auteur du Petit manuel de rhétorique en entreprise (Eyrolles). Afin de se mettre son manager et collègues dans la poche, il recommande ainsi de soigner sa posture et tout ce qui s’y rattache. Les interlocuteurs vont retenir principalement « une image, un ressenti, une énergie dégagée par l’individu. » Cela peut donc passer, précise-t-il, « par une tenue vestimentaire adaptée à son environnement professionnel, par un langage non verbal positif, comme se tenir droit et souriant, ou encore, par l’adoption de comportements propres au rôle occupé. Un PDG ne se comporte pas comme un manager, un manager ne se comporte pas comme un collaborateur, et un collaborateur ne se comporte pas comme un manager. La neutralité gestique est l’outil le plus efficace. »

2. Choisir ses mots

Cependant, la forme ne suffit pas, le fond compte aussi. « Le message est important pour renvoyer une image positive » auprès de ses interlocuteurs, souligne l’architecte du discours. Avant et pendant une prise de parole, il s’agit en effet de se demander : « Quel est mon message clef ? Qu’est-ce que je veux que mes interlocuteurs retiennent de mon discours ? » En fonction de l’objectif visé, l’individu doit peaufiner son introduction et sa conclusion, ainsi qu’employer certains mots à des moments stratégiques. « Les auditeurs ne retiennent pas tout : ils se concentreront sur le début, la fin et les idées majeures », insiste l’auteur. En ajoutant : « Si l’on souhaite passer pour une personne solaire, il faut recourir à un vocabulaire solaire. »

3. Etre cohérent

Le troisième point fondamental, selon lui, c’est la cohérence entre la volonté et les actes. Dans son livre, il dénonce notamment le « syndrome de la porte ouverte » : « Vous savez, ce sont ces managers qui disent à leurs équipes que leur porte est ouverte à tout moment, pour toutes interrogations. Or, quand des membres de l’équipe viennent le solliciter, il est débordé et n’accède pas à leur demande. Le manager avait une bonne intention au départ, mais finalement sa proposition le décrédibilise et se retourne contre lui, car il ne fait pas ce qu’il dit. Bien souvent, ses équipes arrêtent rapidement de venir frapper à la porte de son bureau. »

4. Bien s’entourer

Enfin, une réputation se fonde sur le para discursif. C’est-à-dire tout ce qui entoure les prises de parole, notamment en termes de fréquentation au travail. « Cela s’appelle : la réputation par association d’images, explique le spécialiste en rhétorique. Nous avons tendance à penser que les personnes qui passent du temps ensemble dans la sphère professionnelle partagent des caractéristiques et des opinions communes, voire sont les mêmes individus. » Conséquence ? « Si nous apprécions un collègue, nous apprécierons son collègue à lui. Alors que si nous ne l’aimons pas, nous aurons une mauvaise opinion, très probablement infondée, du collègue avec qui il a l’habitude de prendre ses pauses-café. » L’autre aspect à ne pas négliger à l’ère de la digitalisation sont les traces numériques, poursuit-il : « Les publications likées ou partagées sur les réseaux professionnels, comme LinkedIn, peuvent témoigner d’une adhésion à une personne ou à un sujet. Nos activités numériques disent quelque chose de nous qui peuvent être bénéfiques… ou pas ! »

Matthieu Wildhaber indique, pour résumer, qu’il « faut bien analyser la culture d’entreprise et les personnalités des individus qui la composent, car les intentions nobles ne suffisent pas pour avoir une bonne réputation. Il faut avoir conscience de son comportement naturel et des comportements réputationnels attendus dans un univers donné afin de les faire correspondre, sans complètement perdre en sincérité. Certaines attitudes, comme la froideur, sont facilement corrigeables. Mais il faut se connaître soi-même. »

Concernant la candidate Kamala Harris, elle a adopté lors de cet affrontement contre Donald Trump, « une posture exemplaire », termine l’auteur. « Elle était calme et n’est pas tombée dans le piège mimétique de l’agressivité. Elle aurait pu adopter la stratégie de déstabilisation de Donald Trump, mais elle n’a pas fait ce choix. Ce qui a permis aux téléspectateurs de se concentrer sur son message, et surtout de préserver sa bonne réputation, en montrant qu’elle était à la hauteur pour devenir la future présidente des États-Unis. »

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