On ne le présente plus. À la télévision, à la radio, dans les salons professionnels et grand public, au théâtre, Stéphane Plaza est partout. Peut-être trop ? Il assure cependant n’accepter que les projets qui ont du sens pour lui et refuser les nombreux autres. Mais comment parvient-il à gérer cet emploi du temps hors norme ? Savoir déléguer, se reposer, prendre le temps de la réflexion, mais aussi renoncer sont autant de méthodes qu’il affirme appliquer quotidiennement. Photos Leo-Paul Ridet
Vous êtes devenu en quelques années animateur TV, auteur de BD, acteur de théâtre et de cinéma, engagé dans l’associatif. Peut-on dire que vous êtes un homme pressé ?
Pas pressé parce que quand on est trop pressé on fait mal les choses. Mais on peut dire que je suis un hyperactif qui aime s’engager et qui est épicurien je pense.
Vous dégagez une certaine énergie, vous semblez toujours en mouvement. Est-ce dans votre nature ? Cela vous a-t-il aidé à avoir la carrière que vous avez aujourd’hui ?
Je ne sais pas si c’est une nature en tout cas je suis resté pendant 7 à 8 mois à l’hôpital et pratiquement en fauteuil roulant après un accident de la route (1998). Cette expérience m’a peut-être appris l’importance de la vie, et d’être en bonne santé. Cela m’a certainement donné envie de participer à tous les projets qui m’intéressent. Mais attention je ne dirais pas que je suis pressé car je pense que quand on veut tout faire on est nulle part. Même si mon emploi du temps est très chargé, je fais toujours attention à bien déléguer.
Votre accident a-t-il été un déclic ?
Je pense qu’il y a eu deux choses. Tout d’abord l’accident. J’ai eu huit à neuf opérations sur les membres inférieurs, on m’a même dit que je ne pourrais plus marcher. En commençant mes émissions, je marchais un peu comme le Conte de Peyrac, je boitais beaucoup.
Face à cette situation, soit on devient déprimé et aigri, soit on se dit que l’on va y arriver que l’on va tout faire pour remarcher, pour recourir. Et puis la deuxième chose qui est un peu plus récente c’est le décès de ma maman. Cet événement m’a rappelé qu’il faut profiter des gens et aussi savoir aussi renoncer à certaines choses. Savoir dire oui et savoir dire non.
Comment arrivez-vous à gérer cet emploi du temps ? Vos collaborateurs vous aident-ils ?
Il faut évidemment être entouré des bonnes personnes et aussi savoir bien déléguer. Mes collaborateurs sont plutôt des passionnés. Passionnés par l’immobilier ou par les autres activités que je mène. Ils ne sont pas du tout à mon service, ils sont là pour remplir des tâches, pour travailler dans la bonne humeur et sont motivés pour le faire.
Comment faites-vous pour décider de vos projets ? De quoi tenez-vous compte ?
C’est un peu de l’instinct. C’est aussi des prises de risques, des envies. L’essentiel, c’est surtout de s’entourer des bonnes personnes. Quand je pars au théâtre, j’y vais avec un coach de théâtre. Quand je vais faire un long métrage pendant trois mois, j’arrête l’immobilier complètement. C’est-à-dire qu’il n’y a plus aucun e-mail sur l’immobilier. Alors évidemment il faut avoir de bons collaborateurs, mais je stoppe tout pour me donner à fond sur le projet en cours.
Cela me permet de me reconcentrer et de prendre plaisir dans chaque chose quand je reviens. Quand je retourne sur une émission, au théâtre, à la télévision ou alors pour faire une vente ou une estimation, et bien je suis toujours heureux parce que je n’ai pas vraiment de quotidien, de routine.
Vous menez une carrière dans laquelle votre nom et votre image sont au centre de tout. Comment gérez-vous cette aura par rapport au travail en équipe ?
J’essaye de rester le plus juste possible. Je pense qu’il est important de faire des compliments de dire quand les gens ont bien travaillé. Mais il est aussi important de dire quand c’est loupé. Chez certaines personnes, il faut pousser un peu plus et chez d’autres il faut y aller en douceur. Si on ne fait pas une vente, s’il y a une offre qui n’est pas passée, ce n’est pas grave on aura la prochaine. De toute façon, c’est trop tard donc ça ne sert à rien de mortifier sans cesse la personne.
Mais quand ça ne va pas, je sais aussi râler un peu même si c’est assez rare. Et puis moi aussi je peux me tromper. C’est pour cela que j’ai un réseau, une agence pilote c’est parce que moi aussi j’apprends des choses. Je continue à aller dans des salons pour en savoir plus sur la décoration. C’est un échange, je n’ai pas la science infuse.
Vous avez eu une expérience de manager général chez Era Immobilier. Qu’en avez-vous retenu ?
Chez Era, j’ai été le manager d’une dizaine d’agences. Ils étaient les premiers d’Europe. Cela m’a permis d’apprendre à travailler dans un réseau de voir comment ça se passe, comment ça évolue. C’est ça qui m’a poussé à vouloir transmettre et lancer ma propre enseigne. J’ai travaillé deux ans sur ce projet. J’ai pris mon temps. Peut-être un peu plus que prévu mais finalement c’est arrivé au bon moment quand l’immobilier repartait. Je suis très impliqué dans le réseau, c’est pour cela aussi que cette année je vais arrêter le théâtre pour vraiment me concentrer sur l’immobilier.
Pourquoi, selon vous, avez-vous mis autant de temps avant de vous lancer ?
C’est venu d’un seul coup. J’ai 47 ans, peut-être le fait de ne pas avoir d’enfant aussi, je ne sais pas si ça a un lien, mais l’envie de transmettre et de travailler avec des jeunes. Le réseau, c’est un peu mon enfant.
Avez-vous besoin de temps pour maturer les projets ?
Mes décisions sont assez réfléchies. Ça va peut-être en contradiction avec l’apparence que je donne mais je suis quelqu’un qui pèse souvent le pour et le contre, qui se tient à son choix, après quand je me trompe, j’assume. Et pour moi ce n’est pas un échec, c’est rebondir pour corriger. Quand je dis oui à un projet c’est que je le sens bien au fond de moi. Mais aujourd’hui, je sais aussi renoncer. Avant je ne savais pas dire non et depuis cet accident, j’ai pris conscience que renoncer c’est aussi choisir.
Vous fonctionnez beaucoup à l’instinct…
Je crois en effet que je suis un autodidacte qui fonctionne beaucoup à l’instinct et même quand je joue l’acteur. C’est, en tout cas, ce qu’on m’a dit. Donc oui je suis attentif à ce que je ressens parce que j’ai besoin d’être heureux et de me sentir bien.
Comment arrivez-vous à tenir sur la durée ?
Je prends un peu plus soin de moi, je fais attention à avoir des pauses, du repos et quand je pars vraiment en revanche je n’ai pas de téléphone, pas de portable, pas d’e-mail, je ne prends même pas mon portable avec moi. J’essaye de reposer de plus en plus ma tête. Je ne dis pas où je vais même à mes amis. Il me faut cinq à six jours complets pour que mon esprit s’évapore. Je dors beaucoup pendant les vacances et je crois qu’avec l’âge on perd un peu de sommeil alors je réfléchis la nuit et je me réveille un peu plus tôt que d’habitude.
Je n’ai aucun problème avec la déconnexion. Le monde continue de tourner sans Stéphane Plaza.
Les collaborateurs savent que je n’ai pas de téléphone donc s’il y a une décision importante et urgente à prendre ils seront obligés de se débrouiller. Et je l’assumerai. J’ai déjà assumé des erreurs sur une vente. Ils doivent prendre la décision parce que, de toute façon, ils ne pourront pas me joindre et si jamais ils arrivent à me retrouver, je ne répondrai pas. Avant je ne savais pas le faire, maintenant j’ai besoin de le faire.
À mener toutes ces activités de front n’y a-t-il pas un danger qu’elles se parasitent entre elles ?
Pour l’instant non. Après c’est toujours risqué de faire des choix. Quand je choisis de refaire du théâtre, ça peut ne pas fonctionner. C’est pour cela que j’essaye d’avoir toutes les garanties de mon côté pour bien travailler. Pour l’instant mes différentes activités ne se sont pas télescopées. En ce moment on me propose des choses que je refuse.
Aujourd’hui, on peut dire que vous avez la carrière idéale. Elle mêle vos deux domaines de prédilection, est ce que vous vous sentez privilégié par rapport à cela ?
Je pense que oui. J’ai une bonne étoile en haut mais il y a eu aussi de grosses prises de risques. Il faut beaucoup travailler quoi qu’il arrive et encore plus quand ça fonctionne bien. J’ai peut-être su reconnaître les bons signaux au moment où on me les a envoyés. Je suis arrivé au bon moment, à la bonne époque pour moi après j’ai aussi eu des choses négatives à ravaler qui ont forgé l’homme.
Les prises de risques ont-elles une place importante dans votre parcours ?
Que ce soit la télé, la création du réseau, le théâtre, ce ne sont que des prises de risques.
Quand je décide de monter un réseau et qu’aujourd’hui, il y a 275 agences ouvertes et parfois quelques collaborateurs qu’il faut remettre sur les rails, oui je prends un risque. Parce qu’on porte mon nom et si ça va mal, c’est Stéphane Plaza qui va prendre même si ce n’est pas directement ma franchise. Je pourrais rester caché dans mon petit coin sans bouger mais j’ai besoin de m’investir.
À la télé vous faites beaucoup le clown. Avez-vous réussi à garder une crédibilité métier ?
En toute honnêteté au sein des 275 agences, ils ne sont pas là pour rigoler, ils sont là pour investir, ce sont des entrepreneurs. Au début on s’est posé la question, pourquoi Stéphane Plaza a un réseau ? Est-ce que ça va marcher ? Au bout de presque 3 ans avec 275 agences et une bonne entente entre les franchisés et aussi avec les autres réseaux, on peut dire que l’expérience est concluante. Il y a le respect mais aussi les récompenses qui tombent au niveau des professionnels de l’immobilier et des spécialistes de la franchise. Ce n’est pas rien.
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Pensez-vous avoir réussi à changer la mauvaise image dont souffraient les agents immobilier ?
En tout cas on l’apprécie davantage, on reconnaît son travail, on rechigne moins à payer les commissions d’agence. Nous ne sommes plus considérés comme des ouvreurs de portes. Il y a aussi les nouvelles lois qui nous demandent de nouvelles compétences. On va vers l’avant.
Maintenant, Stéphane Plaza c’est aussi un clown blanc. J’ai de l’humour mais j’ai mes failles, je suis très sensible et les gens le ressentent. Il y a ce côté sérieux mais il y a aussi ce clown blanc. Un homme comme les autres et je n’essaye pas de le cacher. Il m’arrive de pleurer devant des clients, je n’ai pas honte de ce que je suis. D’un autre côté, quand je monte un réseau, je ne leur demande pas d’être Stéphane Plaza bien au contraire. Je leur dis : si vous avez 20 % de Stéphane Plaza c’est fabuleux et après gardez votre personnalité.
Vous vous définissez comme “un mec lunaire et un peu timbré”. Quelle place ces deux adjectifs occupent dans la gestion de votre carrière ?
Je crois que si j’ai cette carrière c’est parce que je suis lunaire et un peu timbré. Je pense que pour faire de la télé il faut déjà être timbré parce qu’avec les réseaux sociaux quand on est un peu connu on est jugé sur le moindre détail. Il faut avoir un sacré recul pour le supporter. Quand une émission marche c’est grâce à vous et quand elle ne marche pas c’est à cause de vous sauf qu’il y a 40 personnes qui sont aussi impliquées. Je représente un produit financier qu’il faut rentabiliser. Je pense qu’il faut être lunaire et timbré pour absorber ça.