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Séminaires et incentives : Les 3 tendances de 2024

Cet article est issu du dossier "Le tourisme d’affaires tutoie les sommets"

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Soucieuses de motiver et fédérer leurs équipes, les entreprises multiplient les réunions professionnelles. Avec une forte demande pour des lieux de réunion inspirants et pour des activités participatives. Focus sur les trois tendances de l’année.

Le retour en force de la motivation

En pleine crise du Covid, de nombreux spécialistes nous annonçaient la fin du tourisme d’affaires traditionnel, terrassé par les réunions virtuelles en visio. Quatre ans plus tard, leurs prédictions ont fait flop ! Besoin de faire passer des messages, nécessité de réunir des salariés que le télétravail sépare, de motiver les troupes dans un contexte angoissant, de fédérer et de renforcer la cohésion d’équipe… Le marché des réunions professionnelles demeure dynamique. Le cabinet Coach Omnium, associé à la marketplace 1001 Salles, confirme la belle reprise entamée depuis 2022 et les perspectives encourageantes, même si le contexte économique et politique actuel peut inquiéter les entreprises. Dans sa 31e étude annuelle sur l’évolution du tourisme d’affaires en France, dévoilée il y a quelques semaines, les professionnels interrogés prévoient une stabilité (pour 58 % d’entre eux) voire une augmentation des demandes (26 %) en 2024.

Les séminaires constituent le cœur du marché. « Ils sont irremplaçables pour motiver, stimuler et gratifier les équipes. Ils contribuent à la relance économique et à la bonne ambiance sociale. Réunir les troupes en séminaires permet de recréer des liens dont profitent les entreprises par ricochet, avec un retour sur investissement », note Coach Omnium. En parallèle, l’événementiel (afterworks, roadshows, cocktails, dîners, conférences de presse…) qui avait fortement décliné il y a quelques années reprend des couleurs. 72 % des entreprises interrogées disent avoir organisé une telle opération l’année dernière, quand elles n’étaient que 39 % en 2017. De même, on constate une forte reprise pour les opérations d’incentive pour stimuler, motiver et récompenser, mais aussi, dans un marché de l’emploi tendu pour certaines branches, afin de fidéliser des salariés qui pourraient être tentés d’aller voir ailleurs.

Cela se traduit également par un retour en grâce des activités annexes proposées en marge d’une réunion de travail que les entreprises avaient sacrifiées sur l’autel de la rentabilité depuis quelques années, et notamment des team buildings. Avec pour fer de lance des activités ludiques et participatives (chasse aux trésors, escape games, cours de cuisine, peintures et sculptures collectives…) ou encore de plus en plus écoresponsables, en droite ligne avec les engagements RSE des entreprises. Du nettoyage collectif d’une plage à la mise en place d’une opération humanitaire, les déclinaisons sont nombreuses. « Les nouvelles générations recherchent l’authenticité et se mobilisent pour des causes qui leur tiennent à cœur, les prestataires doivent s’adapter et innover », explique Nathalie Leduc, directrice de la communication de 1001 Salles.

 L’hôtel de nouveau attractif

On les avait enterrés un peu vite, les considérant dépassés, voire ringards. Les hôtels font leur grand retour sur le devant de la scène ! Ces dernières années, ils ont su adapter leurs offres en aménagement de nouveaux lieux de réunion, moins aseptisés et plus inspirants, ont multiplié les espaces de coworking et de convivialité. Les entreprises les plébiscitent à nouveau : 72 % déclarent y avoir organisé un événement en 2023, contre seulement 40 % en 2019. La possibilité de trouver, sous un même toit, une salle pour travailler, un restaurant pour partager un moment festif et des chambres constitue, bien évidemment, un argument décisif. D’autant que si, ces dernières années, la durée des réunions avait fortement diminué pour se concentrer sur une journée, voire une demi-journée, par souci d’économies, on constate, depuis deux ans, un regain d’intérêt pour des séminaires résidentiels avec une nuit à l’hôtel. 52 % des entreprises disent avoir organisé un événement de deux jours en 2023, quand elles n’étaient que 25 % en 2017.

La formule – essentiellement utilisée pour les cadres et les commerciaux – permet de s’extirper un peu plus longtemps du décor habituel de travail, de fournir une respiration et de mieux connaître ses collègues. Encore faut-il éviter le sinistre établissement en bord d’autoroute ! À contre-courant des tendances constatées depuis quelques années qui voyaient les 3 étoiles plébiscités, les entreprises desserrent un peu plus les cordons de la bourse depuis deux ans en optant davantage pour des hôtels 4 et même à nouveau 5 étoiles. Ces derniers intéressent des secteurs tels que la finance ou le luxe, mais aussi les comités de direction qui veulent se réunir hors des bureaux, par discrétion ou pour réfléchir dans un cadre inspirant. Avec leurs établissements de plusieurs dizaines, voire centaines, de chambres, et leur pouvoir de commercialisation, les grandes chaînes hôtelières constituent un interlocuteur privilégié. Certaines ont même dédié plus particulièrement une enseigne au tourisme d’affaires (sans refouler les autres clientèles !), à l’instar du groupe Accor avec Pullman, dont les installations ont été adaptées et les équipes formées.

Pour autant, les petits groupes apprécient toujours de se réunir dans un lieu moins conventionnel. Les châteaux et demeures de caractère ou les musées cassent la lassitude et apparaissent comme valorisants. Alors que l’aspect hors cadre des lieux atypiques, tels que les usines désaffectées ou les lots réhabilités, fait le bonheur des entreprises à la recherche d’un espace qui marquera les esprits, notamment pour de l’événementiel où il faut étonner les invités. À ce titre, on constate également une demande croissante pour les tiers-lieux, parfaitement en phase avec les attentes RSE qui sont de plus en plus prégnantes. Huit organisateurs sur dix évoquent d’ailleurs ces attentes comme une demande régulière ou occasionnelle, quand ils n’étaient que deux sur dix en 2016. Les entreprises attendent de leurs prestataires qu’ils aient une démarche environnementale sous la forme d’engagements, de prestations ou de souscriptions à des labels environnementaux. Mais en creusant, malgré les bonnes intentions annoncées, on constate que l’écologie demeure encore un critère complémentaire, le prix et la disponibilité demeurant prédominants. Par ailleurs, seulement 30 % des entreprises réalisent un bilan carbone de leurs événements.

 Des budgets qui restent sous surveillance

Avec la généralisation du télétravail, les entreprises réorganisent leurs bureaux et se délestent de mètres carrés. Les sommes ainsi économisées peuvent être partiellement dépensées pour organiser des séminaires et incentives à l’extérieur. Par ailleurs, en 2022 et 2023, de nombreuses entreprises ont dépensé les budgets non utilisés pendant le Covid. En 2024, on observe davantage de négociations, de mise en concurrence entre prestataires et entre destinations. Pour autant, le marché demeure porteur. Les budgets varient selon le profil des participants et de la politique voyage de l’entreprise, car, à l’instar des déplacements professionnels, le tourisme d’affaires est de plus en plus souvent – au moins dans les grandes sociétés – rattaché à la direction des achats qui contrôle avec rigueur la moindre dépense ! Les fourchettes déclaratives demeurent très larges et les chiffres sont généralement discrets (il est toujours difficile de justifier un séminaire lorsque l’on refuse des augmentations de salaire !). Les entreprises disent majoritairement consacrer un budget oscillant entre 60 et 130 € par personne pour une journée d’études, de 200 à 300 € pour un séminaire résidentiel de deux jours. Face à la multiplication des devis depuis quelques années (qui avait vu les prestataires mettre en place un code de bonne conduite afin d’éviter les excès), les comportements semblent évoluer. 70 % des entreprises disent ainsi demander entre deux et trois devis pour une opération. Pour autant, 6 % affirment encore dépasser les six devis et peuvent parfois aller jusqu’à 12 ! Autre tendance qui rend complexe l’organisation du travail chez les prestataires : les délais se font toujours plus courts, avec la difficulté de ne pas trouver le bon lieu ou les chambres d’hôtels disponibles. 65 % des entreprises disent préparer leur événement entre un et trois mois à l’avance pour des manifestations de moins de 200 personnes. Ce délai se rallonge pour les opérations les plus complexes, qui réunissent plusieurs centaines de personnes ou sont organisées à l’étranger. Il s’agit là d’une des autres grandes tendances depuis deux ans. Après avoir fortement diminué leurs voyages par-delà les frontières de l’Hexagone, tant pour faire des économies que dans le cadre de leur politique RSE visant à privilégier les déplacements courts, les entreprises rêvent à nouveau à des contrées plus lointaines. Près du tiers des entreprises établies en France disent avoir organisé une réunion à l’étranger durant l’année dernière, contre 20 % en 2022, renouant ainsi avec le niveau d’avant-Covid. Dans 85 % des cas, ces opérations se déroulent en Europe, plus marginalement en Afrique dans des pays comme le Maroc ou la Tunisie.  Quant aux longs déplacements à l’île Maurice ou aux États-Unis, ils sont passés de mode, sauf pour quelques cas particuliers comme des voyages de récompense pour des clients ou distributeurs.             

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