Le gouvernement introduira, à partir du 1er novembre 2019, la dégressivité dans l’indemnisation accordée aux chômeurs. Ne seront concernés que les 10 % des salariés les mieux payés. Ces cadres verront leur indemnisation réduite de 30 % à partir de 7e mois de chômage. Une mesure injuste, selon les syndicats et nombre d’économistes.
Lors de sa présentation de la réforme de l’assurance-chômage, le 18 juin, le gouvernement a confirmé l’introduction, le 1er novembre 2019, de la dégressivité dans l’indemnisation accordée aux chômeurs. Dans un « but de justice sociale », ne seront toutefois concernés que les très hauts revenus (plus de 4 500 euros brut). Ceux-ci verront leur indemnisation réduite, au début du 7ème mois d’indemnisation, de 30 % – avec un plancher fixé à 2 261 euros nets, sous lequel l’allocation ne pourra baisser.
« Tous les salariés qui ont un salaire inférieur à 4 500€ bruts par mois ne seront pas concernés par cette mesure. Ce seront donc uniquement les 10 % des salariés les mieux rémunérés de notre pays qui seront impactés, des personnes en mesure de retrouver un emploi plus vite que les autres », a expliqué Muriel Pénicaud. À noter que les plus de 57 ans ne seront pas concernés non plus, « car il est difficile à cet âge de retrouver un emploi », précise la ministre du Travail.
Selon Edouard Philippe, cette dégressivité, destinée à faire économiser de l’argent à l’Unédic, devrait permettre de « revoir un système qui permet d’obtenir des niveaux d’indemnisation pour les salaires élevés qui sont trois fois supérieurs à ce qui se passe chez nos voisins européens ».
« Les cadres sont injustement stigmatisés »
Avant même que le gouvernement ne présente sa réforme, les syndicats Ugict et CFE-CGC avaient lancé une pétition contre cette mesure, qui touchera en particulier les cadres. « Concrètement, cela signifie que pour celles et ceux qui ne retrouveront pas immédiatement de travail, le montant des allocations chômage baissera et ne leur permettra plus de maintenir leur niveau de vie. Cadres ou non, cette situation nous concerne tous et toutes car une fois expérimentée, n’en doutons pas, la dégressivité sera étendue à tous les autres salariés au prétexte de l’équité », indiquent les organisations.
Selon les syndicats, le gouvernement « stigmatise » les cadres, en « prétendant que ces derniers sont des favorisés, et que le montant trop ‘généreux’ de leurs allocations chômage ne les incite pas » à chercher un travail. D’après eux, Edouard Philippe et Muriel Pénicaud « oublieraient » aussi que les cadres, étant peu au chômage, touchent des cotisations qui représentent 42 % des ressources du régime, et des allocations qui comptent seulement pour 15 % des dépenses.
La dégressivité des indemnités pour les plus hauts salaires, promesse de campagne d’Emmanuel Macron, est aussi loin de faire l’unanimité chez les économistes : interrogés par Courrier Cadres en octobre 2018, Éric Heyer, de l’OFCE, et Gilbert Cette, professeur d’économie à l’Université d’Aix-Marseille, estimaient ainsi que cette mesure n’auraient que « peu d’efficacité » sur le chômage, et serait « injuste » pour les cadres, qui « cotisent beaucoup plus qu’ils ne coûtent en indemnisations ».