Le LBO est généralement craint des dirigeants d’entreprise qui ont peur de se retrouver assommés par les dettes ou de perdre totalement le contrôle de leur société au profit des investisseurs. Ce montage financier peut pourtant être intéressant pour financer une forte croissance. À condition de savoir dans quoi on met les pieds.
Le LBO a longtemps eu mauvaise presse. Notamment au sortir de la crise de 2008, car considéré comme un symbole de la folie spéculative d’alors. Depuis quelques années, ce montage financier est en train de retrouver ses lettres de noblesse. En 2018, plus de 230 opérations ont été nouées, contre 211 en 2017 et 150 en 2014 (chiffres Capital Finance). Des opérations qui sont des LBO primaires pour 60 % d’entre elles : de plus en plus d’entreprises s’ouvrent donc à ce montage financier. Mais les entreprises ont-elles raison de répondre aux sirènes du LBO : peut-il vraiment les aider à se développer ? Ou doivent-elles redouter une perte d’autonomie et surtout un trop fort endettement ? Le débat est lancé : si le LBO est un formidable moyen d’accélérer sa croissance, il est aussi truffé de pièges. Comme le résume bien Laurent Majubert, associé EY : “Le LBO donne l’occasion de monter dans une Formule 1 : c’est plus rapide mais plus exigeant.”
Le LBO ou Leverage Buy-Out (rachat avec effet de levier) est un montage financier qui permet à un fonds d’investissement d’acheter une entreprise en recourant à de l’endettement. Cette dette est remboursée par l’entreprise achetée grâce aux revenus qu’elle génère. Le LBO dure généralement 5 ans et aboutit dans la plupart des cas à la cession de l’entreprise sous LBO à un autre fonds d’investissement (toujours sous forme de LBO) et parfois à un industriel. Dans quelques rares cas, l’entreprise est introduite en bourse ou rachetée par les dirigeants. Par cette opération, l’investisseur cherche à réaliser une belle plus-value, tandis que l’entreprise sous LBO bénéficie de financements qu’elle n’aurait pas pu obtenir. Étant donné que cette opération repose sur de l’endettement, la société sous LBO doit être capable de rembourser cette dette. “Qui dit LBO dit levier : la priorité est le remboursement de la dette et une société qui ne génèrerait pas assez de cash flow court un risque financier”, avertit Pierre Decré, directeur associé de Parquest Capital, qui conseille de négocier avec le fonds des covenants larges avec de grandes marges de manoeuvre en matière de renégociation.
Générer du cash flow
Une fois ces précautions prises, le LBO peut présenter de nombreux avantages. “Le principal avantage réside dans le fait que l’entreprise garde son autonomie dans la manière de définir sa stratégie tout en bénéficiant de l’accompagnement d’un actionnaire professionnel. Ce qui lui permet de se développer”, pointe Laurent Majubert. En effet, lorsqu’il achète une entreprise, le fonds d’investissement achète le plan de développement établi par les managers. Et son but sera non pas de s’immiscer dans la stratégie mais que les objectifs soient bien réalisés afin que l’entreprise prenne de la valeur.
“Les investisseurs vont professionnaliser les entreprises qu’ils rachètent en les mettant au carré au niveau des processus. Par ailleurs, les fonds apportés permettent généralement à l’entreprise de mener des acquisitions. Cette dernière bénéficie également du professionnalisme des investisseurs dans ce domaine”, explique Mathieu Wallich-Petit, associé KPMG, soulignant que, de plus, c’est le fonds qui recherchera les financements.
Bien sûr, tout n’est pas rose au pays des LBO. Si l’actionnaire ne dirige pas l’entreprise, il s’agit quand même de lui rendre des comptes, ce qui peut générer une certaine pression. D’autant plus que la vision du fonds est court-termiste : il s’agit donc de veiller à conserver pour son entreprise une vision à long terme pour ne pas avoir une stratégie uniquement financière. Oui au LBO, mais avec précaution !