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Coronavirus et allocations chômage : le gouvernement suspend la dégressivité pour les cadres

Après le report des nouvelles règles de calcul de l’allocation chômage, les syndicats ont obtenu la suspension de la dégressivité pour les plus hauts salaires, qui concerne les cadres. “On découvre qu’ils ne sont pas que des vaches à lait, mais un rouage essentiel de l’économie”, se félicite la CFE CGC.

Le 1er mai, la dégressivité de l’allocation chômage pour les plus hauts salaires, mise en place en novembre 2019, devait commencer à être appliquée. Concrètement, les modalités d’indemnisation tenant compte du niveau de revenu, les salariés de moins de 57 ans qui avaient un revenu du travail supérieur à 4 500 euros bruts par mois étaient censés voir leur indemnisation réduite de 30 % au début du septième mois d’indemnisation.

Mais face au coronavirus, et après avoir obtenu du gouvernement le report des nouvelles règles de calcul du montant de l’allocation chômage, initialement prévue le 1er avril, les syndicats ont demandé la même chose pour cette autre mesure, qui doit toucher plus spécifiquement les cadres.

“Durant la première semaine de confinement, le gouvernement a pris des mesures qui vont dans le bon sens tout en continuant à discriminer la population cadre. Elle augmente encore l’iniquité de traitement entre un chômeur cadre et un chômeur non-cadre. Car l’impossibilité de trouver un emploi face à une économie à l’arrêt est une réalité tout autant pour un cadre que pour un non-cadre”, écrivait la CFE-CGC dans un communiqué, fin mars.

 

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Une suspension en deux temps

Ce 15 avril, un décret publié au Journal officiel suspend la dégressivité, tout en distinguant deux cas de figure. Ceux dont l’ouverture des droits a été faite avant le 1er mars bénéficieront d’un répit pour un temps correspondant au nombre de jours entre le 1er mars et une date fixée par arrêté qui ne pourra pas excéder le 31 juillet. Pour ceux qui ont ouvert des droits après le 1er mars, la durée de la suspension est égale au nombre de jours compris entre le point de départ de l’indemnisation et cette même date fixée par l’arrêté.

 

Vers une crise de l’emploi cadre ?

Pour la CFE CGC, il s’agit d’une victoire. “La nécessité de remettre les usines en marche exige un effort important. Et l’on découvre que les cadres ne sont pas que des vaches à lait, mais un rouage essentiel de l’économie”, nous indique Pierre Roger, négociateur de la CFE-CGC et délégué national à la protection sociale.

“Nous avons toujours considéré qu’il fallait nuancer nos propos par le fait que par le chômage, il y a des personnes extrêmement précarisées. Mais la dégressivité est inefficace, contreproductive (car elle pousse les gens à accepter des emplois moins qualifiés que ceux auxquels ils pourraient avoir droit), et injuste, car ceux visés sont ceux qui ont le plus contribué à l’assurance chômage. Les cadres aussi sont concernés par l’impossibilité de trouver un emploi face à la crise du coronavirus”, remarque de son côté François Hommeril, président de la CFE CGC, qui se félicite de cette suspension.

“Ce que nous craignons en revanche, c’est qu’après la crise sanitaire, le nombre d’entreprises ferment les vannes des recrutements de cadres. Et nous pourrions nous attendre à une crise de l’emploi pour ces derniers”, ajoute-t-il. Tout en rappelant que le syndicat continue de réclamer la suppression de cette mesure.

 

 

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