Management

Encadrer le télétravail : les entreprises et les partenaires sociaux en pleines négociations

Alors qu’Olivier Véran exhorte les entreprises à favoriser le travail à distance, les entreprises multiplient les négociations pour l’encadrer. Entre 200 et 300 accords de télétravail sont ainsi discutés actuellement, selon Benoît Serre, vice-président de l’ANDRH. Dans le même temps, le patronat et les syndicats devraient plancher en novembre sur un accord national.

Alors que seulement 10 % des salariés travaillent aujourd’hui à domicile (contre 50 % en mai dernier), Olivier Véran exhorte les entreprises à favoriser “autant que possible” le télétravail, dans un contexte de rebond du Covid-19. Le travail à distance est ainsi “recommandé et très encouragé, dès que c’est possible, pour les gens porteurs de maladie, dans les zones d’alerte renforcée et les zones d’alerte maximale”, a indiqué le ministre de la Santé au “Grand Jury” RTL-Le Figaro-LCI.

Actuellement, entre 200 et 300 accords de télétravail seraient en cours de négociation dans les entreprises, selon Benoît Serre, vice-président de l’ANDRH, l’association des directeurs de ressources humaines. À France Info, il a ainsi précisé que des organisations comme Danone, Schneider Electric, le groupe Avril, la MGEN et Framatome, sont d’ores et déjà en train de tenter “d’étendre et de pérenniser” ce qui existe déjà.

Les entreprises qui avaient des accords qui prévoyaient 1 jour par semaine de travail à distance seraient notamment “en train de passer à 2 ou 3 jours.”

 

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Vers un accord national ?

Dans le même temps, le patronat et les syndicats ont prévu d’ouvrir, en novembre, des négociations pour aboutir à un accord national sur le télétravail. Selon le Medef, la CPME et l’U2P, ces négociations auraient pour vocation de “rappeler les grands principes de droit applicable” et d’identifier “les nouvelles questions à se poser afin d’y apporter un éclairage”. Les tractations pourraient notamment porter sur “la réversibilité” du travail à distance, l’anticipation de sa mise en place, la diversité des lieux de travail (coworking, tiers lieux), la formation des managers, les pratiques managériales, l’intégration des nouveaux collaborateurs et le handicap.

Élisabeth Borne, ministre du Travail salue une “véritable avancée”. Selon elle, un accord permettrait de “répondre à une attente sociétale forte”. Et d’estimer qu’un référentiel serait “utile pour les entreprises”.

Mais certaines organisations syndicales, comme la CGT et la CFTC demeurent prudentes. Elles réclament en effet un accord national interprofessionnel (ANI) pour interdire une généralisation du télétravail sur une semaine travaillée, et “encadrer plus rigoureusement la charge de travail”. Mais elles regrettent que le patronat s’oriente vers un accord uniquement “incitatif”, plutôt que “normatif et prescriptif”.

 

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L’occasion de revoir “le système managérial”

Benoit Serre n’est de son côté “pas favorable à un accord national”, car “cela risque de freiner le mouvement enclenché par les entreprises, qui négocient actuellement sur le sujet”. D’après un sondage réalisé en juin par l’ANDRH et le cabinet de conseil BCG, 85 % des DRH jugent “souhaitable” le “développement pérenne” du télétravail dans leur organisation. Mais une majorité d’entre eux préfère un “modèle hybride”, qui limiterait le télétravail à 2 jours par semaine en moyenne.

Selon la même étude, 64 % des DRH attendent du télétravail des gains de productivité, et 88 % sont conscients des risques que cette pratique peut faire peser sur le sentiment d’appartenance ou la cohésion entre salariés. Cette adoption du télétravail devra s’accompagner d’une “refonte du système managérial” pour 93 % d’entre eux.

 

 

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