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[Open Mind] Business et régulation climatique : La réponse du secteur privé

Alors que les pays s’efforcent de trouver une réponse commune à la menace grandissante posée par les changements climatiques, un nouvel élan du secteur privé prend forme, prenant conscience qu’il faut agir pour de nombreuses raisons. Par Bastiaan van der Linden, PhD, professeur associé de responsabilité sociétale de l’entreprise.

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Quand Donald Trump a annoncé son intention de sortir son pays de l’Accord de Paris sur le changement climatique en 2017, beaucoup y ont vu un bouleversement pour les fragiles efforts déployés par les États-nations face à l’une des plus grandes menaces pour la planète.

Cette annonce est intervenue moins de deux ans après qu’un consensus mondial ait été établi, non sans mal, à la conférence de la COP 21, au cours de laquelle les nations se sont engagées à mener des actions pour lutter contre les émissions de gaz à effet de serre (GES) et limiter la hausse de la température mondiale. Néanmoins, de nouveaux systèmes de mesure et de plafonnement des émissions de CO2 sont en cours d’adoption et des innovations – et par conséquent, des modèles commerciaux – semblent voir le jour partout. Cette impulsion ne vient pas uniquement des gouvernements, mais également du secteur privé.

 

Étude de cas

Les initiatives du secteur privé visant à lutter contre le changement climatique prennent plusieurs formes. L’initiative Science-Based Targets a pour but d’attribuer aux entreprises un rôle majeur dans la réduction des émissions mondiales de GES, en intégrant la définition d’objectifs fondés sur la science dans la pratique commerciale courante. Les entreprises fixent des objectifs pour réduire leurs émissions de CO2 en fonction de leur « répartition équitable » sur la réduction totale exigée dans le monde.

Une autre initiative, appelée Carbon Disclosure Project, est l’une des plus grandes normes en matière de déclaration des émissions dans le privé. C’est aujourd’hui la norme qu’utilisent des milliers de sociétés dans leur communication avec les investisseurs, les gouvernements et les autres parties prenantes.

Il y a également des entreprises qui développent leurs propres initiatives. Un certain nombre de grandes entreprises comme Unilever intègrent le prix interne du carbone, incitant à réduire en interne les émissions de GES grâce à l’innovation.

Les entreprises ont différentes raisons de vouloir s’engager dans la réglementation du secteur privé, y compris pour influencer la réglementation publique, se préparer à l’introduction d’une réglementation publique plus stricte ainsi que démontrer leur responsabilité sociale de l’entreprise aux parties prenantes de plus en plus préoccupées par l’avenir de la planète. L’absence d’une approche concertée mondiale des États-nations ne veut pas dire que le secteur public n’intervient pas. Aux États-Unis, un certain nombre d’États et de villes prennent des mesures pour réglementer les émissions. Au niveau européen, les systèmes d’échange et d’autorisation qui fixent les plafonds pour les émissions de CO2 et de GES de certains secteurs commencent à fonctionner, la tarification plus stricte incitant davantage les entreprises à agir.

En ce qui concerne les changements climatiques, il existe en réalité une sorte de symbiose entre la réglementation publique et privée, car celles-ci se développent simultanément.

Une réglementation privée qui est proposée par ceux qui ont une connaissance approfondie du secteur concerné, peut être plus facile à adapter et mieux acceptée par ce secteur. La réglementation publique peut accélérer les progrès, fixer des objectifs significatifs et assurer la crédibilité.

L’interaction entre le secteur public et le secteur privé donne également naissance à de nouveaux modèles commerciaux. Les constructeurs automobiles comme Volkswagen, GM et Daimler-Benz réagissent aux mesures prises par de nombreuses villes pour réduire la circulation automobile dans leur centre-ville – pour des raisons environnementales et autres, comme la réduction des embouteillages – en se lançant dans l’autopartage.

Les entreprises cherchent également d’autres moyens de contribuer – et de s’attribuer tous les mérites – à la réduction des émissions au-delà de leurs propres activités de production, en cherchant par exemple à influencer les consommateurs à réduire leur empreinte carbone. Une entreprise étudie actuellement la façon dont elle peut reformuler ses shampooings pour encourager les consommateurs à prendre des douches plus courtes. De toute évidence, c’est beaucoup plus difficile que de prendre des mesures directement sous le contrôle de l’entreprise et cela conduit à des questions compliquées sur la manière de calculer les réductions d’émissions et de désigner à qui revient tous ces mérites.

 

La nécessité d’agir

Si l’engagement du secteur privé dans la lutte contre le changement climatique offre un peu d’espoir, il est important de remarquer le niveau encore embryonnaire de ce mouvement alors même que l’élévation du niveau des mers et la fréquence croissante des phénomènes météorologiques extrêmes alertent sur le besoin urgent de prendre des mesures significatives.

Le changement climatique devient une importance stratégique pour le secteur privé et les entreprises individuelles commencent à montrer qu’il est possible de découpler la croissance des émissions. Nous pouvons démontrer que ces mécanismes fonctionnent et essayer de les améliorer davantage, mais cela s’avère plus difficile à appliquer dans une économie mondiale complexe.

 

 

 

L’auteur

Bastiaan van der Linden est professeur agrégé de RSE à l’EDHEC Business School. Il a de l’expérience en tant que consultant, en recherche universitaire et en éducation aux entreprises.  Ses recherches se situent à l’intersection entre l’éthique, les affaires et la stratégie/gouvernance .

 

 

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