Constatant une “érosion” du recours au télétravail depuis novembre 2020 et la fin du second confinement, Elisabeth Borne a appelé les chefs d’entreprise et les salariés à “se remobiliser”. Elle a notamment annoncé la tenue de “concertations” avec les partenaires sociaux pour que “les règles sanitaires soient bien appliquées”, et que les organisations où le travail à distance est possible mais non appliqué, jouent le jeu.
Alors que la perspective d’un troisième confinement se fait toujours plus pressante, le gouvernement appelle le monde du travail à jouer le jeu du télétravail. “Aujourd’hui, près d’un tiers des actifs en France peut télétravailler facilement, et participer ainsi à la lutte contre le coronavirus. Mais il apparait que le recours au travail à distance s’est érodé depuis décembre”, a constaté Elisabeth Borne, lors de la dernière conférence de presse du gouvernement, consacré à la crise sanitaire.
Selon une étude de l’institut Harris pour le ministère du Travail, seuls 64 % des actifs pouvant télétravailler partiellement le faisaient à la mi-janvier, contre 70 % deux mois auparavant. Soit une baisse de 6 points. En parallèle, 30 % seulement de ceux qui pouvaient télétravailler à 100 % le faisaient fin janvier, contre 45 % début novembre. Soit une baisse de 15 points.
“Chaque employeur doit se mobiliser”
“Je sais que nous demandons un effort considérable aux salariés, et que pour beaucoup, le télétravail est difficile à vivre. Mais nous n’avons pas le choix. Il faut nous remobiliser, car le télétravail est un levier essentiel pour limiter la circulation du virus”, a commenté Elisabeth Borne. Et de citer une étude récente menée par l’épidémiologiste Arnaud Fontanet, qui indique que les risques de contamination “sont diminués de 20 % pour les personnes qui sont en télétravail partiel, et de 30 % pour celles qui sont à temps complet”.
“Nous n’entendons pas revenir sur les règles actuelles, mais c’est sur leur application effective par toutes les entreprises, et par tous les salariés, qu’il est indispensable de progresser”, a affirmé Elisabeth Borne. La ministre a ainsi demandé à “chaque employeur de se mobiliser” sur deux priorités.
Première priorité : “réduire la part des salariés qui ne télétravaillent pas du tout”. Les enquêtes dont le gouvernement dispose montrant “qu’au moins un tiers des salariés dont les postes sont télétravaillables ne télétravaillent pas du tout”. Objectif du ministère du Travail : faire en sorte que ces 2,5 millions de salariés “se mettent ou se remettent à travailler à distance”.
Un relâchement “plus prononcé” dans 5 activités de services
Deuxième priorité : faire en sorte que les salariés qui télétravaillent aujourd’hui 1 ou 2 jours par semaine “fassent au moins un jour de télétravail en plus”. S’agissant des actifs télétravaillant à 100 %, Elisabeth Borne a annoncé que la possibilité pour eux de revenir “s’ils en ont besoin” au bureau, serait maintenue. “Il est important de redonner à ces personnes qui souffrent parfois d’isolement, des moments de lien social. Cela devant rester une soupape, en cas de nécessité”, a estimé la ministre.
Selon une autre étude du ministère du Travail, un “relâchement plus prononcé” aurait été constaté dans 5 activités du secteur tertiaire : l’édition / audiovisuel (- 10 points depuis novembre), les banques et assurances (- 8 points), les avocats et architectes (- 7 points), l’informatique (- 6 points), et l’immobilier (- 4 points).
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“Je réunirai les branches professionnelles concernées en début de semaine prochaine, pour m’assurer que les mesures nécessaires auront été prises”, a annoncé Elisabeth Borne. “Le bon équilibre se définit dans le dialogue social, au plus près du terrain. C’est pourquoi j’appelle tous les chefs d’entreprise et les représentants des salariés à organiser des concertations en interne, dans les meilleurs délais”, a-t-elle ajouté.
La ministre du Travail a indiqué avoir envoyé, le 3 février 2021, une “lettre de mobilisation en ce sens aux responsables des principales organisations patronales et syndicales”. Elle a aussi précisé, “pour que ces règles soient bien appliquées”, avoir “demandé à l’inspection du travail de rester mobilisée”. Depuis mars 2020, celle-ci aurait effectué près de 65 000 interventions sur l’application des règles sanitaires en entreprise.