60 % des cadres trouvent le télétravail difficile psychologiquement, mais ils n’en restent pas moins engagés et performants, d’après une étude menée par Hogan Assessments. Le travail à domicile aurait même entraîné une hausse de leur productivité, selon la même enquête, mais aussi un récent rapport de l’Institut Sapiens.
Alors qu’une troisième vague de Covid-19 se profile, et avec elle un potentiel reconfinement, le télétravail reste plus que jamais la norme. Mais dans le même temps, salariés et cadres sont épuisés par une année de travail en “mode crise”. Selon Empreinte Humaine, 50 % des salariés comme des managers sont actuellement en situation de “détresse psychologique”.
Mais malgré cela, les cadres demeurent fidèles à leur entreprise et impliqués. Selon une enquête menée à l’échelle européenne par Hogan Assessments, entreprise spécialisée dans l’évaluation de la personnalité et de la performance, si 60 % d’entre eux trouvent le télétravail généralisé actuel “difficile à supporter psychologiquement”, 86 % affirment rester motivés et “investis dans leur entreprise”. 42 % d’entre eux se disent même “très engagés”.
LIRE AUSSI : Télétravail : 83 % des cadres veulent continuer après la crise
Un “lien émotionnel” avec l’entreprise resté fort
“L’engagement fait référence à la motivation et au lien émotionnel que les cadres ont avec leur entreprise et leur travail. Ils se sentent investis lorsque leur travail et la culture de l’entreprise correspondent à leurs motivations et à leurs valeurs. Leur engagement est aussi déterminé par l’efficacité du leadership et la personnalité des dirigeants”, analyse Ryne Sherman, psychologue et directeur scientifique de Hogan Assessments.
En outre, plus de 60 % des cadres interrogés estiment avoir “reçu un soutien adéquat de leur supérieur hiérarchique” après le passage au télétravail, tandis que plus de 80 % ont affirmé que leur employeur les avait “soutenus dans leur adaptation” au travail à distance. “Les employés savent que les défis du télétravail ne sont pas le résultat de l’incompétence de leur employeur, mais d’une pandémie mondiale. Ils savent également que tout le monde traverse les mêmes difficultés et, par conséquent, leur engagement émotionnel envers leur entreprise reste aussi élevé, voire plus élevé, qu’il ne l’était avant le télétravail généralisé”, ajoute Ryne Sherman.
LIRE AUSSI : Un an de crise : Le télétravail plaît aux dirigeants, mais beaucoup moins aux managers
Une productivité en hausse ?
Selon une étude d’Odoxa, 60 % des 18-24 ans ont actuellement le sentiment d’être moins efficaces à distance. Ce n’est pas le cas des plus de 25 ans, qui se sentent tout autant productifs, à hauteur de 70 %. L’enquête de Hogan Assessments conforte cette idée selon laquelle l’expérience et l’autonomie semblent essentielles à l’efficience du travail à distance : 42 % des cadres interrogés affirment être “tout aussi productifs que lorsqu’ils travaillent au bureau”, et 44 % affirment être “plus productifs”.
En parallèle, un rapport de l’Institut Sapiens, pas encore publié mais dévoilé lundi 15 mars par Le Parisien, dresse le même constat. Le think tank libéral estime ainsi que le télétravail généralisé aurait permis en 2020 d’augmenter de 22 % la productivité des salariés, “selon une hypothèse basse”.
Pour parvenir à ce chiffre, l’Institut Sapiens s’appuie sur “diverses études” réalisées auprès d’entreprises, et se base sur l’hypothèse d’un “taux de recours de 40 % lors du premier confinement et de 25 % lors du deuxième, à raison d’une durée de travail de 7 heures par jour”.
Comment expliquer une telle hausse de productivité ? Par “une augmentation des temps de travail et de sommeil”, une réduction des temps de trajet, ainsi qu’une “forte réduction des réunions inutiles”. Dans Le Parisien, Dominique Calmels, co-fondateur de l’Institut Sapiens, note que le télétravail a aussi “entraîné la réduction du nombre de distractions (pauses-café, long déjeuner, bruit), tout en augmentant la motivation par la responsabilisation”. Mais il se garde bien de faire l’apologie du “full remote”, qui risquerait in fine de provoquer “une productivité décroissante” : dans le rapport, il préconise plutôt 2 à 3 jours de travail à domicile par semaine.
LIRE AUSSI : Covid-19 : comment les salariés sont restés productifs malgré un télétravail précipité
“Tout le monde peut sembler engagé et motivé lors d’une visio”
De son côté, Hogan Assessments recommande aux dirigeants et aux RH de ne pas se fier aux apparences, et de rester vigilants face à ceux qui se désengagent, mais qui ne le montrent pas forcément. “Tout le monde peut sembler engagé et motivé lors des visio-conférences hebdomadaires, mais il est difficile de repérer qui a vraiment du mal à relever les défis du télétravail. Il est important que les dirigeants gagnent la confiance de leurs employés, cadres ou non, afin qu’ils puissent avoir avec eux des conversations honnêtes sur l’engagement, et sur ce qui peut être fait pour les maintenir motivés”, explique Zsolt Feher, directeur Europe de Hogan Assessments.
“L’un des avantages du télétravail est qu’il y a moins de confusion entre activité et productivité. Certains sont très doués pour être ‘vus’ sur leur lieu de travail, sans pour autant accomplir beaucoup de choses. Le travail à distance exige d’eux des résultats tangibles, car leur aptitude à faire bonne figure n’est plus aussi efficace. Pour maintenir l’engagement et la productivité des salariés en règle générale, les dirigeants devraient redoubler d’efforts pour fixer régulièrement des objectifs précis, avec des délais, comme ils le feraient en présentiel”, ajoute-t-il.