Entreprise

Vaccination Covid-19 en entreprise : des débuts encore timides

Selon les derniers chiffres du secrétariat d’Etat chargé de la santé au travail, 26 400 injections ont été réalisées depuis mars 2021 par la Médecine du travail sur des salariés de plus de 50 ans avec comorbidité, hors professions de santé. Un nombre extrêmement faible comparé aux 8 millions de personnes de cette classe d’âge qui ont reçu au moins une dose dans la même période.

À ce jour, 13 millions de Français ont reçu au moins une dose d’un vaccin contre le Covid-19, et 5 millions en ont reçu deux. Et en entreprise ? Selon les dernières données du secrétariat d’Etat chargé de la santé au travail, qui datent du 15 avril 2021, quelque 26 400 injections ont été réalisées depuis le 25 février dernier (quand il est devenu possible de se faire vacciner en entreprise), sur des salariés âgés de plus de 50 ans avec comorbidité (pathologies cardiovasculaires, diabète…).

Dans le détail, 25 300 ont reçu une première dose, et 1 100 une deuxième dose. Un chiffre infinitésimal, comparé à celui des personnes de cette classe d’âge qui ont été vaccinées en France dans la même période. Ainsi, entre fin février et mi-avril, ce sont 7,7 millions de personnes de plus de 50 ans qui ont reçu au moins une dose, et 2,4 millions une deuxième. Soit 10 millions d’injections.

Comment expliquer un tel contraste ? Par des difficultés à organiser les rendez-vous, mais surtout par la difficulté à obtenir des doses du vaccin AstraZeneca (ainsi que de Pfizer-BioNtech ou Moderna, désormais proposés aux 50-55 ans). Comme l’expliquait Sibylle Quéré-Becker, directrice du développement social d’Axa France, au Monde début avril, “nous adaptons le rythme de vaccination aux flacons que les médecins reçoivent”. Face à ce manque important de doses, de nombreux services de santé au travail ont ainsi été conduits à freiner les (nombreuses) vaccinations initialement prévues. En outre, les médecins se retrouvent freinés par leur obligation de maintenir le secret médical, qui les oblige à faire en sorte que deux collaborateurs d’une même entreprise ne se croisent pas dans les locaux.

 

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Des employeurs prêts à accélérer

La vaccination des salariés constitue un enjeu important les entreprises, dans l’optique d’une potentielle reprise économique : elle devrait en effet leur permettre d’accélérer les retours au bureau et la reprise des déplacements professionnels. Pour rappel, l’employeur ne peut pas organiser la vaccination pour ses collaborateurs : il est seulement invité à relayer l’information auprès d’eux, et à les orienter. Tout le reste relève du médecin du travail. Au départ, en mars 2021, ces dernières se sont aussi montrées frileuses, et ont finalement peu incité leurs salariés à se faire vacciner ; en raison justement de leur obligation de rester en retrait ; et des difficultés de la médecine du travail à obtenir des doses. Mais leur implication dans la vaccination devrait croître avec l’amplification de la campagne nationale, annoncée par le gouvernement jeudi 22 avril 2021.

En outre, depuis début avril, il n’est plus nécessaire de passer par le seul médecin du travail pour se faire vacciner : un infirmier peut réaliser l’injection. Un soulagement pour beaucoup d’entreprises, pour qui il est désormais possible de ne plus se reposer uniquement sur les 1 691 médecins du travail mobilisés, qui restent de leur côté débordés. Comme l’explique une DRH sur Europe 1, “la première phase a été d’orienter nos collaborateurs vers la médecine du travail. Sauf que l’on voit qu’elle a du mal à se procurer des vaccins et du coup, à pouvoir vacciner un maximum de salariés en général. Nous nous sommes désormais tournés vers des infirmiers libéraux”. Avec la simplification du processus, les employeurs souhaitent ainsi pousser davantage leurs collaborateurs à se faire vacciner, “et les infirmiers croulent sous les demandes”, indique Europe 1.

 

Vers un retour au bureau plus rapide ?

Les médecins du travail, enfin, attendent l’arrivée de doses en nombre plus important et le lancement du vaccin de Johnson & Johnson, afin d’accélérer également leur vaccination des travailleurs. Ils espèrent surtout que les salariés seront moins craintifs quant aux effets secondaires de ce vaccin, et feront davantage confiance en celui d’AstraZeneca. Selon Le Monde, de nombreux services de santé au travail se mobilisent par ailleurs pour rassurer les collaborateurs inquiets. Chez Safran, notamment “un temps relativement long est consacré à l’entretien d’avant vaccination”.

Au total, ce sont 19,7 salariés du secteur privé et 5,8 millions qui travaillent dans le secteur public, soit 25,5 millions de personnes, qui seront potentiellement concernés par la vaccination ; dès lors qu’elle sera ouverte à toutes les classes d’âge. Avec l’accélération annoncée des vaccinations, les entreprises escomptent désormais pouvoir faire revenir leurs salariés au bureau dès septembre 2021. Et également relancer les déplacements professionnels dès la fin de l’été.

Pour accélérer le mouvement en entreprise, Geoffroy Roux de Bézieux, président du Medef, demande aux employeurs de se montrer “souples” durant les mois qui viennent, notamment “si des salariés demandent à prendre deux heures pour faire un aller-retour pour se vacciner”. Et d’ajouter, sur BFM Business, qu’il “est de l’intérêt de tout le monde que la vaccination soit massive, afin de relancer la vie économique”.

 

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