Deux télétravailleurs sur trois préfèreraient retourner au bureau s’ils le pouvaient, uniquement pour être “libérés” des e-mails et des notifications des outils collaboratifs, selon une étude de Superhuman, une application de gestion de courriels. Ils sont aussi nombreux à rêver de journées sans messages.
“Submergés” par les messages de leurs collègues, les salariés en télétravail frôlent “l’e-mail burn-out”. Ils sont nombreux, depuis la crise, à considérer le tri de leur boîte de réception comme trop chronophage, et les discussions en ligne avec leurs collègues comme une source de distraction problématique. Cette profusion de courriels et de notifications issues de Microsoft Teams, Slack ou Facebook Workplace, est aussi à l’origine d’un stress important, et d’une anxiété croissante. Tel est le constat d’une étude récente de Superhuman, une application de gestion de courriels.
Le fléau des notifications Slack / Workplace / Teams
“Ce sont les communications professionnelles qui nous distraient le plus”, constate l’étude. Les notifications issues des conversations et des messages Slack / Workplace / Teams sont “particulièrement gênantes pour les baby-boomers”. Ainsi, 43 % d’entre eux les citent comme une “distraction majeure” ; contre 27,5 % des moins de 40 ans.
Lorsqu’on leur demande ce dont ils ont le plus besoin pour faire une pause, 31 % des travailleurs à distance “souhaitent une pause dans les e-mails”, indique Superhuman. Les autres (25 %) rêvent carrément d’une “journée sans notifications”. En outre, près de deux travailleurs à distance sur trois préféreraient “à nouveau se rendre au bureau, s’ils pouvaient être libérés des courriels et des notifications qui se multiplient”.
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Le « cycle de la réactivité”
Selon l’enquête, la généralisation du travail à distance a aussi “transformé nos habitudes”, en gommant davantage les frontières entre vie personnelle et vie professionnelle. Dès le réveil, nous sommes de plus en plus nombreux à parcourir notre boîte de réception électronique. 77 % des travailleurs à distance “vérifient fréquemment leur travail avant leur routine matinale”, et 46 % le font systématiquement.
Pris dans le “cycle de la réactivité”, les salariés cherchent à “surcompenser” l’absence de rencontres physiques en “envoyant des messages sans fin, et en répondant sans délai”. 63 % des télétravailleurs déclarent être susceptibles de “répondre immédiatement à un e-mail de leur patron” ou de leur équipe, deux fois plus qu’au SMS d’un proche (37 %).
Si l’on analyse la situation en fonction de l’âge des salariés, plus ces derniers sont jeunes, plus ils ont “tendance à passer leurs matinées à la lueur du petit écran”. Ainsi, 31 % des moins de 40 ans consultent leur messagerie professionnelle moins d’une minute après leur réveil. Pour les plus de 40 ans, ce chiffre tombe à 19%.+
“Les boîtes de réception débordantes nous poussent aussi à réévaluer nos carrières”, constate l’étude. Ainsi, 22 % des salariés à distance souhaitent quitter leur emploi actuel “en raison du volume de courrier électronique qu’ils reçoivent”. Les visioconférences trop fréquentes, à l’origine de leur côté d’une “Zoom fatigue” de plus en plus importante, constituent “un point sensible, encore plus important” que les courriels : pour 29 % des télétravailleurs, il s’agit en effet du “problème technologique qui leur donne le plus envie de démissionner.”
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Le droit à la déconnexion conforté
“Notre étude est claire : le travail à domicile a un coût élevé. Nous sommes distraits, inondés d’e-mails et nous avons du mal à apprécier notre travail”, conclut Superhuman. Pour l’entreprise, qui propose une solution de gestion “asynchrone” des courriels, la solution pourrait être le “zéro e-mails”. Mais d’ici là, cette étude conforte la nécessité d’un droit à la déconnexion mieux appliqué.
En France, ce sujet est revenu au cœur des débats. Ce droit fait partie du Code du travail depuis 2016, mais les syndicats critiquent régulièrement sa non application. Même depuis qu’un accord interprofessionnel a été signé pour baliser le télétravail. Tandis que l’UE pourrait bientôt légiférer sur le sujet, la CGT dénonce un ANI “non contraignant”, qui reste loin d’un véritable droit à la déconnexion dédié aux télétravailleurs.