Aménagement des bureaux et écoresponsabilité ne sont pas antinomiques. Mieux, le premier nommé peut devenir un important levier de RSE. Maxime Baffert, fondateur de Bluedigo, start-up spécialiste de la vente de mobilier professionnel reconditionné, présente son modèle.
Quelle est l’idée derrière Bluedigo ?
Auparavant je travaillais dans l’événementiel dans un grand groupe. Je m’étais rendu compte qu’à chaque fois que l’on déménageait, on mettait à la benne la quasi totalité du mobilier de bureau, faute de solution pour lui donner une deuxième vie. Ce gâchis était une pratique courante, avec des dizaines de milliers de tonnes de déchets à la clé. Et ce, souvent sur du mobilier de très grande marque encore en parfait état. Il y avait donc un gâchis écologique et économique flagrant. L’idée et le concept partent de là. J’ai créé la société en juillet 2019 et nous avons fait nos premières ventes en septembre-octobre 2019.
Comment se construit votre offre ?
Concrètement, notre cœur de métier, c’est de proposer aux entreprises du mobilier reconditionné qui a eu une première vie. Du mobilier que nous avons récupéré, nettoyé, réparé quand c’est nécessaire. Nous proposons ensuite ce mobilier à des entreprises pour des réaménagements, à des prix très compétitifs. C’est souvent 50 % moins cher que le neuf.
Nous réalisons notre sourcing auprès de grandes entreprises qui déménagent et nous revendent leur mobilier de bureau à cette occasion. Cela nous permet d’avoir de grandes séries, puis d’opérer le reconditionnement et la revente. Nous ne sommes pas les pionniers du mobilier d’occasion, mais l’ambition depuis le départ est vraiment d’en faire une alternative durable au neuf. Que l’occasion ne soit pas juste réservée aux petits volumes et aux petites entreprises. C’est pour cela que nous récupérons de grandes séries.
[slideshow_deploy id=’24586′]
Qui sont vos clients?
Au début, nous travaillions plutôt avec des PME. Aujourd’hui, nous intervenons aussi auprès de start-up, de grands groupes et d’administrations. Depuis 2020, nous collaborons avec le ministère de l’Intérieur. La nouveauté, cette année, c’est l’obligation légale pour les administrations de consacrer 20 % de leurs acquisitions à des biens reconditionnés, dans le cadre de la loi Agec. Cela amène de plus en plus d’entités publiques à s’intéresser au reconditionné et à passer des commandes en ce sens. Nous pouvons aussi bien proposer des solutions pour une salle de réunion de six personnes que pour l’aménagement de deux étages avec 200 postes de travail. En 2021, nous avons multiplié par quatre notre chiffre d’affaires. En 2022, nous avons déjà réalisé le chiffre d’affaires de l’an dernier en six mois. Il y a un intérêt pour croissant pour des solutions écologiques et économiques à des prix beaucoup plus abordables.
A lire aussi: Quel avenir pour le travail en 2030?
Observez-vous un attrait grandissant pour le reconditionné ?
Quand nous nous sommes lancés, il y avait une grosse attente de la part des collaborateurs qui étaient souvent moteurs sur ces questions de mobilier durable et de RSE. Le premier grand changement, c’est le fait que de plus en plus d’entreprises et de directions prennent l’initiative dans ce domaine. Cela fait désormais partie intégrante des stratégies des directions immobilières et des services généraux de trouver des solutions plus responsables pour les aménagements. C’est également lié à l’organisation du télétravail et aux incertitudes quant à l’évolution des espaces. Il y a moins d’envie d’aller vers du mobilier neuf et cher : le reconditionné devient une véritable alternative.
Un autre élément qui nous avantage, ce sont les problèmes de disponibilité des matières premières et des délais de livraison. Nous sommes capables de livrer des clients en trois semaines, alors que, souvent, le mobilier neuf requiert des livraisons de plus de huit ou neuf semaines.
Un salon comme Workspace Expo est-il l’occasion de convertir des décideurs au reconditionné ?
Nous le voyons sur le salon : il n’y a pas un décideur immobilier qui ne s’interroge pas sur l’évolution responsable de ses espaces. D’autant plus que nous sommes dans un contexte où le télétravail s’installe durablement. Notre objectif reste de convaincre de nouveaux prospects et de convertir toujours plus d’entreprises au reconditionné. Nous travaillons bien sûr avec des acheteurs, mais aussi avec des architectes et des aménageurs : il s’agit de leur faire comprendre les avantages mais également les contraintes du reconditionné. C’est souvent une autre façon de travailler pour eux et cela implique un changement d’habitudes.
Le reconditionné amène son lot de contraintes, comment faire avec ?
Vous avez un catalogue qui est forcément beaucoup plus limité que sur du neuf. Et vous êtes lié aux récupérations que vous faites. Sous réserve de matières premières disponibles, le neuf peut répondre à toutes vos requêtes. En reconditionné, soit on a le produit, soit on ne l’a pas. Pour répondre aux problèmes de catalogue, nous avons fait le choix de mélanger le neuf au reconditionné, en enrichissant notre offre de matériel neuf issu d’erreurs de commandes ou de reprises. Nous avons aussi lancé une offre écoconçue et made in France, à l’image de la collection de chaises de bureau lancée à l’occasion du salon Workspace sous la marque Bluedigo et conçue avec le fabricant Eurosit. Toujours avec l’idée de diversifier notre offre, tout en conservant l’ambition d’écoresponsabilité et de préservation de l’environnement.