Carrière

Reconversion : vivre de sa passion pour l’ébénisterie

Si certaines reconversions ressemblent à un grand saut dans le vide, celle de Thierry Hensgen s’est construite petit à petit, alimentant sa passion pour le bois en parallèle de sa carrière professionnelle. Retour sur son parcours.

Diplômé d’un DESS de Paris-Dauphine en statistiques et informatique, Thierry Hensgen a travaillé dans plusieurs sociétés avant d’intégrer Pfizer en 2001. Une multinationale qui offre de nombreuses opportunités en termes d’évolution. « J’ai d’ailleurs opéré ma première reconversion en interne sur des fonctions davantage commerciales, observe-t-il. J’ai ensuite profité d’un plan social pour suivre un executive MBA et j’ai travaillé ensuite pendant 10 ans dans une autre société du monde médical. »

Se tester en amont

Au terme d’un parcours assez classique d’une trentaine d’années, Thierry Hensgen occupe, en fin de carrière, des fonctions de cadre supérieur et même des postes de direction. « C’est à ce moment qu’est née l’idée de reconversion, explique-t-il. J’étais arrivé au bout d’un chemin, mon poste ne me correspondait plus. » Viens alors la baisse de motivation et la perte de sens au travail. Alors âgé de 51 ans, Thierry Hensgen ressent le besoin de faire un travail davantage en accord avec lui-même. Il prend alors conscience qu’il devra inventer lui-même sa vie de demain dans une période où de nombreux collègues et proches sont également traversés par les doutes et les remises en question.

Après avoir projeté de monter une société sur le créneau du négoce de matériel médical, il s’oriente finalement vers l’activité qu’il pratique déjà depuis plusieurs années à savoir l’ébénisterie. « Je ne me suis pas découvert une vocation pour le bois du jour au lendemain, précise-t-il. Cela faisait partie de mes loisirs, j’avais déjà effectué des stages et acheté du matériel. » Sans perdre de temps, en quittant son poste un 30 juin et en créant sa société dès le lendemain, Thierry Hensgen conseille pourtant aux éventuels candidats à la reconversion de se tester avant. « Surtout quand on se lance dans un métier totalement différent de celui que l’on faisait jusqu’alors, commente-t-il. Il est important de prendre le temps d’acquérir les compétences techniques nécessaires. » Par exemple pour l’ébénisterie, il y a non seulement les compétences techniques à détenir mais aussi tout l’aspect sécurité à maîtriser et aussi le matériel à acquérir. Tout cela ne se fait pas du jour au lendemain.

Une fois son projet défini, il étudie alors la large palette de métiers qui se présentent à lui afin de voir ce qu’il était capable de produire. Il commence d’abord par des objets fonctionnels pour ensuite travailler sur des projets qui lui sont confiés par le bouche-à-oreille. « Au début, j’ai tâtonné, je suis passé par toutes les typologies de produits possible pour être sûr de ce vers quoi je voulais tendre, détaille Thierry Hensgen. Cela m’a aussi permis d’explorer de nouvelles voies et de laisser libre court à ma créativité au fur et à mesure. »

Il travaille actuellement sur des objets décoratifs, de type sculptures et a été sélectionné pour participer au prestigieux salon Maison et Objet. Dans sa nouvelle vie, Thierry Hensgen apprécie le fait d’avoir aujourd’hui suffisamment de temps pour travailler. « Se remettre à courir vite afin d’atteindre la rentabilité peut être un piège dans le cadre d’une reconversion, estime-t-il. J’ai fait le choix de démarrer de manière raisonnable afin de bien déterminer quel type de produit ou d’exercice me convenait le mieux. »

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Trouver son style

L’autre élément à ne pas négliger au moment d’une reconversion est, selon Thierry Hensgen, de ne pas rester dans son coin, de sortir, faire du réseau, communiquer afin de faire connaître son entreprise.

« Il faut aussi exposer, confronter son travail et accepter les remarques et les éventuels échecs.« 

Il est aussi important, selon le nouveau reconverti, de ne pas négliger la partie commerciale. Une démarche qui ne s’improvise pas mais qui est tout à fait nécessaire au développement de toute entreprise et de surcroît d’une entreprise artisanale. Pour l’heure, Thierry Hensgen travaille seul et souhaite dans un premier temps rester dans cette configuration. « J’ai adoré travailler en équipe mais aujourd’hui si j’aime travailler seul, je ne reste pas dans mon coin, assure-t-il. Je suis d’abord dans une démarche de création plutôt solitaire, mais je ne suis pas fermé à d’éventuelles collaborations avec des artistes dont le travail serait complémentaire au mien. »

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