TF1 est devenu, lundi 9 novembre, actionnaire à hauteur de 70 % du capital de la société FLCP (Fabrice Larue Capital Partners), selon un communiqué. Holding du groupe Newen, la société produit notamment les programmes Plus belle la vie ou les Maternelles. Les actionnaires actuels, dont l’équipe dirigeante, restent associés à 30 %. Nous avions interrogé le dirigeant de ce groupe dans un dossier sur les “patrons qui se sont faits tout seuls” dans le Courrier Cadres de février 2014. Voici le portrait réalisé à l’époque.
Fabrice Larue arrête l’école à 16 ans. “Cela ne m’intéressait pas”, esquisse dans un sourire celui qui est aujourd’hui le patron de Newen, société de production audiovisuelle. Fils de négociants en combustible, notamment de charbon, installés à Rouen, il veut rentrer dans la vie active. Il se met alors à travailler pour son père. Au milieu des années 1970, les chocs pétroliers en décident autrement. “Mon père a dû revendre son activité. Le travail de charbonnier était dur mais nous n’étions pas malheureux. Puis, nous nous sommes retrouvés sans argent et dans un HLM. Je l’ai vécu comme un traumatisme social.” Pour s’en sortir, il décide de se lancer dans la presse gratuite et le marché des petites annonces, qui émerge à l’époque. “Avec le début du chômage de masse, les gens avaient besoin de revendre leurs vieux canapés ou leurs réfrigérateurs. La presse quotidienne faisait payer trop cher ce service.” Accompagné d’associés, il crée Inter 7, diffusé en Haute et Basse-Normandie. Le magazine se consolide et se fait racheter par Comareg, un des leaders du secteur, en 1985. Ce rachat fait parler de lui dans le milieu : il est alors appelé par Claude Léoni, le directeur du groupe Spir, un concurrent de Comareg. Ce dernier lui propose de devenir directeur du développement sur la région Paca. Riche de son expérience terrain, il est contacté par Pierre Alberti, le patron de Nostalgie, pour en faire une grande radio nationale. “Il fallait pour cela mettre en place toutes les régies régionales et il savait que je maîtrisais le marché de la presse locale. Nous sommes ensuite allés à Paris et en 1991, j’ai été nommé directeur général de la radio. Elle est alors devenue très profitable.”
Toujours chercher à se développer
Inlassablement, Fabrice Larue, se fait de nouveau contacter pour un nouveau projet. En 1996 c’est Bernard Arnault qui se trouve de l’autre côté du combiné. Il lui propose de devenir le président de son pôle presse, qui comprenait notamment La Tribune et Investir. “En cinq ans, nous en avons fait un pôle plurimédia d’information économique et financière. Le chiffre d’affaires était passé de 400 millions de francs à un milliard.” Entre temps, Bernard Arnault lui lance un défi : développer le pôle joaillerie de LVMH. “Je n’y connaissais rien, mais ni plus ni moins que pour la presse ou la radio quand je me suis lancé ! J’ai appris en posant des questions, en me renseignant. La curiosité a toujours été un de mes principaux moteurs.” C’est la seule infidélité qu’il commet à l’égard des médias, mais à la suite de rachats, la direction du pôle est rapidement confiée à des présidents plus expérimentés. En 2002, Bernard Arnault ne souhaite plus développer son pôle presse. Pour ne pas se contenter d’un poste de gestionnaire, Fabrice Larue décide de se mettre à son compte. Il s’associe alors avec le fonds d’investissement 3I et acquiert, en 2004, une société de gestion des abonnements de la presse. “C’était un secteur sans croissance. Nous avons donc revendu l’entreprise en 2007 pour se tourner vers un domaine plus dynamique, celui de la production audiovisuelle.” En 2008, il rachète TelFrance (Plus belle la vie, Les Maternelles), puis Be Aware (créée par Sébastien Cauet) en 2009 et Capa l’année suivante. Le groupe Newen, qui chapeaute les trois sociétés, rassemble aujourd’hui 300 salariés permanents et 650 intermittents du spectacle. 900 heures de télévision ont été produites en 2013.