Sous couvert de bienveillance, il est fréquent de faire preuve de maladresse, notamment à l’égard de personnes en situation de handicap au travail. « La charge émotionnelle est forte vis-à-vis de ces personnes, décrypte Patrick Scharnitzky. Donc, on peut facilement basculer d’un stéréotype à l’autre, souvent à l’opposé. D’un côté les qualités qui leur sont attribuées sont très positives : « courageux », « résilient », « combatif ». De l’autre, les recruter est compliqué car ils peuvent être « lents », ou « difficilement adaptables »« . En définitive, mieux vaut les traiter comme tous les autres salariés. Afin de faire un premier pas vers cette démarche de neutralité en tant que collègue et manager, voici quelques questions à éradiquer.
1. « Qu’est-ce qui t’est arrivé ? »
Lorsqu’on rencontre une personne en situation de handicap, notamment au travail, on souhaite lui porter de l’intérêt. Au point de faire preuve d’une curiosité « intrusive, mal placée, déplore le docteur en psychologie sociale. Le handicap est la propriété de la personne. Elle en fait ce qu’elle veut, elle a le choix d’en parler ou de ne pas en parler. Et lui poser cette question frontalement peut en quelque sorte lui retirer ce choix. Cela peut être douloureux de devoir rappeler en permanence ce qu’il nous est arrivé. »
2. « Ce n’est pas trop dur ? »
Cette autre question est également « délicate », poursuit le spécialiste en management intelligent des diversités. Car, cette fois-ci, c’est « de la compassion maladroite, de la sur-empathie contre productive. Ces bons sentiments n’ont pas lieu d’être dans la sphère professionnelle. La personne en situation de handicap peut ressentir de la pitié venant de ses collègues ou de son manager. Cela peut être très humiliant. »
3. « Est-ce que tu as besoin d’aide ? »
Enfin, la dernière question récurrente est celle autour de l’aide à apporter à ces individus. « Beaucoup de salariés proposent spontanément leur aide pensant faire une action altruiste. Ne pas le faire pourrait donner, à l’inverse, la sensation d’être une personne égoïste. Mais, mieux vaut attendre que la demande vienne directement de la personne elle-même. Si elle se retrouve en difficulté à moment donné, elle saura le demander habilement aux personnes en qui elle a confiance », conseille Patrick Scharnitzky.
Ce dernier insiste sur la notion de confiance : « Il n’y a pas de question tabou. Elles sont toutes légitimes et peuvent être posées, à la condition non négociable qu’une relation de confiance soit instaurée en amont. »