Carrière

5 enseignements clés des livres de Christophe André pour s’épanouir au travail

Christophe André, psychiatre et auteur prolifique, est reconnu pour ses écrits sur l’estime de soi, la méditation pleine conscience ou encore les émotions. Dans ses livres, il propose des réflexions et des outils pratiques qui peuvent aider à mieux vivre son quotidien, notamment au travail. Voici quelques enseignements tirés de ses ouvrages pour s'épanouir dans son job et se sentir mieux dans sa vie pro.

1. Le pouvoir de l’instant présent

L’un des principes fondamentaux du livre « Méditer, jour après jour » est l’importance de vivre pleinement l’instant présent. Au travail, cette idée peut transformer votre approche des tâches quotidiennes. Trop souvent, nous laissons notre esprit divaguer entre les ruminations de situations passées et les anticipations -souvent anxiogènes- du futur, ce qui crée un stress inutile et diminue notre efficacité.

« Cette forme de pratique, la méditation de pleine conscience, consiste à poser notre esprit dans l’instant présent, nous rappelait-il dans le numéro 142 de Courrier Cadres*. Et chaque fois qu’on se rend compte qu’il vagabonde dans l’avenir ou le passé, les projets, les regrets, les ruminations, on revient à l’instant présent : on observe sa respiration, l’état de son corps. On regarde les pensées sans se laisser happer par elles. Ça paraît tout simple et pourtant c’est un entraînement très efficace qui est utile en dehors des exercices de méditation. On reste centré sur le présent et on maîtrise là où l’on pose son esprit. L’air de rien, cela apprend à mieux se comprendre : on se laisse moins embarquer dans des inquiétudes, des jugements trop négatifs sur nous-mêmes et les autres. La méditation apporte à ceux qui la pratiquent le discernement : comment je fonctionne, comment je me précipite dans certaines erreurs, comment je suis parfois injuste et impartial vis-à-vis de moi-même ou des autres. Elle apporte aussi l’apaisement. »

Conseil pratique : Prenez quelques minutes chaque jour pour vous recentrer avant de commencer votre journée de travail ou pendant celle-ci. Respirez profondément et relâchez les tensions : vous pouvez méditer en marchant, mais aussi en savourant un carré de chocolat ou un thé. Cela vous aidera à rester concentré et serein, même en période de forte pression.

2. Faire preuve de bienveillance envers soi-même

Dans « Imparfaits, libres et heureux », Christophe André nous invite à accepter nos imperfections et à cultiver la bienveillance envers soi-même. En milieu professionnel, cela signifie accepter ses erreurs, ne pas se juger trop sévèrement et savoir se pardonner. Cette approche permet de réduire l’anxiété liée à la peur de l’échec et de développer une plus grande résilience.

« À un moment, malgré les échecs, les blessures et les doutes, on doit continuer à avancer : il faut s’auto-réconforter si l’on se sent de nouveau vaciller, conseille-t-il*. Ce qui nous auto-console tous, selon la littérature scientifique, c’est se balader dans la nature, s’adonner à sa passion, du jardinage au bricolage en passant par la musique ou l’art, la contemplation, la prière. Des petites choses qui ne règlent pas le problème mais font du bien et permettent de respirer un peu mieux. C’est plus important qu’il n’y paraît. »

Conseil pratique : Lorsque vous commettez une erreur au travail, plutôt que de vous auto-flageller, prenez un moment pour analyser la situation avec bienveillance. Demandez-vous ce que vous diriez à un collègue ou un ami qui serait dans cette situation, et faites preuve de la même gentillesse envers vous-même.

3. Nourrir une estime de soi suffisante

Dans « S’estimer et s’oublier », André explore l’importance de développer une bonne estime de soi. Au travail, cela signifie avoir confiance en ses capacités et savoir reconnaître ses réussites. Une bonne estime de soi aide à prendre des décisions avec assurance et à communiquer plus sereinement avec ses collègues et supérieurs.

« L’estime de soi a longtemps été mal comprise comme étant seulement la nécessité de voir ses bons côtés, de se valoriser, de reconnaître ses qualités, souligne-t-il*. Ce qu’elle est, effectivement. Mais elle n’est pas que ça. Dans la pratique, les personnes qui ont une bonne estime d’elles-mêmes ne sont pas parfaites, elles n’ont pas que des qualités, des succès, des victoires. Elles savent dans quoi elles sont bonnes et ne sont pas gênées d’en parler ni de reconnaître leurs limites et leurs lacunes. »

Conseil pratique : Chaque soir, notez trois choses que vous avez accomplies dans la journée et qui vous ont donné un sentiment de fierté. Cela permet de cultiver une vision positive de soi-même et de renforcer votre confiance, éléments essentiels pour s’épanouir dans son job.

4. Être à l’écoute des autres

Dans son ouvrage « Consolations : celles que l’on reçoit et celles que l’on donne« , Christophe André souligne l’importance cruciale de l’écoute dans la qualité des relations humaines. Il affirme que la consolation ne réside pas seulement dans les mots prononcés, mais surtout dans la capacité à être présent et attentif à l’autre. Cette écoute active permet de comprendre véritablement les besoins et les émotions de son interlocuteur, offrant ainsi un soutien authentique et adapté. En cultivant une écoute bienveillante, nous renforçons nos liens avec autrui, favorisant des relations plus profondes et empathiques, notamment en tant que manager.

« L’écoute, c’est l’oxygène de la relation, résume-t-il*. Toute organisation doit consacrer un vrai temps à une réelle écoute : prendre des nouvelles de l’autre, comprendre ses difficultés et les expliquer, les partager pour trouver une solution à plusieurs. Sinon, cela génère dysfonctionnements et souffrances. La parole et l’écoute sont des fondamentaux. Le plus triste, c’est quand on constate que les problèmes d’écoute ne relèvent pas d’une mauvaise volonté ni d’une incompétence mais du manque de temps. On le voit dans le monde du soin : à l’hôpital, les soignants n’ont plus le temps de s’asseoir au pied du lit des patients, ne serait-ce qu’un quart d’heure. Passer juste un peu de temps pour réconforter, rassurer et parfois même simplement informer et expliquer : qu’est-ce qui fait peur ? Qu’est-ce qui ne va pas ? Quelles sont les frustrations ? Cela peut remplacer un tranquillisant, un somnifère. »

Conseil pratique : Apprenez à écouter, vraiment. Laissez de la place pour les silences, ne coupez pas la parole, ne terminez pas les phrases des autres… Inspirez-vous des principes de la communication non violente (CNV) pour faire de l’écoute active une de vos forces.

5. Prendre soin de soi

Dans « Et n’oublie pas d’être heureux. Abécédaire de psychologie positive », Christophe André souligne, entre autres, l’importance de ne pas s’oublier. Il aborde la nécessité de cultiver le bonheur et le bien-être personnels, en mettant en avant des pratiques telles que la méditation, la gratitude et l’acceptation des émotions. Ces approches visent à renforcer l’équilibre intérieur et à mieux traverser les aléas de la vie.

« Les personnes victimes de burn-out sont des profils consciencieux, qui veulent bien faire face à une masse de travail importante, analyse-t-il*. Ils sont débordés, submergés et commencent à craquer. Ils devraient se dire que, de toutes façons, travailler une heure ou dix, c’est pareil car ils n’arrivent plus à affronter le problème… et l’important est alors de se restaurer, de se réconforter, de se faire du bien et d’avoir de la bienveillance pour soi-même. Ce qui m’a toujours frappé chez mes patients souffrant de burn-out, c’est qu’au moment où ils pourraient se reposer et récupérer, s’auto-consoler, ils remplissent ces temps par du travail en retard : le soir, traiter des e-mails en attente ; le week-end, s’occuper des dossiers… Cela arrive à tout le monde d’avoir un coup de feu au travail, ce n’est pas ça qui crée le burn-out. C’est quand cela devient un système continu et intériorisé, dans lequel on oublie de prendre soin de soi et que l’on se pousse à la surchauffe et à l’explosion. »

Conseil pratique : cultivez la gratitude. Attention, la gratitude n’est pas seulement une parole ou une pensée, comme ça, en passant. Vous pouvez l’exprimer par écrit, prendre le temps d’une pause pour prendre conscience de ce qui vous fait du bien, vous réjouir de ce qui va bien dans votre vie, même si tout n’est pas idéal.

*Numéro daté de mars-avril 2023 de Courrier Cadres, interview réalisée par Stéphanie Condis.

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