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Carrière : comment transformer vos regrets en tremplin constructif pour la suite

La plupart du temps, le regret est vécu négativement. Il s'accompagne de tristesse ou de culpabilité : des émotions douloureuses et persistantes. Mais, d'après Corinne Souissi, spécialiste en psychologie positive, lorsqu'il est bien géré, le regret peut être transformé en apprentissage constructif, et contribuer à (re)donner de l'élan à sa carrière. Voici 5 étapes pour y parvenir.

Le regret professionnel est universel : il peut toucher les managers et les salariés à tout moment au cours de la carrière. Il en existe deux types, souligne Corinne Souissi, autrice du livre Gérer les talents avec la psychologie positive (Gereso) : les premiers découlent d’une action et les seconds d’une inaction. « Dans le premier cas, cela peut être un manager qui licencie un salarié pour insuffisance professionnelle, mais qui le regrette, car ce collaborateur avait du potentiel, et que cette décision était trop précipitée. Tandis que dans la seconde situation, cela peut être un manager qui ne protège pas un salarié d’une surcharge de travail, ce qui l’amène à faire un burn-out », illustre-t-elle. À noter que d’après les chercheurs Gilovich et Medvec, les regrets liés à l’inaction sont ceux qui pèsent davantage, car ils sont associés à des aspirations profondes non réalisées.

Plus le regret est vif, et plus les regrets s’accumulent, plus les répercussions sont négatives. « Cela peut augmenter le stress, l’isolement, les symptômes de dépression, une perte d’estime de soi, la peur de se tromper à nouveau. Toutes ces craintes deviennent limitantes. Si les ruminations sont excessives, elles conduisent à une paralysie émotionnelle et décisionnelle », explique la spécialiste en psychologie positive.

Cependant, il est possible de limiter les dégâts liés au regret, précise-t-elle. « Tous les managers et les salariés peuvent adopter une posture proactive et réfléchie. Elle ne vise pas à penser qu’il existe un monde utopique sans regrets, car ils font partis intégrantes de la vie humaine, mais à l’intégrer comme un levier de croissance personnelle. Ce travail introspectif doit se faire de manière régulière pour être efficace. »

1. Recadrage cognitif

D’abord, il s’agit de s’interroger de manière rationnelle afin de relativiser la situation : « Est-ce que je regretterai encore cette décision dans quelques mois ? », « Cette erreur me rapprochera-t-elle de la vie professionnelle que je souhaite avoir dans dix ans ? », « Comment ne plus réitérer cette décision ou cette action que j’ai regrettée ? », etc. Ensuite, selon l’experte, la dernière question à se poser (et peut-être la plus primordiale) est la suivante : « Qu’est-ce que j’ai appris ? Qu’est-ce que j’en retire de constructif ? » Car, prendre le temps d’y répondre permet deux choses : appréhender le regret sous un autre angle, en le transformant en opportunités d’apprentissage très puissantes, et apaiser les tensions internes.

2. Autocompassion

Ensuite, la spécialiste en psychologie positive recommande de développer une « attitude bienveillante envers soi-même pour éviter la culpabilité excessive ». C’est-à-dire, faire preuve de douceur et d’indulgence vis-à-vis de ce qui a été fait / pas fait / mal fait. Comment ? En se rappelant, par exemple, que les erreurs sont humaines ; ou en se parlant à soi-même comme on le ferait avec un(e) ami(e) en difficultés ; en s’écrivant une lettre afin de s’apporter de la compréhension et du soutien ; en créant des rituels symboliques (écrire sur un papier la liste de ses regrets, puis le brûler ou le jeter) ; enfin, visualiser un futur proche où l’épreuve aura été surmontée, où celle-ci se sera transformée en succès professionnel.

3. Pardon de soi

Ces deux premières étapes permettront d’accéder à la troisième : celle du pardon. « Se pardonner à soi et aux autres pour les erreurs commises est un moyen de libérer les émotions négatives associées », affirme Corinne Souissi, tout en reconnaissant que c’est peut-être l’une des choses les plus difficiles à réaliser. Ensuite, il est important, dit-elle, d’investir dans ses valeurs morales, car « elles sont des ressources psychologiques protectrices qui permettent de surmonter l’adversité ». Mais aussi, ses forces personnelles : « Se rappeler nos points forts, ce dans quoi nous sommes bons, permet de tirer de la satisfaction au travail, précise-t-elle. L’évitement des regrets passe par une clarification régulière de ses forces et ses valeurs. En alignant ses décisions et ses actions sur ses valeurs fondamentales, on réduit les conflits internes qui mènent au regret. Cela permet d’avancer dans la vie de manière plus légère, avec plus de sagesse et de résilience. »

4. Concentration sur le présent et l’avenir

Après cela, les pensées, les actions et l’énergie de la personne pourront être pleinement tournées vers des actions futures foisonnantes plutôt que des ruminations passées stériles. En passant de l’état d’esprit « Si seulement j’avais fais ça » à « La prochaine fois, je ferai ça ». Par exemple, après avoir regretté de ne pas avoir osé demander une augmentation pendant l’entretien annuel de fin d’année, alors qu’il pense le mériter amplement, le salarié peut solliciter de nouveau son manager pour planifier un rendez-vous ultérieur.

5. Gratitude

Pour terminer, les managers et les collaborateurs peuvent faire preuve de reconnaissance. Les exercices de pleine conscience, note l’experte en psychologie positive, leur permettront notamment de porter un regard plus juste sur ce qu’il s’est passé, sur les choses positives qui en ont émergé, et sur les nouveaux objectifs fixés. Les actions pour y parvenir seront, alors, plus adaptées et alignées avec leurs propres valeurs. Les décisions, quant à elles, seront prise de manière plus éclairées, car basées sur des éléments concrets. « Les regrets liés à des décisions consciencieuses sont beaucoup moins destructeurs que ceux liés à des décisions impulsives, car ils renforcent un sentiment de responsabilité personnelle« , explique-t-elle.

« La clef est, donc, d’accepter les regrets comme une boussole de vie très efficace pour réajuster son parcours, plutôt que comme un poids. C’est là toute la puissance de la psychologie positive : convertir les défis en opportunités de grandir en ne réitérant pas les mêmes erreurs et en s’améliorant. Cela permet de cultiver une vision optimiste de l’avenir en reconnaissant que chacun a un pouvoir sur sa vie », conclue l’autrice.

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