Mallory Caleyron
Carrière

Mallory Caleyron : de volleyeuse à adjointe RH

PORTRAIT - Sportive de haut niveau pendant une quinzaine d’années, la trentenaire a mis fin à sa carrière en 2022. Une reconversion inévitable à laquelle elle s’était préparée, sans pour autant imaginer découvrir un monde complètement nouveau : celui de l’entreprise.

Elle a baigné dans le milieu du volley toute son enfance. Sa mère est à la tête d’un club amateur à Lys-lez-Lannoy (Nord), à proximité de la ville où elle a grandi, tandis que son beau-père est entraîneur. « Très tôt, j’allais les voir s’entraîner, je m’échauffais avec ma maman », se remémore-t-elle avec tendresse. Naturellement, elle s’est mise à y jouer « dans le jardin de la maison ou à la plage pendant l’été ». Mais, dès ses 12 ans, ce loisir prend une autre envergure. Grâce à l’accompagnement de son beau-père, elle intègre des stages régionaux où des détections de talents ont lieu. « Il m’a tout appris. Il était très exigeant. C’était à la fois une chance et quelque chose de difficile de l’avoir comme entraîneur, car il n’y avait jamais de vraie coupure entre les entraînements et la maison. Nous parlions tout le temps de volley », raconte la jeune femme. Des efforts toutefois récompensés puisqu’à 16 ans elle rejoint le pôle France à Toulouse (Haute-Garonne). En dépit des cadences d’entraînement qui augmentent, elle décroche son baccalauréat. Un deal s’ensuit avec ses parents : ils l’autorisent à poursuivre sa carrière sportive, et à préparer les championnats d’Europe, à condition qu’elle valide une licence à la faculté. « Cette période n’a pas été facile, mais j’ai réussi à concilier les deux », se souvient la volleyeuse. Une fois sa promesse tenue, elle s’est ensuite concentrée sur sa carrière sportive : « J’ai eu la chance qu’on me fasse confiance et qu’on me titularise au poste de passeuse. C’est rare d’avoir un contrat et des salaires mensuels réguliers. Ce contexte m’a permis de vivre de ma passion pendant une quinzaine d’années ! »

Leadership naturel

Cette passion a toutefois comporté son lot d’échecs et de déceptions, insiste-t-elle, surtout au début : « Je me suis aguerrie en observant beaucoup les volleyeuses plus expérimentées que moi. » Avant de finalement s’imposer comme capitaine d’équipe. « Je suis devenue leader, car j’étais exemplaire dans mon travail rigoureux, dans mon envie permanente de gagner, et dans ma capacité à fédérer les autres. Ce que j’ai toujours aimé dans ce sport, c’est la précision du geste, la connexion forte avec les coéquipiers, car nous dépendons vraiment des uns et des autres pour remporter la victoire. Encore plus que dans les autres sports collectifs », pense-t-elle. Une passion également faite de contraintes. Car, qui dit sport de haut niveau, dit agenda millimétré avec un nombre important d’entraînements, de déplacements et de compétitions. À l’inverse, peu de temps pour soi et ses proches, excepté « quelques semaines pendant la période estivale ». Mais, à ce moment-là, « je n’appréhendais pas ces impératifs comme des sacrifices. C’était mon rêve de gamine. C’est la vie que je souhaitais mener », martèle la jeune femme. Jusqu’à ce que le pire pour une sportive professionnelle advienne : une redoutable blessure aux pieds qui la stoppe net dans son ascension. À seulement 26 ans, Mallory doit se faire opérer : « J’avais très mal. J’ai dû arrêter ma carrière. J’étais persuadée que c’était définitif, tout en me disant secrètement que j’étais encore jeune, que je pouvais guérir, et que revenir ne serait pas facile, mais pas impossible. »

Tourner la page

Pendant deux ans, l’athlète blessée s’envole aux États-Unis pour débuter une nouvelle vie avec son futur mari, lui aussi sportif de haut niveau, en cyclisme. Au fil des mois, les douleurs s’estompent et l’idée de faire son come-back sportif se fraye un chemin. À 28 ans, après trois opérations chirurgicales, elle renfile finalement le maillot tricolore en équipe de France : « C’est probablement le moment le plus fort émotionnellement de toute ma carrière. J’étais dans le vestiaire avec mon équipe, avant la reprise de mon premier match, je n’arrêtais pas de pleurer. » Cela n’empêche pas l’inévitable : six ans plus tard, sa fin de carrière approche. « Les filles avec qui je jouais étaient plus jeunes que moi. Nos préoccupations devenaient différentes, et les contraintes commençaient à me peser. Je ne me sentais plus à ma place et je voulais fonder une famille. À 32 ans, j’ai accepté l’idée que j’avais fait mon temps » confie-t-elle. Comme tous les sportifs, c’est une étape à laquelle elle était préparée : « Quelque temps avant d’arrêter définitivement, j’ai réfléchi à un projet de reconversion. Je souhaitais m’éloigner du sport, découvrir un nouvel univers, comme le monde de l’entreprise. » En parallèle de sa fin de parcours, Mallory a repris ses études. Objectif ? Décrocher un master 2 en management du sport, tout en cherchant un stage dans le domaine des ressources humaines, « sans aucune expérience », précise-t-elle. Un heureux hasard la met en présence d’une recruteuse « très ouverte d’esprit » chez Carambar & Co. Une fois encore, on lui fait confiance : « Je pense que ma trajectoire de sportive et les qualités qui l’accompagnent, comme la persévérance et la maturité, m’ont permis d’obtenir cette opportunité. J’aime travailler dans les ressources humaines, car, d’une certaine manière, je continue à accompagner les autres. Même si, au début, je ne comprenais rien, plaisante-t-elle. Je devais aller chercher certains termes évoqués en réunion sur Google. » Mais comme au volley, elle a su adopter certains réflexes pour monter rapidement en compétences : observer et apprendre de manière rigoureuse au quotidien. Ce qui lui a valu de décrocher un CDI dans cette même entreprise, comme adjointe RH, en 2022, à l’issue de son stage.

Vie de famille

Aujourd’hui âgée de 35 ans, l’ex-athlète considère cette reconversion « réussie » et se réjouit notamment de partager de précieux moments avec sa petite fille et son mari. Ce dernier, quant à lui, a raté de peu sa qualification pour les Jeux paralympiques de Paris 2024. Ce revers signe donc, pour lui aussi, la fin de sa carrière sportive. « Nous allons pouvoir nous concentrer davantage sur notre vie de famille et nos futurs projets », lance la trentenaire, satisfaite d’avoir trouvé un nouvel équilibre de vie. En prime ? Elle trouve du temps pour jouer au beach-volley au moins une fois par semaine, accompagne des sportives adolescentes vers un rééquilibrage alimentaire, et forme de futurs entraîneurs sur l’alimentation équilibrée. Elle l’avoue : le sport lui « a rapidement manqué ». Chassez le naturel, comme on dit, il revient… sous forme de ballon rond !

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