Célèbre pour l’aéronautique, Toulouse doit son dynamisme économique aussi à d’autres secteurs tels que la recherche et développement ou l’industrie de la santé. La concurrence sur place reste rude, car la ville accueille déjà un nombre important de cadres qualifiés. Néanmoins, les experts techniques, les commerciaux et financiers sont toujours recherchés.
Si vous êtes ingénieurs, n’imaginez pas que Toulouse vous tend les bras ! Disons qu’elle le fait moins qu’avant. Airbus, par exemple, explique avoir recruté plus de 18 000 ingénieurs, cadres et jeunes diplômés dans le domaine aéronautique au cours des six dernières années. Le groupe, l’une des entreprises phares du Midi, est en phase de stabilisation et ne compte pas recruter. Les besoins sont pourvus par mobilité interne. Philippe Artero, senior manager pour l’antenne toulousaine du cabinet Robert Walters, reconnaît que le groupe européen a désormais une ligne complète d’avions et va juste chercher à faire évoluer ses gammes pour construire des modèles plus verts et plus légers. “En conséquence, beaucoup de cadres connaissent des difficultés sur l’ingénierie, les bureaux d’études, la conception. Mais le côté positif, c’est que les carnets de commande sont pleins pour des années. Il faut donc des gens pour assurer la montée en cadence sur la supply chain et le contrôle qualité. Beaucoup d’ingénieurs en développement seront transférés via des formations et de l’accompagnement pour le manufacturing, mais ça ne peut pas fonctionner pour tout le monde.” En matière d’aéronautique, Philippe Artero voit les opportunités plutôt dans la spécialisation vers de nouveaux matériaux, mais cela reste un secteur de niche. Parmi les entreprises de ce domaine, la zone accueille aussi Thales, Safran et ATR. Néanmoins, la préfecture de Midi-Pyrénées a plus d’une corde à son arc. “L’aéronautique est l’arbre qui cache la forêt, explique l’expert de chez Robert Walters. Si je devais faire un bilan concernant le marché de l’emploi cadres, je dirais qu’il est contrasté en fonction des métiers.” Selon l’Apec, l’attractivité du territoire toulousain repose aussi sur d’autres domaines tels que la Recherche et développement ou l’industrie de la santé. La région accueille par exemple des entreprises d’implants ou de prothèses qui sont en demande d’ingénieurs. L’attractivité de la région devrait encore augmenter lors du rapprochement territorial avec le Languedoc-Roussillon. Selon l’Apec, le futur ensemble se situera au 5e rang des 13 nouvelles régions en matière de population et de nombre de cadres du privé (7 % de ceux de France métropolitaine). Les activités d’architecture et d’ingénierie sont aussi bien représentées avec des grands groupes tels que Altran, Egis, Alten, Assystem ou encore Akka Technologies. Le secteur automobile se développe également à son tour. “Continental compte par exemple plus de 1 000 salariés, mais il y a d’autres équipementiers dans la région sur des domaines extrêmement pointus tels que la sécurité, les systèmes embarqués, l’aide à la conduite”, conforme Philippe Artero. Le secteur agroalimentaire est déjà bien développé. La coopérative agricole Euralis comptait 5 200 salariés en 2014 et 1,46 milliard de chiffre d’affaires. Quant au tissu industriel, il est plus diffus et organisé autour de PME. “La région compte beaucoup de belles entreprises historiques et familiales, souvent pourvoyeuses de postes pour les cadres”, remarque Philippe Artero.
Recherche de commerciaux
Le secteur des nouvelles technologies connaît aussi un beau développement dans la région, notamment avec l’Internet des objets. Comme entreprises emblématiques, il y a par exemple Tech Valley, une société de conseil spécialisée dans les métiers, les fonctions et les technologies des systèmes d’informations. “Les entreprises du secteur s’intéressent plutôt à des experts techniques ou à des développeurs”, précise Philippe Artero. Autres types de profils recherchés à Toulouse : les commerciaux, selon le spécialiste de Robert Walters. “Dans le Sud-Ouest, il y a un savoir-faire reconnu à l’étranger. Il y a une image liée au terroir, à l’aéronautique mais aussi aux nouvelles technologies. Les commerciaux sont recherchés pour accroître et développer cette image à l’étranger. Il y a aussi de jolis postes à pourvoir dans les fonctions financières, comptables, dans l’audit interne mais c’est peut-être moins facile dans ces secteurs que dans les domaines plus techniques, tels que pour des experts en lean manufacturing, par exemple.” Des business développeurs sont aussi recherchés mais plus dans un second temps.
Cadres qualifiés
Pour les cadres parisiens qui s’intéressent à la ville, il est conseillé, comme partout ailleurs, de préparer le terrain en amont, d’autant plus qu’il est possible de bien avancer dans ces recherches à distance. “Le réseau local fonctionne, mais ni plus ni moins que dans d’autres grandes métropoles, souligne Philippe Artero. Il y a pu avoir une cooptation très locale, avec un certain favoritisme mais ce n’est pas très sain, et c’était dû à une ancienne génération d’entrepreneurs toulousains. Aujourd’hui au contraire, quelqu’un qui vient d’ailleurs offre un regard neuf et une autre culture, il représente donc une valeur ajoutée. Il faut se faire connaître comme pour toute recherche d’emploi. Mais aujourd’hui, la ville connaît un solde migratoire positif de cadres. Il y a moins de blocages qu’il y a quelques années. Cependant, il faut aussi avoir conscience que beaucoup de personnes cherchent à descendre et qu’il y a une belle concurrence locale.” Comme le souligne l’Apec, les actifs travaillant en Midi-Pyrénées sont plus qualifiés qu’à l’échelle nationale. 39 % des professionnels en emploi sont diplômés du supérieur contre 36 % en moyenne nationale. “Ce résultat est lié à la très forte surreprésentation de diplômés du supérieur dans la zone d’emploi de Toulouse, avec un taux de 46 %, le 3e plus élevé de France après Paris et Saclay (Essonne)”, souligne une étude de l’association sur l’attractivité et l’emploi cadre en Midi-Pyrénées de janvier 2015.
Loin de Paris
Outre son attraction économique, la ville attire les cadres de toute la France pour son cadre de vie. Elle jouit d’une belle offre culturelle, aux dires de ses habitants d’origine comme d’adoption. Et elle bénéficie bien entendu du charme du Sud. “Toulouse est très dynamique en termes de culture, d’activités et de loisirs, confirme Aurélie Ducatel, cadre en gestion immobilière. À cela s’ajoute une situation géographique idéale. Forcément, il y a du soleil ! Nous sommes également à deux heures de Bordeaux comme de Montpellier.” Néanmoins, ce confort s’arrête aux portes du Midi. Les habitants de la ville rose pâtissent de l’éloignement de la Capitale. “Ce n’est pas bien desservi en train, mais je m’y rends en avion en deux heures, raconte Laetitia Roux, directrice conseil chez X-Prime. Mais c’est moins confortable et plus fatiguant.” La jeune femme, qui est passée par Paris pour étudier à l’ESCP, aurait pu aussi travailler dans la Capitale, mais elle apprécie les sorties nature que lui offrent le Sud-Ouest et la proximité de la montagne. “Le fait de pouvoir travailler avec des clients à Paris me permet de bénéficier des bons côtés de chacune des villes !”, se réjouit-elle.
La ville en elle-même semble bien pourvue en matière de transports en commun. “C’est assez bien fait, poursuit Aurélie Ducatel. Il y a le métro et le tramway. S’il y a quelques bouchons, il est possible d’utiliser des parkings relais. Je peux me rendre sur ces parkings en voiture pour me garer et finir mon trajet en métro. C’était nécessaire car il y a énormément d’entreprises localisées au même endroit, notamment autour d’Airbus Group et de ses sous-traitants. Il est compliqué d’aller travailler là-bas !”