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Alexis Peschard : “Garder et s’imposer un rythme adapté en maintenant les rituels d’équipes déjà existants”

Dans un contexte de télétravail imposé et de confinement obligatoire, Courrier Cadres a interrogé Alexis Peschard, psychologue clinicien et addictologue, pour savoir ce qu’il préconisait en pareille situation inédite

Qu’est que ce confinement imposé peut-il créer comme risques addictifs en matière de télétravail ?

Le confinement imposé actuellement engendre, de fait, un climat de stress, d’incertitude, d’isolement social et d’ennui pour tous les Français. Autant de facteurs de risques en matière de pratiques addictives : à la fois concernant la consommation de produits psychoactifs (alcool, tabac, médicaments, cannabis, etc) que de comportements addictifs (jeux de hasard et d’argents, hyperconnexion, achats compulsifs, troubles alimentaires, etc). Le télétravail massif et dans la durée est malheureusement un terreau favorable à l’expansion de ces pratiques que les employeurs doivent impérativement prévenir. Outre le télétravail, tous les salariés sont aujourd’hui concernés par ces risques : les chômeurs partiels par l’absence de travail et l’incertitude sur l’avenir et les salariés au front par un état d’hyperstress lié à une charge de travail et à la crainte de contracter le virus.

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Quelle est la responsabilité des entreprises qui ont subitement lâché leurs employés dans “la nature” ?

Le contexte inédit de pandémie n’exonère en rien l’employeur de son obligation de santé-sécurité ; le domicile nouvellement réquisitionné devient le lieu de travail avec toutes les obligations qui y incombent ! Par ailleurs, la gravité de l’urgence de la crise sanitaire que l’on connaît maintenant depuis bientôt trois semaines ne dispense ni les employeurs ni leurs salariés de respecter le cadre réglementaire du télétravail habituel. Ainsi il est nécessaire pour les directions des ressources humaines et plus généralement les employeurs de prendre les mesures nécessaires pour adapter le travail ; l’une des premières étapes pourra être notamment la modification du document unique d’évaluation des risques professionnels. Notamment et surtout par rapport aux risques spécifiques engendrés par la crise actuelle.

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Comment faire pour que les salariés ne tombent pas dans des comportements addictifs pendant leur télétravail ?

Le risque n’est pas uniquement pendant le temps de télétravail mais bien durant le temps du confinement. En effet la frontière vie privée / vie professionnelle est aujourd’hui totalement réduite du fait du confinement et ce encore plus pour les télétravailleurs. Il s’agit donc de prévenir le risque de développement de pratiques addictives tout au long de la journée, de la semaine pour que le télétravailleur soit en bonne santé et pleinement opérationnel durant son temps de travail. Le premier conseil : ne pas changer ses habitudes de consommation ! Garder et s’imposer un rythme adapté en maintenant les rituels d’équipes déjà existants, en organisant des réunions dédiées au contexte, en redéfinissant les objectifs prioritaires et en s’assurant du rôle des uns et des autres et que cela soit clair pour tout le monde. Avoir des pratiques saines de télétravail préservera au mieux la santé des collaborateurs !

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