Cadres, artisans, ouvriers… Et si, en 2024, ces catégories socioprofessionnelles étaient dépassées ? C’est en tout cas ce que suggère le premier Baromètre* du rapport au travail publié ce jeudi 30 avril. Face à un monde en mutation, certaines professions regroupées jusqu’alors sous la même bannière – en fonction du lieu de vie, du niveau de diplôme, de revenus, ou des missions – n’auraient plus rien en commun.
Face au recul de la pertinence des segmentations traditionnelles pour décrire le rapport au travail, deux nouveaux critères voient le jour, selon l’étude menée conjointement par l’EM Normandie, Actual Group et Le Figaro Emploi. L’employabilité d’un côté, c’est-à-dire les ressources disponibles chez un individu pour accéder et garder un emploi dans un environnement changeant. Et la confiance qu’ils ont dans leur avenir professionnel de l’autre, soit leur capacité à saisir les opportunités qui leur permettront de tirer parti des changements et d’éviter le déclassement. Trois grandes catégories en découlent. Voici lesquelles.
Les stables
La catégorie majoritaire est constituée d’actifs « stables » (45,9 %). La plupart sont en CDI, diplômés au moins d’un BAC+2, et habitent en zones urbaines. Celle-ci se scinde toutefois en deux, comme l’illustre le graphique de l’étude ci-dessous. Les optimistes d’un côté ; les pessimistes de l’autre. Parmi les plus optimistes, on retrouve des jeunes, résidents de grandes métropoles, et détenteurs d’un BAC+5. La limite d’âge qui sépare les optimistes des plus pessimistes est de 39 ans. Autrement dit, même les plus diplômés – donc objectivement très employables – et confiants dans leurs perspectives professionnelles, craignent de perdre en attractivité et redoutent un déclassement lorsqu’ils s’approcheront de la quarantaine.
Les avant-gardistes
Ensuite, la deuxième catégorie est celle des « avant-gardistes » (13 %). Ce sont majoritairement des personnes très employables, car munis de nombreux diplômes, et très optimistes. Ce ne sont pas forcément les plus jeunes, mais ils se sentent capables de tirer parti des évolutions sociétales et des mutations économiques. Beaucoup ont quitté le salariat pour devenir autoentrepreneurs, créateurs de start-ups, ou multi-investisseurs. Leur confiance en leurs compétences les fait délaisser la sécurité du salariat au profit de liberté et d’aventure. A travers leurs projets professionnels, ils désirent être en phase avec l’époque, voire la devancer en innovant. Leurs revenus se situent bien au-dessus de la moyenne.
Les désengagés
Enfin, le dernier groupe d’actifs est celui des « désengagés » (12,6 %). Ce sont les individus les plus en difficultés, car les moins employables et les moins optimistes. Sans surprise, ils sont moins qualifiés, plus âgés, et vivent dans des territoires désindustrialisés ou très ruraux. Peu d’entre eux ont connu un emploi de salarié durable au cours de leur carrière professionnelle. Leur revenu provient d’emplois saisonniers et précaires. Ils sont donc très dépendants des opportunités. Clairvoyants concernant leur situation, ils adoptent un comportement marqué fatalement par de la résignation et du désengagement.
*Le premier Baromètre du rapport au travail a été publié ce mardi 30 avril 2024 par l’EM Normandie, Actual Group et Le Figaro Emploi. L’enquête a été conduite via un questionnaire en ligne en janvier 2024, auprès de 198 982 individus du panel de la Chaire Compétences, Employabilité et Décision RH de l’EM Normandie.
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