Phénomène de mode ou véritable nécessité, les certifications font désormais partie intégrante de la vie des entreprises. Elles leur permettent notamment de renforcer leur image, leur lien avec les partenaires ou encore d’accélérer les processus de changement et de transformation dans lesquels elles se sont inscrites.
Elles ne sont pas si nombreuses à pouvoir les arborer et, derrière ces macarons, on ignore souvent les années de travail et de mobilisation nécessaires à leur obtention. Pourtant, ces dernières années, les certifications ont pris une importance capitale pour les entreprises et notamment pour la gestion de leur image. Afin de prendre le pouls de cette tendance, nous nous sommes particulièrement intéressés à la certification B Corp désormais largement connue et arborée par des marques bien françaises comme Faguo ou encore Sézane pour ne citer qu’elles. Pour autant, atteindre ce graal est loin d’être un parcours de santé.
Pour l’obtenir, Faguo a commencé à s’intéresser à une autre marque, Patagonia, inspirante en matière de développement mais aussi sur sa démarche environnementale. « C’est aujourd’hui l’une des marques les mieux notées sur B Corp« , indique Romain Teissedre, responsable communication et partenariats chez Faguo. Pour leur emboîter le pas et s’inscrire dans une démarche cohérente, Faguo est devenue, dans un premier temps « entreprise à mission » en 2019, conformément à la loi Pacte. La suite logique était donc de briguer la certification B Corp. « Cela nous a pris au moins 6 mois, juste pour la préparation, témoigne Romain Teissedre. Il y a énormément de questions auxquelles il faut répondre, mais aussi de nombreux documents à fournir. »
Un plus pour les partenaires
Est ensuite venu le temps de l’audit qui est réputé comme fastidieux et extrêmement exigeant. Une réputation confirmée par les équipes de Faguo. « Aujourd’hui, pour être B Corp, il est indispensable d’aller au-delà de simples engagements. Au total, nous avons mis un peu plus d’un an pour y arriver. » Pour Romain Teissedre, le plus compliqué a été de préparer l’analyse du certificateur sur les pratiques de l’entreprise dans tous ses aspects. « Il faut pouvoir mobiliser des ressources dans toute l’entreprise et sur tous les postes d’expertise possible. » Analyse financière, logistique, gestion des prestataires, rien n’échappe à cet audit. Et le travail n’a pas manqué bien que Faguo soit déjà très engagé dans une démarche de réduction carbone avec tous les éléments mis en place.
L’obtention de cette certification a véritablement mobilisé toutes les ressources de l’entreprise. La certification a finalement été accordée début 2021.
« Cela nous a beaucoup apporté à plusieurs niveaux, mais déjà en interne, commente Romain Teissedre. Cela permet d’assurer aux équipes que tous les efforts et objectifs liés à notre statut d’entreprise à mission sont reconnus et les collaborateurs sont extrêmement fiers d’appartenir à une entreprise B Corp. »
Un statut qui attire d’ailleurs particulièrement les jeunes candidats dont certains ne recherchent des emplois que dans les entreprises certifiées. Le label apporte également beaucoup à l’entreprise vis-à-vis de ses partenaires affiliés. « Pouvoir dire à certains revendeurs multimarques que nous sommes B Corp vient asseoir le fait que nous ne sommes pas qu’une marque de mode. On incarne la fair fashion. » Et Faguo ne boude pas son plaisir d’indiquer sa note de 83,8 alors que les marques du secteur de la mode certifiées B Corp sont à une moyenne de 50,9. Quant à la course aux certifications, Faguo affirme ne pas y prendre part. « Nous les choisissons quand elles agissent sur des notions qui nous paraissent importantes, assure Benjamin Teissedre. Elles sont aussi un moyen de nous appuyer sur un référentiel pour continuer à nous améliorer à l’image de ce que nous faisons depuis 10 ans pour optimiser notre bilan carbone en identifiant de manière très précise d’où viennent les émissions de CO2 chez Faguo. » Loin d’être obligatoires, les certifications nécessitent de s’inscrire dans une logique d’entreprise.
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Un nouveau système économique
L’objectif originel de la certification B Corp va d’ailleurs bien au-delà. « Notre idée était de créer un levier assez puissant pour bâtir un nouveau système économique« , explique Augustin Boulot, délégué général de l’ONG BLab à l’origine du label B Corp. Aujourd’hui en France, 200 entreprises sont labellisés B Corp et quasiment 9 200 utilisateurs ont adopté l’outil de référentiel commun proposé par l’ONG. Un projet très ambitieux dès le départ fondé sur un principe selon lequel l’entreprise ne doit pas simplement créer de la valeur pour ses actionnaires mais pour l’ensemble des parties prenantes, actionnaires, mais aussi collaborateurs, environnements, ou encore fournisseurs. « On a dépassé le cadre des dirigeants d’entreprises qui se posent la question de savoir si oui ou non ils doivent se transformer, confirme Augustin Boulot. Il est aujourd’hui indispensable de passer à l’action et de nombreuses entreprises viennent vers B Corp pour les aider dans leurs démarches. »
Selon le délégué général, les entreprises viennent également chercher l’appartenance à une communauté auprès de B Corp. Elles sont nombreuses à faire du business ensemble et partager des bonnes pratiques. Des groupes de travail sont notamment créés pour se challenger et réfléchir à différentes thématiques comme les émissions carbone, la gestion des déchets ou encore les achats durables.