Depuis plusieurs années, Bordeaux fait partie des villes préférées des Français. Mais attention, s’il y a effectivement des opportunités d’emploi pour les cadres, il faut souvent être prêt à faire quelques concessions, comme travailler dans une plus petite structure, contre une place au soleil.
C’est indéniable, Bordeaux est un pôle d’attraction. “Plus du tiers des établissements employeurs1 de la région2 sont situés sur la zone d’emploi de Bordeaux (36 %)”, révèle une enquête de l’Apec (Agence pour l’emploi des cadres) publiée en janvier 2015. D’ailleurs, si l’on considère toujours le même périmètre, plus d’un cadre sur deux (55 %) y travaillent. Enfin, entre le 2e trimestre 2009 et celui de 2014, l’emploi salarié régional a progressé de 2,7 % contre une hausse de seulement 0,5 % à l’échelle nationale. S’il y a des opportunités, il ne faut pas oublier qu’il y a aussi de nombreux nouveaux arrivants comme le résume Benoît Meyer, directeur territorial Pôle emploi Gironde. “Nous avons un emploi salarié qui se porte bien. Cependant on garde un niveau de chômage plutôt élevé car il y a aussi beaucoup d’entrées. Mais ce n’est pas un chômage de crise comme ailleurs.” Au 3e trimestre 2015, il était de 10,3 % dans la ville, contre 9,1 % à Paris et 10 % au niveau de la France métropolitaine.
Êtes-vous vraiment prêt ?
Il est donc particulièrement important de connaître le tissu économique local avant de prendre la décision de s’installer à Bordeaux. “Les opportunités existent, mais le marché est moins large qu’en région parisienne. C’est important de le dire car beaucoup de Parisiens s’installent ici et il faut vraiment qu’ils aient à l’esprit le fait qu’ils ne vont pas retrouver le même type d’emploi. Donc une venue se prépare, surtout quand il y a la problématique du conjoint. Il faut accepter de ne pas travailler dans la même taille d’entreprise, être prêt à être un peu plus polyvalent”, prévient le directeur territorial de Pôle emploi Gironde. Un constat partagé par Nicolas Brivois, directeur régional Sud pour Hays. “Si vous n’êtes pas prêt à faire des concessions pour vivre à Bordeaux, cela ne fonctionnera pas. Il y a moins d’opportunités d’évolution, c’est plus compliqué pour changer de travail. Il y a aussi une concession à faire sur le salaire et il faut parfois avoir la capacité à acquérir d’autres compétences.”
Beaucoup de tertiaire
On peut identifier plusieurs secteurs porteurs dans la ville. “L’emploi est très tertiaire, explique Benoît Meyer. Il y a beaucoup de postes de commerciaux en entreprise avec de l’expérience et des connaissances techniques”, poursuit-il. Daphné Le Courtois, responsable de l’agence Proman expertise à Mérignac, cite également les ingénieurs dans le domaine des services ainsi que l’informatique et les télécommunications avec notamment des opportunités pour les développeurs systèmes. Elle ajoute aussi le secteur bancaire, les mutuelles qui cherchent à développer leur main d’œuvre dans le digital. Ce qui leur permet d’ouvrir leur champ de profils. “Ils recherchent également des personnes qui n’ont pas forcément de formation bancaire.” Fait peut-être moins connu sur Bordeaux, le secteur de la santé recrute. “Il y a toujours des recherches assez importantes dans les cliniques, les hôpitaux pour des cadres infirmiers ou encore tous types de médecins”, explique Nicolas Brivois. À cela s’ajoute le conseil en audit et juridique. “Il y a vraiment de la demande”, appuie Daphné Le Courtois. L’industrie n’est pas en reste. “Elle est moins développée que certaines métropoles comme Toulouse”, tient quand même à préciser Benoît Meyer. Mais il y a des opportunités. “L’aéronautique est un secteur important, il y a aussi la construction navale ou encore l’agroalimentaire entre le vin et d’autres activités.” Dans l’aéronautique notamment, Nicolas Brivois constate que les entreprises “recherchent plutôt des profils en production car il y a moins de projets de développement, par exemple pour des postes de responsable maintenance ou encore production”. Mais attention, certains secteurs sont difficiles comme la communication, le marketing ou encore les ressources humaines.
Musée, TGV, rénovation
Bordeaux devrait continuer à attirer car la commune a plusieurs projets. “Depuis quelques années, elle investit en matière d’infrastructures, de parcs technologiques. Cela allie entrepreneuriat, innovation et création d’emploi”, constate Daphné Le Courtois. La Cité du vin, un musée entièrement dédié à cette thématique, devrait être inaugurée au mois de juin. “Le musée a été conçu pour avoir un rayonnement international. Il va accentuer le boom touristique. Cela profitera à l’hôtellerie et restauration, au commerce, aux transports”, développe Benoît Meyer. Sans oublier le TGV qui d’ici 2017 ramènera Bordeaux à 2 h 05 de Paris au lieu de 3 h 15. “Cela s’accompagne du développement du quartier Euratlantique qui a pour ambition d’attirer les cadres des fonctions tertiaires. Plusieurs dizaines d’hectares seront reconfigurés. Il va y avoir des constructions de sièges d’entreprises”, explique le directeur territorial Pôle emploi Gironde. L’impression générale de Nicolas Brivois sur la ville est ainsi très positive. “Il y a une politique de rénovation de la ville. Elle est magnifique.”
1 – Les établissements comptant un salarié au moins. Les données sont par ailleurs comprises hors Administration publique, enseignement, santé et action sociale.
2 – Au périmètre de l’ancienne région, c’est-à-dire l’Aquitaine.