Avec Rennes, Brest concentre plus de la moitié des cadres du privé de Bretagne*. Pourtant, si la première ville jouit d’une image attractive, celle de la seconde est encore à construire. Certes, Brest est nichée sur la côte Bretonne et peut paraître un peu excentrée, mais le territoire a des atouts, notamment dans l’industrie.
Brest n’a pas à rougir de ses performances en matière d’emplois. Quand le taux de chômage était de 10 %** au 4e trimestre 2015 en France métropolitaine, cette zone d’emploi bretonne se situait à 9,2 %. Serge Coublanc, directeur du site de Brest pour le cabinet de recrutement Quiblier Conseil, constate un retour à la confiance de la part des employeurs locaux. “En ce qui concerne la population cadre, depuis le début de l’année 2015 l’activité de recrutement est beaucoup plus active. Cette tendance avait déjà été initiée en 2014. Tandis que les années 2011, 2012 et 2013 ont été assez compliquées. À cette époque, beaucoup d’entreprises temporisaient et décalaient leurs embauches. Elles attendaient sans doute d’avoir une meilleure visibilité. Mais maintenant le marché s’est relancé.” Une dynamique qui ne doit pas occulter les difficultés que connaît le territoire. “La Bretagne est très axée agro-alimentaire. Nous subissons fortement les diverses crises liées à cette industrie, avant cela concernait le poulet et à présent il s’agit du porc”, rappelle Gaëtan Querrec, dirigeant d’Adeis RH. Mais il ajoute également que “Brest possède encore quelques belles industries”.
De l’industrie à la French Tech
Gaëtan Querrec cite les industries dans la sous-traitance navale comme l’entreprise SDMO (spécialisée dans les groupes électrogènes). Sans oublier la bonne nouvelle dont se sont fait écho la plupart des médias sous la périphrase “le contrat du siècle”. Le gouvernement australien a choisi l’entreprise DCNS, qui a un site à Brest, comme partenaire international privilégié pour la conception de 12 futurs sous-marins. Cet accord doit encore faire l’objet de discussions commerciales et devrait débuter dès cette année explique l’entreprise dans un communiqué. Thales est également présent sur le territoire. Les services sont aussi bien représentés avec notamment les banques. “Le Crédit Mutuel est un gros employeur en Bretagne, cite par exemple Gaëtan Querrec. La société draine plein d’entités comme Arkéa ou encore Fortuneo”, rappelle-t-il. À noter que la ville a été labellisée French Tech en juin 2015 et les retombées se feraient déjà ressentir. “Depuis six mois, les recrutements dans l’informatique marchent bien. Il y a une émulation très forte autour du numérique. Ce n’est que le début, cela devrait encore se développer”, prédit Serge Coublanc.
Un tissu de PME
Dans l’industrie, Anne Sophie Mévellec, dirigeante du cabinet de recrutement Facettes Consulting, remarque plus particulièrement des besoins pour des postes de responsable maintenance ou responsable de business unit. Serge Coublanc pour des postes d’ingénieurs mais plutôt des profils expérimentés. Tous secteurs confondus, selon ce dernier, les commerciaux sont recherchés. “Et de façon récurrente, il y a des postes autour de la finance ou encore de la comptabilité qui sont parfois compliqués à combler.” Mais attention, s’il existe des opportunités à Brest elles ne sont pas aussi nombreuses que dans les grandes villes. De plus, certains postes sont très peu représentés du fait de la composition du tissu économique local. “À part notamment les grosses entreprises citées plus haut, la typologie des sociétés est plutôt composée de TPE-PME”, explique Gaëtan Querrec. Même s’il ajoute qu’il y a “de belles PME”. Ainsi il est plus difficile de trouver les emplois souvent représentés dans les grandes structures, par exemple dans la communication, le marketing ou encore les ressources humaines. Même si cela n’est pas impossible comme le montre le témoignage de Marie Boutron. Cependant, c’est une difficulté pour ceux qui veulent s’y installer à deux. “L’emploi du conjoint peut créer une crainte et des freins”, constate Serge Coublanc. Et celle-ci est tout à fait légitime. “C’est la difficulté des moyennes villes de France”, explique Gaëtan Querrec.
Changement de cadre
Il faut donc se préparer à mettre du temps avant de trouver un emploi dans ces domaines ainsi qu’à faire des concessions notamment en ce qui concerne le salaire, voire à se reconvertir. D’ailleurs en ce qui concerne la rémunération, Serge Coublanc remarque une baisse de salaire d’environ 10-15 % pour ceux qui sont originaires d’une grande ville. Même si certaines grandes sociétés du territoire peuvent maintenir des rémunérations plus proches. Mais le coût de la vie, notamment pour le logement est moins élevé. Cependant la réalité est que Brest a du mal à attirer. “Ce n’est pas évident parce que la ville ne bénéficie pas d’une image très ‘sexy’. Les gens qui ne connaissent pas pensent à la météo. Ils ne se rendent pas compte de la qualité de vie que l’on peut avoir ici. Mais c’est sûr que ce n’est pas une ville esthétique comme Rennes ou Bordeaux”, explique Anne Sophie Mévellec. Et si sa situation géographique peut attirer les passionnés d’activités nautiques, elle la dessert également. “Brest, de l’autre côté, c’est la mer. La ville est enclavée”, résume Gaëtan Querrec. Mais selon la dirigeante de Facettes Consulting les atouts ne manquent pas. “Ici, tout est simple, tout est accessible rapidement. Il faut à peu près 10 minutes pour aller partout. C’est facile de se garer. En ce qui concerne les activités, c’est très dynamique. Nous avons la chance d’avoir la mer qui ouvre la voie à beaucoup de choses.”
* Source Apec, édition 2015 de l’étude consacrée à la région Bretagne.**Chiffre provisoire, source Insee.