Tribune – Le droit à la formation est une composante du paysage d’entreprise français qui pourrait faire la force de notre économie. Pourtant, peu de cadres y ont recours lors du déroulé de leur vie professionnelle. Par Anne-Flore Maman Larraufie, Ph.D., Academic Director MS SMIB – Essec.
Les cadres sont même parfois réticents lorsqu’un collaborateur émet un souhait de formation en externe à l’entreprise, présupposant que celui-ci souhaite au choix : quitter l’entreprise, prendre sa place, s’enfuir de son lieu de travail et donc moins travailler, etc. Ainsi, c’est aux moments ‘durs’ de leur carrière que beaucoup de cadres candidatent à des programmes externes pour se former, au sein d’écoles de commerce, d’instituts d’économie politiques ou d’autres structures délivrant des titres accrédités par le CNCP. Plus spécifiquement, il y a comme un moment de panique lors des plans de licenciement ou lors de la perte d’un emploi.
Une force
C’est une erreur malheureusement, et les services des ressources humaines devraient au contraire pousser les cadres (mais pas que, tout salarié pouvant accéder à des programmes de formation le faisant évoluer) à suivre des formations extérieures à l’entreprise. En voici quelques raisons :
– Ces formations externes (dans le jargon on parle de formations “inter”) mélangent des participants d’horizons et de secteurs divers. Elles sont ainsi de formidables opportunités de réseautage pour les cadres qui peuvent identifier des synergies entre leur entreprise d’origine et celle d’un autre participant.
– À quelques exceptions près (santé, immobilier), la grande majorité de ces formations ne sont pas sectorielles, mais plutôt orientées vers une fonction ou une discipline. Or, les meilleurs idées stratégiques et opérationnelles ne se trouvent pas chez les concurrents directs, au risque d’être un suiveur et de perdre le FMA (First Mover Advantage). Ainsi ces formations permettent aux entreprises de faire de l’intelligence et d’utiliser leurs cadres en formation pour booster leur créativité et leurs capacités à innover (tous types d’innovations confondus).
– C’est un moyen de remotiver un cadre qui pourrait avoir l’impression de s’installer dans une routine de travail, mais c’est également l’occasion de faire bénéficier tout un service des connaissances acquises via les partages informels que ce cadre pourra avoir au quotidien avec ses pairs.
– C’est un moyen d’être au fait des dernières avancées en matière de connaissance disciplinaire : comportement des clients, législation internationale, big data par exemple.
– C’est ainsi un moyen de trouver comment se rénover ou se différencier de la concurrence ; de se développer à l’international ; de mieux cibler une population bizarre (les millenials par exemple) ; et ainsi de gagner des parts de marché ou de créer des nouveaux marchés.
Ainsi, former les cadres en externe apparaît non seulement comme un moyen RH important pour valoriser les collaborateurs, mais aussi comme un avantage comparatif à ne pas négliger dans un environnement économique complexe et mondialisé. Et ceux qui en bénéficieraient le plus sont probablement les structures dites agiles, plus aisées lorsque le nombre de collaborateurs est restreint, autrement dit les PME ! Nos amis transalpins l’ont bien compris, et c’est une des forces du tissu industriel italien…