Tout comme les salariés, les entrepreneurs ont été bousculés par la crise sanitaire. Cette situation inédite a pourtant, selon Bernadette Sozet, déléguée générale d’Initiative France, eu le mérite de les pousser à se réinventer.
Comment s’est passé la rentrée pour Initiative France ?
Comme dans beaucoup d’organisations, la rentrée a été mouvementée. Nous ne pouvons pas parler de reprise chez Initiative France car l’activité ne s’est pas arrêtée pendant le confinement. Nous avons connu un ralentissement des créations au mois de mars, avril et mai, mais nous avons eu du travail supplémentaire d’accompagnement des nouveaux entrepreneurs.
Justement de quelle manière avez-vous travaillé pendant le confinement ?
Tout notre réseau, soit les 214 associations locales ont pris contact avec tous les entrepreneurs. Pour 25 % des 55 000 entrepreneurs accompagnés, nous avons suspendu les échéances de prêts de plusieurs mois pour leur donner de l’air en trésorerie. Dans plusieurs régions, les pouvoirs publics sont venus nous chercher pour monter des dispositifs d’urgence. Les régions et les intercommunalités ont voulu apporter un soutien supplémentaire. Dans certaines régions, les choses sont allées très vite avec plusieurs milliers mobilisés pour le financement d’entreprises en difficultés à cause de la crise sanitaire. Nous avons pris des décisions rapides et accordés des prêts sur plusieurs fonds d’urgence.
Comment le nombre de créations d’entreprises a-t-il évolué ?
Nous réseau est implanté dans 10 régions et 12 métropoles. Aujourd’hui, le nombre de projets validés pour un financement est en hausse de 36 %. Dans ces projets, il y a une partie qui ne concernent pas des créations d’entreprises au sens strict, mais des structures auxquelles nous avons prêté des fonds pour faire face aux besoins en trésorerie en cette période de crise.
Pour autant, aujourd’hui, vous ne parlez pas de reprise…
En juin et juillet, disons que le flux d’activité est redevenu normal. Nous n’avons pas encore récupéré ce que nous avons perdu pendant le confinement, mais l’activité classique de création d’entreprises reprend. Les remontées terrain montrent sur les choses se sont accélérées en septembre et les chiffres vont certainement continuer à monter ce qui fait qu’à la fin de l’année, nous serons toujours un peu en retrait.
Dans cette période sombre sur le marché de l’emploi, la création d’entreprise séduit de nombreux Français ?
Dans une période d’augmentation du chômage, et face à un marche du travail saturé, il est vrai qu’un certain nombre de personnes osent entreprendre et lancer leur activité. Et nous restons persuadés que bien accompagnés et financés, les jeunes entrepreneurs mettent toutes les chances de leur coté pour réussir. Parmi les victimes de la crise, les jeunes sont en première ligne. Et nous sommes tous prêts à nous mobiliser pour répondre à leurs besoins et les accompagner au mieux.
Cette crise du Covid-19 a changé le regard des porteurs de projets sur leur entreprise. Ils sont nombreux à participer à une reinvention de l’entrepreneuriat à travers des projets qui s’inscriront dans des dynamiques de transition économique et digitale. Une partie d’entre eux a fait pivoter leur modèle pour proposer de nouveaux services, consommer autrement, restructurer leurs modes de production et de distribution. Les entrepreneurs vont appréhender leur business de manière plus aiguisée on est là pour les aider à aiguiser leur stratégie commerciale consolider leurs fonds propres et mieux résister à la crise. Le sens de notre mission est décuplé après une période comme celle-ci.