Si 81 % des aidants sont âgés de moins de 65 ans, et que, parmi eux, 61 % sont en activité professionnelle, il est manifeste que le rôle d’aidant peut avoir une incidence multifacette sur leur parcours au travail. Les répercussions sont diverses, allant de la perte d’efficacité au travail à une réduction de salaire découlant de congés sans solde, en passant par une distanciation avec leurs collègues, voire une certaine stigmatisation liée à leur statut d’aidant. Une étude réalisée par l’OCIRP/Viavoice révèle également que 58 % des salariés aidants estiment que leur équilibre mental et physique est impacté par cette double casquette. De plus, 39 % considèrent que leur situation entrave leur progression professionnelle. À cela s’ajoute le constat selon lequel 62 % ont déjà connu des états d’épuisement sévère, comme le souligne le Guide ministériel du proche aidant.
1° Rompre l’isolement des aidants
64 % des aidants ignorent qu’ils endossent ce rôle, le considérant comme un simple engagement envers leurs proches. Les enjeux liés au handicap, à la maladie ou à l’aidance sont souvent perçus par les collaborateurs et leurs employeurs comme relevant de la sphère privée, donc délicats à aborder dans un contexte professionnel.
Les salariés aidants aspirent à de l’accompagnement et à un renforcement de leur formation pour mieux connaître leurs droits. Ils désirent également connaître les dispositifs disponibles, ainsi que des conseils pratiques pour concilier leur vie professionnelle et leur engagement d’aidant.
Selon les données fournies par la Fondation April dans son Baromètre des Aidants de 2019, il est intéressant de noter que 31 % des aidants mentionnent que leur statut a eu un impact négatif sur leur vie sociale, leurs sorties et leurs activités de loisirs. Il devient donc impératif de trouver des solutions pour leur offrir des moments de répit pour maintenir leurs interactions sociales.
2° Favoriser l’expression des aidants en entreprise
Par pudeur ou par crainte du jugement, nombre de salariés préfèrent garder pour eux leur statut d’aidant familial. Pour instaurer un climat propice à la communication, divers mécanismes d’écoute peuvent être instaurés, offrant aux aidants la possibilité de se révéler en toute confidentialité. Une communication transparente sur ce sujet peut également faciliter l’expression des aidants.
En changeant cette vision de tabou sur l’aidance et son impact sur le parcours professionnel des collaborateurs, ces derniers parleront ouvertement en entreprise et se sentiront par ce fait moins seuls dans leur parcours. Les aidants ont un besoin de soutien émotionnel de la part de leur employeur et de leurs collègues et parler de leur situation permet de recevoir des conseils et de l’encouragement. Bref, se sentir soutenu par son environnement de travail. Le soutien de l’environnement professionnel est donc primordial pour les aidants. Pour faciliter la communication d’informations pertinentes, identifier les adaptations nécessaires, et négocier des solutions mutuellement bénéfiques, il est impératif d’en parler.
Il est impératif que les salariés aidants bénéficient, au sein de leur milieu professionnel, d’interlocuteurs clairement désignés et réceptifs. Ceci leur permettra d’exprimer et d’expliquer leur réalité sans craindre d’être jugés, stigmatisés ou soumis à des discriminations.
3° Leur apporter de la flexibilité
Clairement, les aidants ont besoin d’avoir davantage de flexibilité dans leur emploi du temps. Ils recherchent des possibilités de travailler à temps partiel, d’avoir des horaires plus souples, ou de télétravailler… Cette flexibilité comprend la possibilité de modifier leurs horaires de travail, ce qui englobe des aménagements horaires et la prise de congés intermittents.
Même après avoir organisé l’ensemble des aides et des soins de leur proche aidé, les aidants restent constamment sollicités pour diverses responsabilités, notamment la coordination entre les intervenants, la gestion des urgences, la résolution des imprévus (comme l’absence d’un professionnel), ainsi que l’accompagnement aux rendez-vous médicaux.
Hormis la dimension enrichissante de l’aidance sur le plan humain, ce rôle demeure toutefois exigeant et entraîne une charge mentale, morale et temporelle quotidienne considérable. Afin de permettre aux aidants d’être pleinement présents dans leur vie professionnelle, la condition est que les personnes aidées aient accès aux soins et à l’aide professionnels requis pour leur situation. Or, ce sont souvent les aidants qui doivent combler cette lacune au détriment de leur travail.
4° Les aider à prendre soin d’eux
Selon le ministère des Solidarités et de la Santé (Agir pour les aidants : Stratégie de mobilisation et de soutien, 2020-2022), 31 % des aidants sont enclins à négliger leur propre bien-être, et 25 % reportent des soins médicaux en raison de leur statut d’aidant. Ils sont souvent aux prises avec des symptômes tels que le stress, l’anxiété, la fatigue, les troubles du sommeil et les douleurs physiques.
Pour favoriser leur bien-être et prévenir les problèmes de santé chroniques, il serait bénéfique d’offrir une gamme variée de solutions de répit et de sensibiliser les professionnels de la santé à la détection des problèmes de santé chez les aidants familiaux. Depuis 2019, l’État s’est engagé à améliorer les solutions disponibles par le biais d’associations et de collectivités locales, dans le but de mieux accompagner les aidants familiaux au quotidien en leur offrant des services adaptés à leur situation.
5° Valoriser leurs compétences
Pour faciliter la réintégration des aidants sur le marché de l’emploi, après une période prolongée d’inactivité due à leur rôle d’accompagnement auprès d’un proche, il est essentiel de mettre en avant la reconnaissance des compétences acquises au cours de cette expérience. Coordonner l’intervention de divers professionnels à domicile, gérer le budget des interventions, et développer des compétences en communication et en gestion du stress sont autant d’aptitudes précieuses aux yeux des employeurs. Ces compétences ne sont pas uniquement recherchées dans le secteur médico-social, et il est nécessaire de les identifier et de les valoriser, une démarche déjà initiée par plusieurs entreprises.
Si de plus en plus d’entreprises prennent en compte les spécificités des aidants dans le cadre des accords, il reste encore à valoriser le rôle positif des aidants dans le collectif. Riches de leurs expériences de vie et de compétences comportementales, ils apportent des capacités de résilience nouvelles aux équipes. En fin de compte, la reconnaissance du rôle d’aidant, bénéficiera non seulement aux aidants eux-mêmes, mais également à l’ensemble de l’entreprise et de la société en favorisant une solidarité entre les acteurs et une inclusion au-delà des vulnérabilités.
Il est donc essentiel que les entreprises prennent conscience de ces différents besoins et mettent en place des politiques et des dispositifs de soutien pour leurs salariés aidants. Il en va de la santé mentale, physique et émotionnelle de ces individus, ainsi que de leur performance professionnelle. Les initiatives de sensibilisation du monde professionnel à cette situation de vulnérabilité sont essentielles. En ce sens, des labels RSE tels que le label Cap’Handéo « Entreprise engagée auprès de ses salariés aidants » peuvent aider à identifier, valoriser et récompenser les entreprises qui s’engagent dans cette démarche.
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